CEPEO: Allier vélo et technologie pour stimuler l'engagement [VIDÉO]

Léo Dignard et Martin Pontbriand

Désireux de faire vivre à leurs élèves des expériences uniques dignes du 21e siècle et conjuguant du même coup deux de leurs propres passions, Léo Dignard et Martin Pontbriand ont élaboré un programme pédagogique unique en son genre qui sera déployé dès la prochaine rentrée au Conseil des écoles publiques de l'Est de l'Ontario (CEPEO): le programme Vélo-techno.


Alliant salle de classe et activités en plein air, ce nouveau programme entrepreneurial hybride, qui vise entre autres à développer les habiletés à la fois manuelles et technologiques, sera offert aux élèves de 7e et 8e années à l'école secondaire publique Louis-Riel, à Ottawa. 

Le bougie d'allumage du projet, qui deviendra réalité en septembre, est venue au printemps 2020 lorsque la directrice de l'établissement, Andrea Mathieu, a approché les deux jeunes enseignants. 

«En travaillant sur le développement de ce projet-là, nous sommes retournés chacun dans notre coeur de petit gars en pensant à ce qu'on aurait nous-même aimé avoir», lance en souriant M. Pontbriand.

Son collègue affirme que le mot commence à se passer et que l'excitation est palpable alors que les inscriptions ont débuté.

«C'est un peu le point culminant d'un développement professionnel des dernières années. Martin et moi, on a fait beaucoup de projets interdisciplinaires ensemble, mais là c'est vraiment un programme. C'est différent, ça nous donne plus de la latitude, plus d'espace pour avoir un budget, un horaire distinct, ça ouvre plein de possibilités. [...] Ça va être une grande source de motivation à la fois pour nous et les élèves», note M. Dignard.

La promotion du développement physique et intellectuel, l'engagement de l'élève à travers des apprentissages significatifs, l'exploration d'une multitude d'outils technologiques qui serviront à la fois de levier d'apprentissage et de mode de diffusion; ainsi que la stimulation du sens de l'entrepreneuriat sont au nombre des objectifs du programme Vélo-techno.

De la ceinture de verdure à la forêt Larose en passant par le parc de la Gatineau ou encore Mont Ste-Marie, ce ne sont pas les lieux qui manqueront pour des randonnées en vélo lors desquelles le français, la géographie ou encore la technologie pourraient être au menu.

«L'idée est d'offrir une alternative différente à nos élèves, un programme où on apprend davantage à l'extérieur de la salle de classe, où on décloisonne, permettant aux élèves de vivre des expériences d'apprentissage diverses, qui font le pont entre la théorie et la pratique. C'est moins d'enseignement en silo, on conjugue un peu les matières ensemble, pour qu'il y ait plus de fils conducteurs, pour que les jeunes fassent plus de liens et aient la chance d'aller sur le terrain», affirme Martin Pontbriand.

(Le Droit, Simon Séguin-Bertrand)

«Des idées folles» et du dépassement de soi

L'autonomie et l'engagement communautaire étant deux des valeurs sur lesquelles misera le programme, les élèves auront également la chance d'apprendre les rudiments de la mécanique et l'entretien d'un vélo. 

«On a reçu tout l'équipement pour avoir un atelier de vélo. [...] On pourrait prendre un vieux vélo qu'on ne veut plus, le démonter, le monter, le repeinturer. On pourrait lancer une campagne de recyclage de vélos, qu'on pourrait utiliser comme élément d'apprentissage puis remettre en circulation. On a quelques idées folles, il y a une camionnette du CEPEO qui ne sert plus, on cherche à savoir si on ne pourrait pas faire un atelier mobile là-dedans», de dire l'enseignant.

Alors que certains programmes sport-études misent davantage sur la compétition, ce programme hybride mise avant tout sur le dépassement de soi.

«On veut que chaque élève se prenne en main. Tu peux avoir le programme le plus engageant qui soit, encore faut-il que l'élève veuille embarquer. Quand il a une plus grande place en classe, quand il peut trouver sa voie, habituellement ça donne quelque chose d'assez extraordinaire. Dans le fond, on veut faire ça, mais à plus grande échelle», lance Léo Dignard. 

L'école secondaire publique Louis-Riel, à Ottawa

Dans une ère où les technologies accaparent une grande place dans nos vies et alors que l'emploi qu'ils occuperont dans quelques années n'existe peut-être même pas à l'heure actuelle, les élèves seront aussi appelés à parfaire leurs connaissances dans ce domaine qui évolue à une vitesse folle.

«On veut que nos élèves deviennent polyvalents, puissent utiliser divers outils. On ne parle pas juste de production télé ou de balados, ils vont apprendre à utiliser différents médiums. Il y a quelque chose qu'on a remarqué ces dernières années, c'est que oui il est vrai que les jeunes sont plus branchés, qu'ils utilisent plein d'applications, mais quand ça devient une situation pour être un levier au niveau de la pédagogie, ce n'est pas nécessairement le cas. On veut vraiment intégrer un continuum des apprentissages au niveau de la technologie», explique l'enseignant.

L'engagement est au centre du programme Vélo-techno, spécifie M. Dignard, rappelant que la motivation est cruciale à cet âge, la 7e et la 8e année dans le système scolaire ontarien étant une phase de transition. 

«On voulait créer une alternative où on leur donne le goût de vraiment s'engager. On parle d'un projet dans lequel ils se disent: je veux avancer parce que ça me tient à coeur, c'est significatif pour moi, je vois la valeur intrinsèque de ça, bien au-delà d'une note. C'est d'amener nos élèves dans des situations où ils veulent faire quelque chose pas juste parce qu'un adulte leur dit de le faire. C'est de changer la dynamique pour que le prof soit vraiment plus un guide, alors que l'élève est un aventurier», raconte-t-il.

Filles comme garçons, expérience ou pas, les deux enseignants croient que l'important n'est pas là. 

«Peu importe le niveau d'habiletés techniques ou manuelles, on cherche des jeunes qui sont curieux et intéressés, qui ont le goût de faire les choses différemment, d'embarquer dans notre aventure. On veut que ça bouge, on veut que le modèle traditionnel soit brassé un peu. [...] Nous, on arrive avec des idées, mais c'est sûr que les élèves auront aussi leur mot à dire», conclut M. Pontbriand.