Tenons-nous-en au programme, dit Ford, ne s’en tenant pas au programme

Le premier ministre ontarien Doug Ford

Le premier ministre ontarien Doug Ford a demandé à la population de patienter plus longtemps et de s’en «tenir au programme» en annonçant la fermeture des écoles jusqu’en septembre, mercredi. Du même souffle, il a ensuite déclaré que la province pourrait débuter son déconfinement plus tôt que prévu, ne s’en tenant donc pas au programme.


Le gouvernement ontarien prévoyait que la province entamerait la première étape du plan de déconfinement, permettant l’ouverture partielle des terrasses et de commerces non essentiels, le 14 juin. 

En conférence de presse mercredi, Doug Ford a déclaré être «prudemment optimiste» que cette première étape pourrait être mise en place avant le 14 juin, et qu’il n’attend que le feu vert de la santé publique.

«Tenons-nous-en au programme», venait-il tout juste de lancer en annonçant que les écoles ne rouvriront pas d’ici la fin de l’année scolaire.

Vives réactions

«Je suis submergé par la tristesse de tout cela. On a l’impression que nous, les adultes, avons laissé tomber nos enfants», a déploré le PDG du Centre hospitalier pour enfants de l’est de l’Ontario (CHEO), Alex Munter, sur Twitter, se désolant du fait que les restaurants pourront bientôt ouvrir leurs terrasses, mais pas les écoles. 

Alex Munter, PDG du Centre hospitalier pour enfants de l’est de l’Ontario (CHEO)

«Le gouvernement a pris la peine de soi-disant nous consulter, et il y avait un consensus pour une réouverture sur une base régionale, mais il a quand même choisi d’aller contre ce consensus», a affirmé la présidente de l’Association des enseignantes et des enseignants franco-ontariens (AEFO), Anne Vinet-Roy.

À ses dires, il est clair que le premier ministre «a priorisé l’économie plutôt que la santé mentale des élèves, des parents et du personnel scolaire». 

«Un jeu politique»

Au bout du compte, la lettre que Doug Ford a envoyée à une panoplie d’experts de la santé publique et de l’enseignement, où il leur demandait leur avis sur la possible réouverture des écoles, a représenté «un jeu très, très politique», croit Anne Vinet-Roy.

Le président de l’Association des conseils scolaires des écoles publiques de l’Ontario (ACÉPO), Denis Chartrand, aussi président du Conseil des écoles publiques de l’Est de l’Ontario (CEPEO), s’est lui aussi dit très déçu. «Si la situation sanitaire le permettait, on aurait beaucoup aimé la réouverture des écoles, parce que l’école en présentiel, c’est le meilleur  modèle pour les jeunes.»

Lui aussi souligne qu’il espérait une approche régionale de l’ouverture des écoles. 

«Après avoir passé plus d’un an à refuser d’investir de manière adéquate dans les protections et les mesures de sécurité nécessaires pour maintenir les écoles publiques ouvertes en toute sécurité, le gouvernement Ford a annoncé la poursuite des fermetures, malgré le consensus des acteurs du domaine de la santé selon lequel les élèves doivent retourner à l’apprentissage en personne», a déclaré la Fédération des enseignantes et des enseignants de l’élémentaire de l’Ontario (FEEO), dans un communiqué. 

La cheffe du NPD de l’Ontario, Andrea Horwath

«Le résultat de ses choix»

«L’Ontario est la seule province canadienne où les écoles sont encore fermées. C’est la faute de Doug Ford. C’est le résultat de ses choix», a lancé la cheffe du NPD de l’Ontario, Andrea Horwath. 

Cette dernière juge que le gouvernement a failli à sa tâche de veiller sur la santé mentale des enfants.

«Si les écoles et les enfants avaient été la priorité de ce gouvernement, tous les travailleurs de l’éducation seraient vaccinés, les écoles auraient le personnel et les ressources supplémentaires nécessaires, le traçage des cas et les tests nous auraient donné de meilleures données. Ces conditions ne sont pas en place», a noté l’ex-première ministre de l’Ontario, Kathleen Wynne.

Mais il n’y a pas que des réactions négatives.

L’Association des infirmières et infirmiers autorisés de l’Ontario appuie la décision du gouvernement Ford. «Nous comprenons totalement l’importance de l’école pour la santé mentale et le développement académique des élèves. Toutefois, le risque d’une quatrième vague est trop élevé», juge l’organisme.