Des citoyens de Chelsea achètent une forêt

Carolyn R. Farquhar et Lyne Daigle, les deux instigatrices du projet d’achat d’une forêt de 57 acres à Chelsea.

Un groupe de citoyens de Chelsea, en Outaouais, a réussi à amasser un montant de près de 900 000 $ en très peu de temps pour protéger et préserver une forêt de 57 acres en évitant le développement d’un important projet immobilier.


En août dernier, le bruit court qu’un possible développement résidentiel pourrait menacer la qualité de vie des résidents et les écosystèmes de la forêt fréquentés par plusieurs résidents du quartier.

« Le terrain a été mis en vente après 30 ans et les gens s’y rendent régulièrement, laisse tomber Carolyn R. Farquhar coresponsable du projet. On se disait que ça allait perturber notre vie si c’était vendu. On s’est demandé si on pouvait amasser l’argent pour acheter le terrain. »

Ce boisé a depuis été nommé la Forêt aux étangs par la communauté.

Rapidement, des dizaines de personnes démontrent leur intérêt et leur volonté à conserver cet espace vert. En l’espace de quelques jours, la mobilisation citoyenne ne cesse de prendre de l’ampleur. Au total, 185 foyers de Chelsea ont contribué financièrement à l’achat du terrain.

« Au fur et à mesure que le projet avançait, le nombre de gens augmentait très rapidement, mentionne de son côté Lyne Daigle, coresponsable du projet. On a commencé à faire des dépliants pour expliquer le projet et faire des rencontres par Zoom. […] Il y avait le désir de garder les sentiers, la qualité de vie et l’environnement. À cause de la pandémie, beaucoup de gens marchaient tous les jours. C’était devenu quelque chose d’important pour leur qualité de vie. Ils ont réalisé que ce genre de boisé près de chez eux, c’est très précieux.»

Accompagnés par l’organisme Action Chelsea pour le respect de l’environnement (ACRE), pour la gestion de la vente et de la forêt, la transaction de 850 000 $ été effectuée le 15 mars dernier. Le regroupement de citoyens a également bénéficié d’un montant de 20 000 $ de la part de la municipalité de Chelsea. Cet argent, qui provient d’un programme de fonds vert, a servi à payer les taxes municipales de la première année et les frais de notaire. ACRE agi aussi à titre de fiducie foncière.

« Ça s’est passé très rapidement, se souvient Carolyn R. Farquhar. Tout ça a commencé à la fin du mois d’août et ça s’est terminé en mars. »

Plus on parlait aux gens, plus on voyait l’excitation dans leurs yeux. Je crois qu’à un certain point, les gens étaient tellement impliqués et motivés que ça créé un nouvel élan pour y arriver.

Remplie d’une immense fierté, Lyne Daigle admet ne pas toujours réaliser l’ampleur de leur accomplissement. Elle aimerait d’ailleurs que leur implication citoyenne inspire d’autres groupes à protéger des milieux naturels partout en province.

« Chaque petit bout de forêt ou de milieu qu’on peut réussir à garder dans les villes ou autour, c’est super important », croit l’ingénieur civile à la retraite.

Ce boisé a depuis été nommé la Forêt aux étangs par la communauté. Les citoyens poursuivent leur implication régulièrement, notamment avec l’aménagement des sentiers et la construction de passerelles.

« Le but aussi est d’en faire un terrain pour conservation perpétuelle, ajoute Lyne Daigle. Quand on l’a présenté à la communauté, on a dit qu’on allait appliquer au gouvernement du Québec pour que ça devienne officiellement une aire protégée. »

De son côté, Carolyn R. Farquhar, qui est aussi présidente du Fonds canadien de préservation des guépards, se dit surprise par le nombre d’appels reçus depuis le mois de mars de gens qui souhaitent s’inspirer du collectif de Chelsea pour préserver des boisés près de chez eux.

« On croit que les gouvernements vont agir et on se dit qu’on n’a pas le pouvoir de changer les choses. Des gens à travers le Canada, aussi passionnés que nous, tentent de faire la même chose. C’est très difficile parce que je ne sais pas si notre société accorde suffisamment de valeur à tout ça. Ce boisé sera là pour toujours, c’est un héritage. »