Hold On To: Quand la tête et le cœur dialoguent

Mia Kelly et Nick Loyer

La complicité de Mia Kelly avec A Leverage For Montain remonte à ses 16 ans, alors qu’elle avait engagé le band pour faire sa première partie, au Blacksheep Inn de Wakefield.


« On s’est très vite bien entendu, les trois garçons et moi. Une belle complicité amicale et musicale» s’est aussitôt nouée avec le trio folk rock. Et en particulier avec Nick Loyer : «on essaie de s’incorporer dans nos projets musicaux mutuels.

Hold On To, qui a le «potentiel de devenir un hymne folk à succès», croit-elle, évoque «un conflit entre le cœur et le cerveau, dans une situation amoureuse».



« C’est un peu une conversation, et c’est comme ça qu’on a écrit la chanson. Nick s’est mis dans les souliers du cœur et moi, dans ceux du cerveau. Ça fonctionne très bien, en duo. On chante le refrain ensemble, quand les deux veulent la même chose...»

C’est «drôle» de se glisser dans la tête du cerveau, parce que «je ne suis pas une fille analytique du tout; je suis vraiment très émotive et je me laisse guider par mon cœur, en règle générale.» Mais «je ne perds pas la tête non plus. J’ai un bon ballant des deux», se corrige-t-elle.

Hold On To est leur premier duo officiel, mais « on espère qu’il y en aura d’autres», glisse-t-elle en mentionnant que leurs sessions d’écriture collaborative a donné naissance à plusieurs morceaux.

À tout juste 18 ans, la musicienne (guitare et piano) vient de faire paraître son sixième single, Hold On To, un duo réalisé en collaboration avec Nick Loyer, du groupe A Leverage for Mountains.



Ce sixième morceau « officiel » n’est que le sommet d’un iceberg, Mia Kelly bombardant Internet de toutes sortes d’offrandes, chansons et vidéos, compositions originales ou reprises, depuis qu’elle a 15 ans.

Cardboard Box, paru en 2019, a atteint, le mois dernier, le très respectable seuil des « 100 000 écoutes » en streaming. Et les chiffres grimpent de plus en plus vite.

Le EP <em>Cardboard Box</em>

« Je n’en croyais pas mes yeux. Je ne regarde pas trop les chiffres, d’habitude ; c’est un ami qui m’a envoyé une capture d’écran pour me prévenir : j’étais à 96 000 visionnements. Cette semaine-là a été vraiment excitante, on [observait] les chiffres monter, et on voyait la provenance des gens qui m’écoutent : Amsterdam, les Philippines, etc. Bien sûr, la majorité vient encore d’Ottawa-Gatineau, Wakefield ou Montréal », mais le cercle des initiés s’élargit tranquillement, a-t-elle pu constater.

Dire que la jeune chanteuse stresse à l’idée de remonter sur les planches ne saurait être plus éloigné de la vérité. Elle a très hâte de revoir le public.

« Je fais la première partie du gros spectacle qui va terminer la soirée (celui de marc Dupré et de ses invités, NDLR) ! C’est le rêve ! Être sur la scène où Cœur de pirate va jouer juste avant moi, ça aussi c’est vraiment excitant ! »

« Enregistrer. Écrire. Voyager. »

Après une année et demie passée derrière un écran, loin du monde, ça se comprend.



« J’avais une tournée de 17 spectacles prévue au printemps 2020 ; tout est tombé à l’eau, avec la pandémie. Mon Cégep aussi s’est retrouvé en ligne, et tout mon univers social et professionnel s’est effrité », reconnaît-elle sans ambages.

Comme beaucoup de ses confrères et consœurs musicien.nes, « on s’est adapté avec le livestream, mais ça ne remplace vraiment pas le contact avec le public ».

Mia Kelly s’est laissé convaincre de faire une poignée de concerts virtuels, dont un dans la grande salle Odyssée, évidemment « vide, sauf pour une dizaine de cameramen, et un énorme écran où je voyais les défiler les commentaires » des spectateurs invisibles.

« J’ai appris à interagir avec le public en ligne, mais j’ai trouvé ça difficile. On voit la fin du tunnel, je crois. Je touche du bois », ajoute-t-elle.

Mia Kelly sera sur la grande scène du FMG, le 4 septembre.

Mais la musicienne n’est pas du genre à se laisser abattre : quand son plan A ne fonctionne pas, elle sort les plans B, C ou D, en conservant la même joie de vivre. « L’inquiétude ? », s’étonne-t-elle au bout du fil... très peu pour elle ! « Si je n’ai pas d’opportunité de travail, j’ai toujours d’autres options. Enregistrer. Écrire. Voyager. »

Elle est d’ailleurs présentement à l’autre bout du pays, s’étant dépêchée de filer à l’île de Vancouver presque aussitôt que les restrictions sanitaires furent levées. Là-bas, elle gratouille les cordes de sa guitalélé et les pages de son carnet de chansons, « inspirée » par les gens et les paysages, tout en taquinant les vagues sur sa planche de surf.

« Je voyage léger : mon surf, mon sac à dos, ma mini-guitare et c’est tout. [...] On m’a déjà dit plusieurs fois, que j’étais une sorte de Jack Johnson en version féminine. Je prends ça comme un gros compliment ! »

Car le projet de vie de Mia Kelly ne se limite pas à sa carrière, ni au nombre de copies qu’elle pourrait écouler. « Idéalement, j’ai l’ambition de vivre de sa musique, non pas de devenir la prochaine Billie Eilish, mais simplement pouvoir partager mes expériences avec public à travers le monde. Juste une carrière qui me soutient [financièrement] — et qui m’amuse, surtout — pendant une couple de décennies, ce serait le rêve », lance l’artiste, qui pour l’instant préfère pour l’instant garder son indépendance des étiquettes de disques.

« Je suis capable de tout gérer moi-même pour l’instant. Et j’aime être en charge de tous mes trucs, les dates de spectacles, les entrevues, l’enregistrement. » Son père, Randy Kelly, réalisateur – travailleur autonome, lui aussi – signe la plupart des vidéoclips de Mia Kelly, une artiste qui, en dépit du titre de son album, n’est pas du genre à se laisser enfermer dans une boîte en carton.