Numérisation: Québec commencera à distribuer des fonds pour des services-conseils

Le ministre de l'Économie et de l'Innovation du Québec, Pierre Fitzgibbon

MONTRÉAL — Plus que jamais, les petites et moyennes entreprises (PME) doivent prendre le virage numérique. Dans l’espoir de l’accélérer, le gouvernement Legault se prépare à distribuer une enveloppe de 130 millions $ pour les appuyer.


Cette initiative, dont le coup d’envoi sera donné lundi, pourrait permettre d’accompagner jusqu’à 20 000 entreprises et d’en sensibiliser plusieurs dizaines de milliers d’autres à cet enjeu.

«Il y en a plusieurs (PME) qui réalisent qu’elles auraient dû commencer avant la crise, a expliqué le ministre de l’Économie et de l’Innovation, Pierre Fitzgibbon, au cours d’une entrevue téléphonique. La pandémie a fait réaliser à beaucoup de gens que c’est un passage obligé.»

Lundi, M. Fitzgibbon sera accompagné de la ministre déléguée à l’Économie, Lucie Lecours, et du ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Jean Boulet.

Dans un premier temps, Québec confiera 50 millions $ à des organismes, dont le nom n’a pas encore été divulgué, qui auront le mandat d’offrir des services-conseils aux PME. Le reste des 130 millions $, qui avaient été annoncés dans la mise à jour économique automnale, sera distribué plus tard cette année.

M. Fitzgibbon a expliqué que ce sont les secteurs de la restauration, du commerce de détail, du tourisme, de la culture et de la construction qui seront ciblés au départ.

«C’est en quelque sorte un audit technologique pour permettre d’arriver avec un plan, a-t-il dit. Après cela, l’entrepreneur va décider ce qu’il veut faire (...) et Investissement Québec pourrait aider avec des prêts ou des investissements en capital-actions.»

Pour aller de l’avant avec la réalisation des projets de numérisation, le ministre a notamment évoqué l’initiative Productivité innovation du bras financier de l’État, qui vise des financements de 2,4 milliards $.

Ces mesures s’ajoutent également aux annonces du budget déposé jeudi dernier par le ministre des Finances, Eric Girard. Pour encourager les investissements dans la technologie et les solutions informatiques, Québec a notamment doublé le crédit d’impôt à l’investissement et à l’innovation jusqu’au 31 décembre 2022.

Ressources limitées

De l’avis de M. Fitzgibbon, cette offre de service-conseil est nécessaire alors qu’un peu moins de 97 % des PME comptent moins de 50 employés. Leurs ressources internes sont donc limitées, selon lui.

Le concept de numérisation ratisse large: il peut par exemple concerner un projet de plateforme transactionnelle et de gestion des stocks pour un détaillant et d’outils de planification de projets pour une entreprise du secteur de la construction.

Si le gouvernement Legault se dit prêt à mettre des sommes sur la table en aide directe, il ne financera pas la totalité d’un projet, a précisé M. Fitzgibbon, en ajoutant s’attendre à ce que «l’entrepreneur mette aussi la main dans sa poche».

«Il pourrait s’agir d’un minimum de 25 % (pour l’entrepreneur), a dit M. Fitzgibbon. On va se garder une flexibilité. On ne financera pas 100 % d’un projet. Cela pourrait être un coup d’épée dans l’eau ou indiquer que l’engagement de l’entrepreneur n’est peut-être pas aussi grand que prévu.»

Une accélération du virage numérique des entreprises constituerait l’une des façons, pour le Québec, de combler une partie de son retard en matière de productivité.

D’après le plus récent bilan Productivité et prospérité au Québec du Centre sur la productivité et la prospérité de HEC Montréal, publié en décembre dernier, le Québec se classait en queue de peloton sur un groupe de 30 provinces et pays étudiés. Le niveau de productivité du travail du Québec se trouve également sous la moyenne de 20 pays qui font partie de l’Organisation de coopération et de développement économiques.