Intitulée Infatigable guerrière, cette chanson est interprétée par Cécile Doo-Kingué (qui l'a aussi écrite et composée). La guitariste y est accompagnée de 25 voix de femmes, qui l'épaulent par leur chorale virtuelle.
«C'est un hymne solidaire qui a pour objectif de tendre la main aux survivantes d'agression sexuelle», indique Gabrielle Pelletier, la coordonnatrice des services de prévention et de sensibilisation de cet organisme qui offre divers services aux victimes, tout en étant activement engagé dans la prévention et la sensibilisation de la violence, mais aussi dans la lutte pour l’égalité et les droits des femmes.
«Le résultat est vraiment émouvant et d'une grande qualité !» se réjouit-elle.
«Espoir et de guérison»
Cet hymne est «un projet porteur d'espoir et de guérison, [que] nous avons à cœur de faire rayonner le plus possible, question de donner un souffle de solidarité aux victimes et aux survivantes d'agression sexuelle», rappelle Josée Laramée, coordonnatrice des services d'intervention du CALACS.
Cet hymne se veut un chant de reconnaissance et de motivation. «Avec les effets de la pandémie sur (les finances de l'organisme et les intervenantes, le Calacs avait besoin d'un grand vent de solidarité», souligne Josée Laramée.
C'est elle qui est à l'origine de l'idée de demander à Cécile Doo-Kingué de composer une chanson évocatrice des enjeux liés aux agressions sexuelles.
C'était tout un défi, de condenser une telle problématique en quelque deux minutes, le format d'une chanson, estime Josée Laramée.
«Cécile, on l'a bombardée d'infos féministes. »Très souvent, les agressions sexuelles catalysent une forme de colère au sein des «survivantes», rappelle-t-elle. Cette colère, il semblait fondamental de l'exprimer, de la véhiculer au sein de la chanson... mais pas n'importe comment.
«Comment transformer cette colère, dans une chanson qui doit transmettre la solidarité et l'amour?» : tel était le second défi à relever, note Mme Laramée.
«Représenter la diversité»
Puis, en raison du message de solidarité porté par le texte, «on s'est dit que Cécile ne pouvait pas la chanter toute seule». L'organisme a donc recruté une petite trentaine de femmes bénévoles, en veillant à «représenter la diversité» de corps, d'âge et de couleur de peau, souligne Mme Laramée. Parmi elles se trouvent quelques visages connus, dont la chanteuse et comédienne Marie-Nicole Groulx.
Le montage de la vidéo a été fait par la compagnie franco-ontarienne Le Réveil.
La vidéo – qui sera «visible partout, sur Spotify et plein d'autres applications» à partir de mercredi – n'est pas un élément d'une campagne de financement. L'objectif n'est pas de la monétiser. «On souhaite que ce soit joué à la radio, mais le but pas faire de l'argent, avec cette chanson, explique Mme Laramée. On espère fortement que la collectivité va la reprendre ensemble.»
Mai est le mois de la prévention des agressions sexuelles.
Appel à la solidarité
La responsable du CALACS espère néanmoins que cette vidéo impulsera une «vague de solidarité» dans la communauté et incitera à effectuer de petit dons.
Depuis la COVID, «on voit une augmentation incroyable du nombre de [situations de] crises. C'est immense!» signale-t-elle. Le nombre de «rencontres individuelles» entre les intervenantes du centre et les femmes victimes de violence domestique a drastiquement augmenté durant la période de confinement, note-t-elle, sans pouvoir donner de chiffres.
Pour sa clientèle – que le centre appelle 'survivantes' – le confinement et l'isolement ont eu des impacts désastreux, alors qu'«elles sont déjà fragilisées par la vie».
Et puis «les coûts de la pandémie sont énorme sur le CALACS», rappelle-t-elle.
Chamboulement
Au sein de l'organisme aussi, l'organisation du travail a été passablement chamboulé à cause de la COVID : les intervenantes devant bien souvent travailler à distance... avec les enjeux que cela représente pour un travail qui doit se faire dans la plus grande discrétion, à l'insu de la source de violence.
«Les intervenantes doivent créer un lieu [de travail] à la maison. Il y a des enjeux de confidentialité. On n'était pas organisé pour ça. Il a fallu acheté de l'équipement, des ordinateurs, des écrans et des écouteurs de qualité», illustre Mme Laramée.
«Géré et opéré par et pour les femmes», le CALACS francophone d'Ottawa a toujours réussi à «faire beaucoup avec peu de moyens», concède-t-elle. «Les intervenantes sont fatiguées — dans le sens qu'on peut pas offrir plus de ressources humaines; on a 3 ou 4 intervenantes, et seulement cinq employées a temps plein. Mais on ne voulait pas les abandonner, ces femmes.»
«Sur une note positive, les intervenantes et les survivantes se sont adaptées à ce travail à distance. C'est fantastique, la façon [dont] on s'est reviré de bord. En ce moment, on est en train d'adapter nos locaux [en prévision du] retour au travail en présentiel.»
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Renseignements et dons: CALACS ; 613 789 8096