Gatineau veut favoriser la plantation d’arbres et limiter l’abattage

Augmenter le nombre d’arbres sur les terrains privés, exiger des documents supplémentaires pour justifier un abattage et hausser le tarif du permis d’abattage comme moyen dissuasif. Voici des mesures proposées par la Ville de Gatineau mardi lors d’une consultation publique sur les arbres et le couvert forestier.

Augmenter le nombre d’arbres sur les terrains privés, exiger des documents supplémentaires pour justifier un abattage et hausser le tarif du permis d’abattage comme moyen dissuasif. Voici des mesures proposées par la Ville de Gatineau mardi lors d’une consultation publique sur les arbres et le couvert forestier.


Diversifier les espèces plantées, préciser la localisation des arbres plantés afin qu’ils aient suffisamment de place à maturité, limiter les zones où l’abattage d’arbres est permis pour la construction et exiger que tout arbre présent sur un terrain soit conservé et entretenu de façon à prolonger sa durée de vie. Voici les autres propositions de la Ville de Gatineau.

Elles visent à favoriser la plantation d’arbres sur le territoire gatinois et ainsi augmenter la canopée. Il est alors proposé dans les modifications règlementaires qu’un terrain résidentiel ait au moins un arbre par 400 m2 de superficie de terrain. Présentement, le règlement en vigueur est d’un arbre par 550 m2. Il est aussi proposé d’augmenter à un minimum de deux arbres en cour avant et un arbre en cour arrière. Un seul arbre serait toutefois exigé en cour avant si celle-ci a une superficie de moins de 100 m2, excluant les servitudes et l’emprise publique. À noter qu’il est proposé que si la cour avant a une largeur inférieure à 10 m ou une profondeur inférieure à 4,5 m, les arbres exigés peuvent être remplacés par des arbustes.

D’autre part, concernant l’objectif de limiter l’abattage des arbres existants et assurer leur protection, il est proposé dans les modifications règlementaires de les baliser plus clairement. L’abattage serait toujours autorisé lorsque requis pour la construction ou l’aménagement d’un ouvrage.

Ces propositions font suite à un processus de consultation publique tenu par la Ville de Gatineau en 2020 qui concernait les travaux de concordance au Schéma d’aménagement et de développement. «La bonification des mesures réglementaires visant la protection et la mise en valeur des arbres et des boisés a alors été identifiée comme une priorité», écrit la Ville par voie de communiqué.

Pourquoi protéger les arbres ?

Invité à faire une allocution sur la foresterie urbaine, Jérôme Dupras, professeur au Département des sciences naturelles de l’Université du Québec en Outaouais (UQO), a fait la promotion des avantages écologiques et économiques de la présence d’arbres sur un territoire.

Il a parlé de la régulation du climat qu’offre la canopée des arbres pour la lutte aux îlots de chaleur, du contrôle des eaux de ruissellement par les racines des arbres, mais aussi du potentiel récréatif des forêts urbaines «où l’on aime faire du vélo, se balader, regarder la nature, voir des amis et de la famille». À son avis, ce sont tous des faits qui mènent à des bénéfices économiques et des bénéfices de santé mentale et de santé cardiorespiratoire.

Lorsqu’on pense à nos arbres, lorsqu’on pense aux forêts urbaines, c’est ça qu’on devrait voir. Non seulement un bel arbre, mais un ensemble de bénéfices qu’on en retire

Au sujet de la valeur économique des arbres pour une ville, M. Dupras a cité le résultat de l’une des analyses réalisées dans son laboratoire de l’UQO à propos des arbres publics de la Ville de Montréal et de leurs bienfaits.

«Lorsque l’on considère l’évitement des eaux de ruissellement qui empêche des surverses d’égouts, le stockage du carbone, l’amélioration de la qualité de l’air et ses effets sur la santé cardiorespiratoire, la diminution des coûts de climatisation en été et de chauffage en hiver. Chaque année ces arbres-là apportent à la Ville une contribution de plus de 4,3 millions de dollars», a-t-il expliqué.

«L’élément important à retenir au-delà de ces gros chiffres, c’est qu’à chaque fois qu’on met un dollar dans la forêt urbaine, on en retire entre deux et treize en termes de services publics. Un arbre ne devrait pas être vu comme un coût, mais comme une opportunité économique de rendre des services aux citoyens.»

Selon le professeur au Département des sciences naturelles de l’UQO, on devrait réfléchir les arbres et les forêts comme des infrastructures qui rendent des services publics.

Droit de parole par clavardage

Aucune intervention orale n’était permise de la part des citoyens lors de cette consultation publique, le droit de parole était donné sous forme d’échange par clavardage. Une cinquantaine de citoyens ont d’ailleurs utilisé ce système de communication pour poser leurs questions ou émettre leurs commentaires. Ceux qui aimeraient aussi exprimer leurs préoccupations ou leur opinion, sachez qu’il est possible de le faire en ligne jusqu’au 13 juin sur le site www.gatineau.ca