«Pour nous, il n'y a pas de raisons pour la reporter une nouvelle fois ou encore l'annuler. Autant nos membres, les autres travailleurs en milieu scolaire que les parents et les élèves ont absolument besoin d'une pause pour décrocher, se détacher de ce que l'on vit actuellement, afin de faire le plein pour la suite des choses. Surtout sachant qu'on ne sait pas trop de quoi va avoir l'air le reste de l'année scolaire. L'incertitude est déjà bien présente, les gens sont épuisés. Quand nos délégués parlent avec les gens sur le terrain, c'est unanime: cette pause-là est méritée et nécessaire. La seule personne qui ne semble pas le comprendre, c'est le ministre [Lecce]. C'est frustrant», lance d'emblée la présidente Anne Vinet-Roy.
Tient «pas la route»
Pour le syndicat qui représente 12 000 enseignants francophones à travers la province, les justifications qui ont poussé le gouvernement à reporter une première fois la semaine de relâche initialement prévue à la mi-mars «ne tenaient pas la route non plus» et le scénario ne doit pas se reproduire, estime-t-on.
«Le nombre de cas à ce moment-là avait déjà commencé à augmenter, la troisième vague arrivait déjà. D'autres régions ont mieux réussi à contrôler la pandémie que l'Ontario en misant davantage sur la santé et la sécurité, pas juste sur les raisons financières et économiques», ajoute-t-elle, citant les exemples de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande.
Rappelant que les syndicats des diverses provinces ont des discussions entre eux, Mme Vinet-Roy s'explique mal pourquoi l'Ontario ne pourrait pas avoir sa propre relâche scolaire au même titre que la province voisine, le Québec, à titre d'exemple.
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«Nous sommes très proches de nos collègues syndicaux, on échange des informations régulièrement. Là-bas [au Québec], ç'a été réussi. Pourquoi? Je ne sais pas, mis à part qu'il y a un couvre-feu et qu'ici il n'y en a pas. Le gouvernement [Ford] a de la difficulté à exercer son leadership correctement. On continue d'ouvrir plus de commerces, d'accepter plus de gens dans les restaurants. Il y a tellement d'incohérence dans les règles en ce moment qu'à un moment donné, les gens ne savent plus où donner de la tête», affirme la présidente de l'AEFO, ajoutant que le nombre de cas déclarés en milieu scolaire est inquiétant.
Mme Vinet-Roy soutient que les enseignants sont «à bout de souffle» et que M. Lecce ne doit pas trancher au tout dernier instant, plusieurs parents ayant par exemple déjà prévu leur horaire de travail et leurs congés. Elle s'étonne aussi que le gouvernement ait prévu annoncer ses couleurs vendredi, un jour férié lors duquel le personnel scolaire et les élèves seront en congé.
«Les gens ont besoin de faire autre chose que des travaux scolaires, de changer de mode dans leur cerveau. On est capable de s'ajuster, mais il y a quand même des limites. Dans certains cas, elles sont même atteintes. Il y a de plus en plus de demandes de congés de maladie. On en a vraiment besoin [de ce congé], car si le gouvernement continue de dire qu'il a à coeur la santé et la sécurité des élèves, c'est complètement faux», lance la leader syndicale.
L'Association des conseils scolaires des écoles publiques de l'Ontario (ACÉPO) est elle aussi catégorique: la relâche doit être maintenue à la mi-avril.
«Nous, notre position est claire: on la veut cette pause. On la voulait aussi en mars. Je pense que, sous tout réserve parce que je ne connais pas tous les faits, l'erreur qui a été faite par le gouvernement c'est que Toronto avait été en confinement longtemps alors on ne voulait pas que l'école recommence uniquement pour deux semaines puis qu'il y ait ensuite un congé. On aurait dû laisser les régions ou les conseils scolaires prendre le soin de décider à quel moment on aurait une relâche, selon les besoins», affirme son président, Denis Chartrand.
L'ACÉPO a récemment acheminé une lettre au ministre pour lui demander d'arrêter de sans cesse tout modifier.
«Les gens sont à boutte. Il y a des personnes qui n'ont eu aucun congé depuis mars 2020. On abonde dans le même sens (que l'AEFO), c'est nécessaire d'avoir cette semaine (de relâche), autant pour les enseignants, le personnel scolaire, les directions que les élèves. Le travail est herculéen depuis un an. La santé mentale est importante», renchérit-il.
Lecce et Ford se contredisent
Lundi, le ministre de l’Éducation Stephen Lecce et le premier ministre Doug Ford ont semé une certaine confusion dans la province, en se contredisant à propos de la semaine de relâche.
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En matinée, Stephen Lecce avait fait savoir que les conseils du médecin hygiéniste en chef de l’Ontario, le Dr David WIlliams, n’avaient pas changé et que la semaine de relâche du 12 avril était toujours en voie d’avoir lieu.
Or, lundi après-midi, Doug Ford n’a pas voulu être aussi concret. «Je ne peux pas vous donner de réponse directe pour le moment.»
«Le ministre y gardera un œil attentif, ainsi que moi-même et le médecin hygiéniste en chef. Pour être très franc, je ne veux pas prédire ce qui surviendra d’ici deux semaines, mais nous serons ici tous les jours pour communiquer avec les gens», a-t-il lancé.
Dans un effort de clarifier le plan provincial, le ministre Lecce a déclaré à la période de questions à Queen’s Park mardi matin qu’il prévoyait toujours de procéder à la pause prévue en avril, qu'il suivra l’avis du Dr Williams sur tout changement possible, et, le cas échéant, le communiquera aux familles bien à l’avance.
Le gouvernement Ford rendra publique sa décision d’ici vendredi.