Pénurie de bois d’oeuvre en perspective: les producteurs privés veulent une hausse des prix

Le président de la Fédération des producteurs forestiers du Québec, Pierre-Maurice Gagnon, juge qu’il est temps pour ses membres d’obtenir une augmentation des prix du bois pour favoriser la récolte.

Le cri du cœur lancé par les associations de constructeurs et quincailliers qui craignent une pénurie de bois de construction au printemps a été entendu par la Fédération des producteurs forestiers du Québec (Syndicat des producteurs de bois ou FPFQ), dont les membres disposent d’une marge de manœuvre de 2 millions de mètres cubes de bois qui ne sera pas récolté cette année.


Le président de la fédération, qui est aussi président du Syndicat des producteurs de bois du Saguenay-Lac-Saint-Jean, Pierre-Maurice Gagnon, a constaté au cours des derniers jours que certains acteurs de l’industrie de la construction verraient d’un bon œil une augmentation de la récolte forestière pour éviter une pénurie de bois d’œuvre dans les quincailleries, ce qui risque d’affecter les mises en chantier et les travaux de rénovation.

« Le prix offert pour le bois rond des producteurs n’a pas augmenté du tout dans la majorité des régions du Québec malgré la hausse fulgurante du prix des produits de construction en bois. Cela crée de l’insatisfaction chez plusieurs producteurs forestiers qui voient en contrepartie leurs coûts d’exploitation augmenter », affirme le président Pierre-Maurice Gagnon.

Les producteurs de bois privés pourraient donc, selon leur président, combler une partie des besoins. Toutefois, précise-t-il, il doit y avoir un avantage financier devant permettre d’en faire profiter le producteur ainsi que les sous-traitants qui sont chargés de la récolte et du transport du bois vers les usines.

Pierre-Maurice Gagnon ne ferme pas la porte à une augmentation de la récolte de bois dans les forêts québécoises. Cette augmentation ne doit toutefois pas porter préjudice aux producteurs privés et il est nécessaire pour la fédération de protéger les parts de marché de ses membres. Il demande donc une amélioration des conditions de mise en marché du bois provenant de la forêt privée.

Pierre-Maurice Gagnon appelle donc à la prudence dans l’exploitation de la forêt publique et il exige, préalablement à cette augmentation, que le gouvernement s’assure que le bois provenant de la forêt privée a été récolté pour la transformation dans les usines de sciage.

Il rappelle au passage le principe de résidualité qui est inscrit dans la Loi sur l’aménagement durable du territoire forestier.

« Il faut trouver des solutions pour rémunérer équitablement l’ensemble des acteurs de la filière si on désire exploiter tout le potentiel des forêts privées. Cela permettra d’accroître les volumes de bois produits puis transformés au Québec et ainsi pallier en partie la pénurie de matériaux en bois qui se dessine », a ajouté M. Pierre-Maurice Gagnon.

Dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, la marge est mince pour les producteurs privés. Le syndicat a convenu des ententes à long terme avec Résolu (5 ans) et Arbec. Les producteurs vont livrer pas moins de 275 000 mètres cubes de bois dans les scieries de ces deux entreprises au Lac-Saint-Jean. Ils ont également vendu un autre volume d’un peu plus de 20 000 mètres cubes à la scierie Girard. Ils doivent aussi composer avec la nouvelle réalité des propriétaires de lots à bois qui ne veulent pas nécessairement faire de récolte.

Les prix du bois d’œuvre atteignent des sommets records sur les marchés américain et canadien, en ce moment. La demande est tellement forte que les usines de transformation vendent en ce moment du bois qui sera usiné dans deux semaines.

La flambée des prix amène des transformateurs à mettre en place des incitatifs financiers pour s’assurer d’un approvisionnement pour les prochains mois. C’est le cas de la scierie C. Meilleur, spécialisée dans la transformation du cèdre dans les hautes Laurentides, qui a décidé de faire de la transformation de résineux.

« J’offre au départ 25 $ de plus le 1000 PMP de bois que les grandes entreprises de transformation. Quand le producteur peut m’assurer cinq camions de bois, il reçoit un chèque de 1000 $, et quand il me livre 10 camions de 7500 PMP, le bonus monte à 3000 $, en plus de l’augmentation du prix à la base. J’accorde aussi un bonus au transporteur quand le bois est classé dans chacune des sections du camion », explique le scieur.

Dans la région, le prix du bois est négocié par le syndicat à l’intérieur des conventions de mise en marché. Les contrats à long terme comme celui négocié avec Résolu comprennent une clause d’ajustement en fonction du prix du bois pendant l’année.