Avec sa société de production, Prestigo Média, il a loué en pleine pandémie un grand entrepôt dans la zone industrielle jouxtant l’aéroport de Gatineau et qu’il a aménagé en studios.
«Ici, c’est un peu Gatineaullywood», commente-t-il en montrant quelques-un des nombreux camions stationnés à l’extérieur, et qui servent de loges-bulles aux comédiens de sa sitcom, intitulée Famille magique.
Les studios sont aussi high-tech que possible: «Tout est équipé de système sans fil. On a des connexions Internet ‘de guerre’ et tout ce qu’on y enregistre va directement sur l’infonuagique», fait valoir le magicien.
«C’est une série ‘magique’ jusque dans les prises de vue : grâce à un rail, les caméras peuvent passer directement d’un décor à un autre», ajoute-t-il en levant sa vidéo-caméra, afin qu’on puisse mieux voir le rail aérien qui traverse les studios.
Mais notre œil est surtout attiré, en bas, par la décoration lourdement chargée, du grand salon où Daniel Coutu se trouve en cet instant. On est chez Malire Binette, un magicien campé par Stéphane Crête. «C’est très rococo, en terme de décor; criard et léopard, chargé et étincelant! Le souci du détail est vraiment cool!» confesse Daniel Coutu.
Malire, ex-magicien en résidence du cabaret Cadabra, n’apprécie guère Daniel, car il a le sentiment que ce dernier lui a piqué son emploi; en revanche, leurs fils respectifs s’entendent comme larrons en foire.
«C’est le point de départ de la série : dans le premier épisode, je décroche le contrat que Malire avait avant. Et ça se fait tellement vite que je n’ai pas le temps me trouver une maison; du coup, je me retrouve à devoir retourner vivre temporairement chez mes parents.»
Dans cette «série à l’humour absurde», où chaque personnage de la famille a un pouvoir magique (quoique pas toujours très utile), «la maison elle-même est magique» : c’est un personnage en soi, qui «réagit» à ce qui s’y passe, en se manifestant à travers des effets sonores. «Elle décide même parfois de changer les pièces de place [ce qui] crée des situations comiques! La toilette n’est pas tout le temps au même endroit», illustre-t-il en pouffant de rire.
10 000 pieds carré
Une superficie de 10 000 pieds carrés permet d’accueillir la dizaine de décors (qui accaparent 80% de l’espace) de cette ambitieuse série. «On a même un faux extérieur», signale-t-il, lors d’une petite visite (virtuelle) en passant devant la rue factice, les cours avant et les façades d’inspiration victorienne de trois maisons en rangée ou résident les Coutu et leurs voisins. Car, oui, la famille est celle de Daniel Coutu, qui tient son propre rôle – quoique fictif.
Comme il vient de se dégotter un nouvel emploi (de magicien), Daniel revient vivre chez ses parents... accompagné de sa femme (qu’il a transformée en lampe par inadvertance) et de leurs deux enfants, résume Daniel Coutu.
Il en est non seulement le producteur, mais l’idéateur. Il explique s’être inspiré des goûts télévisuels de sa fille adolescente, en particulier pour Full House, vieille (1987-95) sitcom américaine que Netflix a rendu accessible en 2016.
Il en a supervisé les scénarios, confiés à Isabelle Pruneau-Brunet, plume de la saison 5 des Argonautes, qui est devenue co-conceptrice de Famille magique; le tandem a eu recours à cinq autres scénaristes, précise-t-il.
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Développement régional
Le développement économique local est au cœur de sa démarche.
Bien que les studios servent pour l’instant à Prestigo, «Famille magique est la bougie d’allumage pour donner [à d’autres boîtes de productions] la possibilité de tourner en studio à Gatineau», avertit le magicien.
«Y aura-t-il assez de projets à long terme pour le [rentabiliser]? Je ne sais pas encore... mais, des fois, il suffit d’une petite ‘pousse’, pour donner l’impulsion. Ce serait mon rêve le plus cher, dans l’idéal!»
Certes, les têtes d’affiche de sa série – Luc Senay, Marie-Chantal Perron et Stéphane Crête – viennent de Montréal. Normal, dans la mesure où le milieu télévisuel gatinoise, de trop petite taille, n’offrait pas un bassin d’emploi suffisant pour les besoins de cette série... mais Daniel Coutu s’est assuré de donner de l’ouvrage à un jeune comédien gatinois prometteur, Sébastien Cimpayé (voir autre texte), et de donner de la job à beaucoup de monde d’ici.
Recrutée à Montréal, la directrice artistique de la série, Fanny Gauthier, qui a conçu les décors, est elle aussi originaire de Gatineau.
La plupart des postes de techniciens sont de la région de Gatineau-Ottawa. Parce qu'il était important de s'entourer de «mentors», une poignée de «postes-clefs» (à la réalisation et à la direction photo, notamment) ont été confiés à des professionnels de l'extérieur de la région. Mais, en ce qui concerne l'équipe technique (cameramen, grips, preneurs de son, régie, équipes responsables du maquillage et de la coiffure) et l'administration, «70% de la main d’œuvre vient d’ici; c’est super important pour moi», explique le producteur.
« On est en mode 'achat local. On a plein de fournisseurs régionaux. Je collabore à nouveau avec Perfecson : Simon Villeneuve est notre directeur technique. Si j'implique tous les corps de métiers, on est à facilement 70% de gens de la région», indique-t-il.
Au départ, ses partenaires, diffuseurs ou comédiens, «étaient tous sceptiques, [quant au fait] qu'on puisse tourner une série de ce calibre-là à Gatineau... et puis on l'a fait!» s'emballe-t-il. «Et quelle expérience trippante et stimulante, un tournage de ce calibre!»
Hyperactif, «je parle beaucoup... mais j'essaie d'agir autant que je parle. Là, j'essaie d'inspirer les jeunes [gatinois] qui veulent travailler dans le milieu de la télé ou du cinéma, et qui pensent devoir s'expatrier. Je veux leur montrer que c'est possible d'être artiste en région
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La distribution
Daniel Coutu - Daniel Coutu
Marie-Chantal Perron - Suzanne Coutu
Stéphane Crête - Malire Binette
Luc Senay - Gaétan Coutu
Carmen Sylvestre - Gripette Coutu
Jeanne Bellefeuille - Houdini-Maude Coutu
Sébastien Cimpaye - Merlin Coutu
Audrey Guériguian - Chantal « Chouchou » Coutu
Stéphane Crête - Malire Binette
Julien Arès - Ali-Baba Binette
Eva Tanoni - Flavine Bamboléo-Bouchard
Sharon James - Claire