Une bonne crise pour les Franco-Ontariens

OPINION / Winston Churchill disait que l’on ne doit pas jamais perdre la chance de profiter d’une bonne crise. Les difficultés financières de l’Université Laurentienne sont une opportunité pour les Franco-Ontariens de développer le réseau de l’enseignement postsecondaire dans le nord de l’Ontario. Il est temps de saisir la balle au bond et de transférer le plus rapidement possible, les programmes de langue française de l’Université Laurentienne vers l’Université de Sudbury. Mais ce transfert doit aussi inclure l’Université de Hearst et le Collège Boréal.


Ces trois institutions peuvent très bien prendre le leadership dans l’enseignement postsecondaire dans le nord de l’Ontario. Les conditions requises pour y arriver doivent impliquer au départ une volonté et une concertation entre les trois institutions postsecondaires. Il faut un protocole d’entente qui doit être réalisé le plus rapidement afin de mettre sur pied une démarche de gestion de crise de l’enseignement postsecondaire dans le nord de l’Ontario.

Deuxièmement, il faut assurer le financement des institutions d’enseignement postsecondaire. Ceci débute par un transfert des fonds de l’Université Laurentienne au nouveau consortium postsecondaire du Nord. Il doit y avoir un engagement rapide dans les prochaines semaines afin de préparer des plans de travail pour l’aménagement de l’enseignement postsecondaire dans les établissements postsecondaires du nord de l’Ontario. Il faut travailler avec le gouvernement de l’Ontario afin de financer ce nouveau consortium d’enseignement postsecondaire qui permettra un développement et un épanouissement des francophones du nord de l’Ontario.



Troisièmement, on doit immédiatement se pencher sur la prestation des programmes et des études pour la session d’automne 2021 ou au plus tard celle de l’hiver 2022. On ne peut pas perdre du temps, car la cohorte étudiante souhaite une solution rapide pour leurs programmes et leur avenir. Mais aussi, ceci implique une réorganisation des programmes qui étaient offerts à l’Université Laurentienne afin que le transfert reflète les besoins des francophones du nord de l’Ontario. Les institutions postsecondaires doivent aussi avoir les programmes de langue française qui sont des «vaches à lait» comme ceux dans le domaine de la gestion et comptabilité, les sciences infirmières, l’éducation et les sciences sociales afin de financer les autres programmes qui ont moins d’inscriptions et par conséquent, moins de revenues pour les institutions d’enseignement.

Quatrièmement, il faut travailler avec l’Université Laurentienne afin de transférer harmonieusement, le transfert des programmes et le personnel vers le consortium d’enseignement du nord de l’Ontario. On ne doit pas perdre ces compétences afin de pouvoir maintenir rapidement les programmes de langue française dans une nouvelle structure d’enseignement.

Finalement, il faut penser une stratégie de l’enseignement virtuel afin d’aider les cohortes étudiantes à rester dans le nord de l’Ontario. L’enseignement virtuel permet plus facilement le rattachement à d’autres universités à l’extérieur du lieu de résidence de la cohorte étudiante. Il faut faciliter les interactions entre les trois centres d’enseignement postsecondaire et avec le temps, faire le pont avec l’Université francophone de l’Ontario située à Toronto. Les francophones ont tous à gagner en créant cette synergie entre le nord et le sud de l’Ontario dans la gestion et la prestation des programmes postsecondaires. Le virtuel est une réponse qui permet à plusieurs égards de combler les manques et lacunes des programmes d’enseignement postsecondaire dans ces deux régions de l’Ontario. L’Université d’Ottawa doit être impliquée à un moment donné afin de développer le réseau de l’enseignement postsecondaire de langue française en Ontario.

Mais la priorité est actuellement, la gestion de l’enseignement postsecondaire dans le nord de l’Ontario. Nous devons prendre notre place et ceci commence par la gestion de nos institutions. Nous avons une grande opportunité et nous devons maximiser nos efforts afin de compléter l’enseignement postsecondaire dans le nord de l’Ontario. La réussite des jeunes francophones du nord de l’Ontario en dépend.



Gilles LeVasseur,

Professeur de gestion et de droit, Université d’Ottawa