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Plusieurs de ses collègues infirmières ont quitté l’urgence de Gatineau, au cours des dernières semaines, écoeurées par les heures supplémentaires obligatoires à répétition et les épuisantes journées de 16 heures d’affilée.

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Ces départs ont précipité l’Outaouais dans une crise des urgences comme on n’en pas vu depuis 20 ans, forçant la fermeture partielle de la plus grosse urgence de la région. Au point où des voix s’élèvent pour appeler l’armée canadienne et la Croix-Rouge en renfort…

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Voici donc Alexandra Moniz qui arrive de son quart de travail quand ma collègue Justine Mercier l’aborde.

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«Pis, le moral?

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— Ah, au niveau du moral des troupes, c’est assez bas, admet-elle. La surcharge de travail, les demandes pour faire du temps supplémentaire, ça devient pesant…

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— C’est si pire que ça?

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— À tous les jours, à tous les quarts de travail, on est sollicités pour faire des heures sup. Quand l’urgence est pleine, on se demande si on va pouvoir quitter à la fin de notre quart de travail.

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— Et la menace de vous imposer des heures supplémentaires obligatoires, elle est bien réelle? D’ailleurs, comment réagissez-vous quand on vous dit que vous allez être obligée de rester pour un quart de plus alors que vous êtes déjà à bout?

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— Quand on nous dit? Quand on nous l’annonce plutôt. C’est sûr que les gestionnaires chercheront (avant) à savoir si on veut faire des heures supplémentaires ou des échanges de quarts de travail dans la même journée. Et c’est sûr qu’on en fait.»

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Une pause.

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«Vous savez, on était là avant la COVID, pendant la COVID, et on est encore là parce qu’on aime l’urgence. C’est juste qu’à un moment donné, on a besoin de nos journées de repos! Des congés, des vacances, ce ne devrait pas être un privilège.

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— N’empêche, a insisté ma collègue.

","type":"paragraph","contents":[],"photos":[]},{"caption":"Équité Outaouais manifestait sur le parterre de l’hôpital de Gatineau, jeudi matin.","contentType":"image","credits":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand","position":12,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Fe39b1f00-688a-4bd0-9611-060b52477d04.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","contents":[],"photos":[]},{"position":13,"text":"

Plusieurs de vos collègues ont quitté vers des cieux plus cléments. Et vous, vous êtes toujours là. Pourquoi restez-vous?

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Et sa réponse de tomber, merveilleuse de spontanéité et de vérité:

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— Parce que j’adore ça, tiens!»

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***

Et c’est ce que j’ai senti dans les propos de toutes les infirmières de l’urgence à qui j’ai pu parler jeudi devant l’hôpital de Gatineau.

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Ces femmes-là ont choisi l’urgence pour les montées d’adrénaline, l’imprévu, les expériences diversifiées que cela leur procure.

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Elles sont les soldates de première ligne.

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Elles sont là d’abord par choix, j’allais dire par vocation, parce qu’elles aiment leur métier et qu’elles en redemandent.

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Mais j’ai l’impression que l’abus des heures supplémentaires obligatoires, le TSO dans leur jargon, tue tout cela lentement, mais sûrement.

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Il leur enlève le choix.

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Au lieu de faire appel à leur dévouement, à leur passion, le TSO les réduit à une sorte d’esclavage rémunéré qui les déshumanise et les déconsidère.

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«Même si ce n’est pas moi qui suis obligée de rester, je n’aime pas voir ma collègue devoir rester parce que je sais qu’elle est aussi épuisée que moi», m’a raconté Jessica, une infirmière qui travaille depuis sept ans à l’urgence de Gatineau.

","type":"paragraph","contents":[],"photos":[]},{"caption":" Jessica, une infirmière qui travaille depuis sept ans à l’urgence de Gatineau.","contentType":"image","credits":"Le Droit, Simon Séguin-Bertrand","position":24,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Ffd450c22-d3b0-4a7c-ae10-b09533da67be.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","contents":[],"photos":[]},{"position":25,"text":"

Peut-être que le recours aux heures supplémentaires obligatoires, de même que les arrêtés ministériels pour forcer tout le monde à en faire davantage en temps de COVID représentent une triste nécessité dans les circonstances. Tout le monde s’arrache les cheveux ces jours-ci, et pas seulement en Outaouais, pour solutionner la pénurie de personnel soignant au Québec. Le Centre intégré de santé et des services sociaux de l’Outaouais ne peut tout de même pas laisser les urgences à découvert, ce serait la catastrophe.

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Reste qu’à force de presser le citron des infirmières, on en train d’éteindre le feu sacré qui fait rouler nos urgences. «J’espère qu’on va trouver une solution pour que travailler à l’urgence redevienne aussi glorieux, dit Alexandra Moniz. C’est merveilleux, cet endroit de travail. Celles qui sont parties, ce n’est pas qu’elles n’aiment pas l’urgence. C’est que l’ensemble rend le travail difficile…»

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Je n’ai pas plus de solutions que les autres à la crise des urgences. Seulement le sentiment qu’il faut prendre grand soin des Alexandra, Jessica, et bien d’autres, qui ont encore le feu sacré pour le travail à l’urgence.

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