Dans Le coeur au beurre noir : récits de sensibilisation à la violence dans les relations intimes ou amoureuses entre hommes, les auteurs Jean-Paul Daoust, Pierre-Luc Landry, Daoud Najm et Olivier Sylvestre plongent dans l’univers terrifiant et percutant de la violence entre hommes.
À l’occasion de la Journée mondiale contre l’homophobie et la transphobie, le 17 mai, les résultats de cette recherche menée par l’Université Laval seront dévoilés au public. Fruit d’une collaboration entre les milieux de la recherche universitaire, le communautaire et la création littéraire, cette étude, à laquelle a contribué la professeure au département de travail social de l’Université du Québec en Outaouais, Sylvie Thibault, a permis de rencontré 23 hommes s’identifiant comme gais et ayant subi ou exercé de la violence.
« C’est une recherche qui avait des objectifs en lien avec le développement des connaissances, précise Mme Thibault. On voulait identifier par exemple les formes et les manifestations de violence. On voulait identifier les facteurs de risque ou les facteurs de protection, identifier les besoins des hommes. On a aussi abordé avec eux comment ça se passe quand ils veulent accéder à des services en lien avec la violence vécue. »
Le but ultime de cette recherche est de faire reconnaître la violence et de sensibiliser les hommes de la communauté LGBTQ+, mais aussi les intervenants par la transmission des connaissances rapportées dans l’étude. Appuyée par le recueil de quatre courts textes, l’étude rend compte d’une réalité loin d’être anecdotique.
« On se rend compte que les hommes vont souvent minimiser la violence qu’ils subissent, poursuit la professeure. Les hommes ne vont pas nécessairement identifier ce qu’ils vivent comme de la violence. Il y a des points communs avec ce qui par exemple est vécu chez des couples hétérosexuels ; la violence physique et psychologique. Ce qu’on observe de façon transversale et ce qui est différent, c’est des façons spécifiques autant dans les manifestations que les conséquences de la violence, les facteurs de risque et l’accès aux services. C’est beaucoup lié à la façon dont on se représente la violence conjugale […] ce qui fait en sorte que ça rend invisible les autres formes de violence qui passent sous le radar. »
Un ensemble d’outils, dont les récits disponibles également en version audio sur le web, a été développé afin d’inciter les hommes à chercher des ressources d’aide. Un environnement graphique accompagne le monde dans lequel est introduit le lecteur.
Selon Mme Thibault, les hommes gais auraient davantage tendance à se tourner vers le web pour s’informer. Un questionnaire vrai ou faux est aussi mis à la disposition de la communauté gaie pour démystifier la violence entre hommes.
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Et les autres membres de la communauté LGBTQ+?
Si les autres membres de la communauté LGBTQ+ n’ont pas été rencontrés dans cette première recherche québécoise sur la violence dans les relations intimes et amoureuses, ils ne sont pas oubliés pour autant. En réalité, une étude se déroule actuellement auprès des lesbiennes, bisexuels, pansexuels et transgenres.
« On a presque terminé nos entrevues, on est à la partie d’analyse », mentionne Mme Thibault.
Les récits du projet sur la violence dans les relations intimes et amoureuses entre hommes seront distribués par plusieurs organismes d’aide à travers la province et pourront être utilisés comme outil de sensibilisation auprès des hommes.