Les athlètes étudiants noirs de l’Université d’Ottawa s’unissent

Le Gatinois Yvan Mongo évolue pour l'équipe de hockey des Gee Gees de l'Université d'Ottawa.

L’automne a été difficile, sur les différents plateaux sportifs de l’Université d’Ottawa. Les étudiants athlètes vivaient d’intenses déceptions, quand leurs compétitions étaient annulées en raison de la pandémie. Les jeunes hommes et femmes racisés naviguaient à travers une deuxième tempête, en parallèle, avec la crise sociale qui ébranlait le campus.


Cette situation a quand même fait naître un projet intéressant.

Jeudi, des membres des Gee Gees ont annoncé la création du Conseil de défense des étudiantes et étudiants athlètes noirs.

Le groupe, qui réunit une douzaine de jeunes hommes et femmes, aura pour but de «favoriser l’équité au sein du Service des sports interuniversitaires».

«La situation que nous avons vécue n’est pas idéale, mais il y a quelque chose de positif à en retirer», affirme le coprésident du Conseil, Borys Minger.

«J’ai presque envie de dire que sans cette situation, notre groupe n’aurait peut-être jamais vu le jour. Si nous étions tous occupés avec nos compétitions, nous n’aurions peut-être pas eu le temps de faire ces réflexions», précise l’étudiant en Finance, qui appartient à l’équipe de basket-ball de l’U d’O.

«Ça fait du bien», lance pour sa part Yvan Mongo.

Ce Gatinois de 23 ans, ancien joueur de la LHJMQ, est le capitaine - et le seul joueur noir - de l’équipe de hockey masculine de l’université.

«Au moment où on ne pouvait pas s’entraîner, la fondation de ce groupe nous a fait du bien, dit-il. Si tout ça n’était pas arrivé, je n’aurais peut-être pas eu la chance de rencontrer tous ces gens qui sont des athlètes et des humains exceptionnels.»

Le président du Conseil de défense des étudiantes et étudiants athlètes noirs de l'Université d'Ottawa, Borys Minger

Les porte-parle du Conseil ont effectué leurs premières «sorties publiques», jeudi, mais ils existent au sein de la communauté universitaire depuis un certain temps. Ils ont même pu rencontrer le Comité d’administration de l’Université, avant le congé des Fêtes, pour leur faire part de leur «préoccupations».

«L’année 2020 a révélé un tas de problèmes par rapport aux injustices raciales. À plusieurs niveaux. Elle a révélé des problèmes au sein mêmes de nos universités. Ces problèmes ont poussé à la réflexion. Ils ont aussi poussé certaines personnes à la réaction. Certains événements ont été plus ou moins positifs. Je dirais même que certains événements carrément négatifs sont arrivés», explique M. Minger.

«Il n’était pas évident d’être un étudiant noir, à l’Université d’Ottawa, durant la session d’automne. L’incident qui a été médiatisé a été vraiment troublant, pour moi. Dans ma perception des choses, pour moi, ce n’était pas un débat pour la liberté académique. C’est plus une question de respect pour les étudiants noirs», de préciser M. Mongo.

Les problèmes liés au racisme ne se font pas nécessairement sentir au sein des équipes sportives de l’établissement.

«Moi, je vis une expérience exceptionnelle. J’ai du plaisir chaque jour avec mes entraîneurs et mes coéquipiers. Je me sens à ma place dans l’équipe. Je ne peux pas parler pour tout le monde, mais je crois que, de façon générale, les athlètes vivent des expériences positives», croit M. Mongo.



Le but du jeu n’est pas de faire du bruit, maintenant, pour éventuellement disparaître.

Le Conseil de défense des étudiantes et étudiants athlètes noirs n’est pas encore prêt à partager ses idées et les projets qu’il compte mettre de l’avant.

«Le but du jeu n’est pas de faire du bruit, maintenant, pour éventuellement disparaître. Nous sommes en train d’établir et de solidifier des liens. Nous essayons de voir dans quelle capacité nous pourrons travailler ensemble», dit Borys Minger.

Une athlète en natation, Mayhève Rondeau, assure présentement un lien avec les athlètes issus des Premières Nations.

Dans sa vision à long terme, le Conseil aimerait «avoir le même genre de rôle et d’impact» auprès des gens issus des autres groupes minoritaires.

Les membres du Conseil sont convaincus que leur groupe trouvera sa place au sein de la communauté universitaire.

«De façon réaliste, considérant la taille du problème... C’est quelque chose qui va se résoudre à long terme. La structure du groupe doit refléter la hauteur du combat. Il doit être capable de durer», complète M. Minger.