L’entreprise de Gatineau, qui se spécialise dans la photométrie, a développé une nouvelle division robotique, Cobotraas, afin de répondre aux besoins criants de personnel dans plusieurs secteurs économiques.
« On a regardé les secteurs où il y a des manques criants de main-d’œuvre, où c’est des jobs difficiles à faire et répétitives, précise M. Lavoie. L’industrie agroalimentaire est l’un des marchés, mais on parle aussi de l’industrie du bois et d’autres domaines industriels. »
Le secteur bioalimentaire occupe une place essentielle dans l’économie québécoise avec 532 700 travailleurs issus de cette l’industrie en 2019. Selon le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ), ce nombre de travailleurs représentait 12 % des emplois dans la province. En Outaouais seulement, les recettes provenant du marché agricole étaient de 117 millions $ en 2020, toujours selon des chiffres du MAPAQ. Le lait (24%), les bovins et veaux (16%), les céréales et oléagineux (15%), les légumes (6 %) et les pommes de terre (5%) sont les principales productions du marché agricole de la région.
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Sans vouloir éliminer des emplois, M. Lavoie soutient que les conditions souvent difficiles pour les travailleurs agricoles, comme la chaleur et les longues heures travaillées dans les champs, peuvent être atténuées avec le travail du robot collaboratif, notamment pour optimiser le temps de travail.
« Il y a des jobs comme ça qui sont difficiles à accomplir. On ne veut pas enlever de job à personne, mais créer les jobs de demain. […] Dans notre modèle d’affaires, tu n’achètes pas le robot, mais tu engages le robot. C’est des contrats de service dans lesquels on inclut l’intégration, la programmation et la personnalisation.»
La robotique collaborative se caractérise par son interaction avec les travailleurs dans les différentes étapes de production, et ce, de façon sécuritaire, assure M. Lavoie. En plus d’accomplir une tâche plus valorisante et intéressante, la présence de l’employé n’est plus requise en permanence.
La personne peut être requalifiée et en charge de la robotique. Elle peut surveiller l’opération de ces robots et le travail répétitif, elle ne le fait plus. Elle aura une job plus gratifiante. […] Elle peut être mise sur des tâches de gestion ou de contrôle de qualité. »
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Automatiser pour contrer le manque de main-d’œuvre
Cueillir des légumes, faire la coupe de bois, peinturer, souder, manipuler la marchandise, l’empaquetage, vérifier et contrôler la qualité ; les tâches qu’un robot collaboratif peut effectuer sont multiples, selon M. Lavoie.
« Ça dépend de l’outil qu’on attachera sur la robotique, poursuit-il. Il y a même en Angleterre, une chaîne de fast food qui a développé un bras robotique pour s’occuper de la friteuse et tourner les burgers. »
Pour le propriétaire des Serres de Gatineau, Patrick Guay, l’avenir de l’agriculture passe par la collaboration et les avancées technologiques. À ses yeux, l’intégration de l’intelligence artificielle et de la robotique collaborative est prometteuse et essentielle pour l’industrie agricole.
« L’avenir de l’agriculture avec les changements climatiques va passer par l’agriculture en climat contrôlé, avance-t-il. Tous les projets pour moi qui permettent de générer moins de gaz à effet de serre, d’utiliser moins d’énergie, c’est l’avenir. Il faut développer de nouvelles technologies. »
Le principal défi à surmonter pour ce secteur demeure toutefois le manque d’employés, surtout ceux de la région, souligne M. Guay.
« Selon mon expérience, je ne crois pas qu’on sera capable de régler cette pénurie de main-d’œuvre à l’interne. Je ne pense pas que ces jobs-là vont pouvoir être prises par des Québécois à court ou moyen terme. Ce sont des jobs dont le salaire n’est pas super intéressant. Dans la région de Gatineau, je fais compétition avec le gouvernement fédéral et l’industrie touristique. »
Trouver de la main-d’œuvre québécoise ayant la capacité de travailler dans les champs sous le soleil brûlant pendant plusieurs heures semble ardu. Il serait d’ailleurs plus rentable en temps et en production d’engager des travailleurs agricoles étrangers, mentionne M. Guay.
« Les Guatémaltèques sont des cultivateurs professionnels. Eux, ils vont entrer ici, vont faire leurs 12 heures et vont faire un rendement X. Tandis que si je prends des Québécois et que je décide de les former en date d’aujourd’hui, ils vont faire 25 % de ça. Je ne peux pas rentabiliser et ça va prendre des années à les former. Et dans deux ou trois ans, ces personnes vont s’être trouvé une autre job. »