Le musicien et compositeur a lancé vendredi son premier album solo justement intitulé Le Temps. Un album de 14 titres qui a « mis le temps à voir le jour ».

« Ce fut un long processus qui s’est inscrit dans le cheminement de ma carrière, raconte le musicien. En fait, j’ai mis trois ans à finaliser le projet. Non pas que je sois paresseux, mais seulement parce que je n’arrivais pas à trouver le bon timing. Mais aujourd’hui, le temps est venu. Il fallait que je lâche prise et que je laisse partir toute cette musique. »

Malgré tout, Marc Papillon a déjà lancé trois extraits de ce disque qui est disponible seulement en version numérique. À la suite de nombreuses démarches infructueuses auprès de différentes maisons de disque, Papillon a décidé d’autoproduire son album et d’en gérer lui-même la distribution.

« On aurait dit que rien ne se mettait en place alors, j’ai décidé de lancer l’album moi-même », confie-t-il. 

Impro et laisser-aller

C’est dans l’improvisation que Papillon a réussi à mettre toutes ses idées en place. Installé dans son studio maison, il saisit chaque idée, chaque mélodie, pour ensuite les enregistrer sans ordre précis.

« Je me suis mis à l’écoute de mon inspiration, dit-il. Chaque idée qui passe me donne l’occasion de me mettre au piano et de travailler sur un nouveau filon. Au fil des jours, tout ça se met en place. Par exemple, la pièce Le Temps, c’est elle qui a donné le son à l’album. La Valse du papillon est aussi une pièce qui a teinté ce projet. Ce sont d’ailleurs ces deux titres que j’ai composés en premier. »

Possédant une solide formation en musique classique et en jazz, Marc Papillon a d’abord posé ses doigts sur les touches d’un piano et les cordes d’un violon.

C’est d’ailleurs le piano qui mène la danse dans Le Temps. On sent également une certaine influence de rock progressif acquise dans ses années collégiales où il avait fondé un groupe de ce genre musical.

« Pendant mes études en guitare au cégep St-Laurent, j’ai trempé dans le progressif et le jazz, raconte-t-il. J’en avais un peu marre de la musique classique et, à la fin du secondaire, j’avais déjà entrepris d’apprendre la guitare. C’est ce qui m’a amené à St-Laurent. Ce fut très formateur, plus même que mes études à l’Université de Montréal. »

Je me suis mis à l’écoute de mon inspiration. Chaque idée qui passe me donne l’occasion de me mettre au piano et de travailler sur un nouveau filon

Histoire d’un soir…

En plus d’être un musicien accompagnateur de plusieurs artistes, on le connaît également pour avoir été le complice d’Eli Rose avec le duo Eli et Papillon, dont il a composé les deux albums du duo. 

Il a travaillé avec de nombreux artistes en tournée soit Isabelle Boulay, Cœur de pirate, Marie Denise Pelletier, Gregory Charles, Catherine Durand, Jipé Dalpé, Maryse Letarte, Michaël, Élage Diouf, Caracol et Gaële. 

Aujourd’hui, il fait partie de la tournée Pour une histoire d’un soir avec Marie Denise Pelletier, Marie Carmen et Joe Bocan. 

« C’est une merveilleuse aventure que cette tournée avec ces grandes chanteuses, confie-t-il. Mais, je rêvais depuis très longtemps de faire un album solo de musique instrumentale et c’est dans cette dernière année de pandémie que j’ai eu le temps de le finaliser. »

L’album vacille entre de nombreuses influences classiques, électro et pop. Ce tourbillon électronique-néoclassique-orchestral est, dit-il, « rempli de sentiments, de quiétude et d’émotions » 

Marc Papillon a réalisé, joué tous les instruments et fait la programmation dans son studio maison. 

« C’est un authentique album solo, lance-t-il avec beaucoup de fierté. Je me suis inspiré notamment de grands noms tels que Ólafur Arnalds, Nils Frahm, Kiasmos, Chilly Gonzales et Bonobo. Mais, en fin de compte, ce sont les jalons de mon parcours de musicien que j’ai posés sur ce disque. »

...et d’autres jours

Chacune des pièces s’inscrit dans une démarche qui, mise ensemble, trace la ligne directrice de ce projet.

Offrir un album instrumental n’est pas chose courante, surtout avec des pièces qui, parfois, peuvent durer plus de sept minutes. Mais, le compositeur ne s’en formalise pas trop. Il préfère laisser le public juger et, en se basant sur le succès remporté par la pianiste Alexandra Stréliski, il y voit une avenue intéressante.

« J’avais des choses à dire en musique et souvent, il est impossible de le faire en trois minutes ou même avec des mots, insiste-t-il. La pièce Hanzo, par exemple, est le résultat d’une impro que j’ai fait sur un piano de rue où, au moment d’y jouer, des gens se sont assis près de moi pour m’écouter. Alors, il faut prendre le temps faire passer les émotions, sans se soucier des conventions et des contraintes du marché. À voir des artistes comme Alexandra Stréliski offrir une musique sans compromis, je suis optimiste. »

C’est aussi dans un souci bien avoué de s’éloigner de la théorie et d’un encadrement strict que Papillon a composé cet album.

« Je ne voulais pas trop penser. Seulement me laisser guider par l’instant présent, ajoute-t-il. Laisser la théorie loin derrière pour simplement jouer. Improviser sur des idées qui passent et qui s’arrêtent l’instant d’un moment. »

La suite

Marc Papillon prépare déjà la suite de Le Temps. Il a plusieurs pièces prêtes à être enregistrées.

« Pour moi, Le Temps est déjà derrière moi. Il était seulement très important que cet album soit lancé et que cette musique vive d’elle-même, conclut-il. Maintenant, je suis ailleurs. J’ai plusieurs pièces qui sont prêtes à être gravées. Et je ne prendrai sûrement pas trois autres années avant de voir la suite. »