Aujourd’hui, on pourrait toujours nommer le pont Alexandra le « pont qui pète ». Non pas pour le bruit lorsqu’on y roule, mais bien parce que ce pont est en train de « péter » de tous bords, tous côtés. Ce pont vieux de 120 ans est si décrépit que le gouvernement fédéral compte le détruire d’ici cinq ou dix ans pour en construire un nouveau, au même endroit.
Je sais que je ne vous apprends rien ce matin. Notre collègue Mathieu Bélanger a sorti le scoop sur la démolition du pont Alexandra en mars 2019.
Mais y a de ces nouvelles qui sont parfois si « grosses » et si surprenantes qu’on les accueille d’un air incrédule et d’un « ben voyons donc !? ». Comme si le fédéral allait démolir l’un des plus beaux ponts au pays. Ben voyons donc !? Comme si le fédéral allait détruite un pont qui relie le Québec et l’Ontario. Ben voyons donc !? Comme si on allait faire fi de 120 ans d’histoire et du patrimoine architectural de la capitale. Ben voyons donc !?
Puis quand on s’arrête aux détails de cette nouvelle, on apprend que le gouvernement canadien compte démolir le pont Alexandra dans cinq ou dix ans. Le sarcasme prend alors le dessus et on se dit que « cinq ou dix ans » dans le jargon de fonctionnaires se traduit par 15 ou 20 ans.
Et quand on apprend de plus que la Commission de la capitale nationale (CCN) aura son mot à dire dans ce projet, alors là on ajoute des décennies ! Si la CCN se met le nez là-dedans, ce pont sera encore debout au 200e anniversaire de la Confédération, en 2067 ! Soit la même année où les premières ententes seront signées pour le développement des plaines LeBreton…
J’suis méchant, je le sais. Mais je suis convaincu que je ne suis pas le seul qui a accueilli cette nouvelle sur la démolition du pont Alexandra d’un « on ne verra pas ça de notre vivant ».
Sauf que, sarcasme et blagues à part, la démolition de ce pont fait bel et bien partie des plans du fédéral. Le scoop de l’ami Bélanger était bien réel. Le « pont qui pète » pourrait disparaître dans moins de dix ans. Et ce serait bien dommage, car ce pont (construit à Vanier par la Dominion Bridge, soit dit en passant) est d’une valeur patrimoniale inestimable et un joyau de la grande région de la capitale fédérale.
Il y a toutefois espoir de le sauver. Un regroupement de citoyens qui s’oppose à sa démolition a formé il y a quelques semaines la Coalition pour le pont Alexandra. Cette coalition propose que le pont soit conservé pour sa valeur patrimoniale et converti en infrastructure de transport vert.
Excellente idée. J’appuie cette coalition. Il y a sûrement moyen de prolonger la vie de ce pont et d’en faire un passage pour piétons, cyclistes et, peut-être un jour, un tramway. Y a toujours moyen de moyenner.
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Ça me ramène à une chronique que j’ai écrite en juillet 2017 A.C. (Avant COVID). Ottawa et Gatineau célébraient le 150e de la Confédération canadienne. La région bouillonnait d’activités. Les Mosaïcultures dans le parc Jacques-Cartier connaissaient un succès monstre. Le marché By était bondé de gens du matin au soir. On venait de tenir un pique-nique sur le pont Alexandra auquel dignitaires, élus régionaux et Monsieur et Madame Tout-le-Monde s’étaient donné rendez-vous. La Machine allait bientôt émerveiller grands et petits. La capitale était en feu à l’été 2017 A.C.
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Ce lundi matin là, j’ai décidé de jouer au touriste et d’en faire mon papier pour notre édition du lendemain. J’ai quitté nos anciens bureaux du marché By, j’ai traversé le pont Alexandra à pied pour aller visiter les Mosaïcultures, puis je revenu flâner dans le marché comme un touriste qui a tout son temps.
Je termine avec un extrait de cette chronique intitulée « La Traversée » et datée du 3 juillet 2017 A.C. :
« Ce que je retiens surtout de ces deux heures “touristiques”, c’est la marche sur le pont Alexandra, une simple marche d’une dizaine de minutes tout au plus.
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« Si j’étais de l’extérieur de la région et que je rentrais chez moi pour relater à mes proches ce que j’ai vu durant mon séjour à Ottawa et Gatineau, je leur raconterais probablement quelque chose comme suit :
« “Il y a ce pont. Ce magnifique pont de métal qui lie le Québec et l’Ontario et qui enjambe la rivière des Outaouais, avec une promenade en bois pour les piétons et les cyclistes. De ce pont, vous pouvez voir et prendre en photo le parlement canadien, la Cour suprême du Canada, le château Laurier, le Musée canadien de l’histoire, le Musée des beaux-arts, les écluses du canal Rideau et les Mosaïcultures. Des bateaux et des pontons font le va-et-vient sous nos pieds. C’est époustouflant comme marche. Le pont Alexandra est un attrait touristique en soi.” »
Puis je terminais cette chronique en invitant les résidents d’ici, mais surtout les touristes à emprunter le pont Alexandra à la marche « pour voir ce qui nous unit. Pour voir ce qui nous rassemble. Pour voir ce qu’on a de plus beau à offrir des deux côtés de la rivière. »
« On devrait tenir un pique-nique sur ce pont tous les jours. »