En fait, les auteurs ont même observé une légère amélioration de la qualité de l’alimentation des Québécois pendant le confinement, chose à laquelle ils ne s’attendaient pas, lit-on dans leur article paru mardi matin dans l’American Journal of Clinical Nutrition.
«Il y avait deux grandes possibilités, dit Benoît Lamarche, auteur principal de l’étude et chercheur à l’Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels (INAF). D’un côté, à cause du stress sur les finances personnelles et du stress social qu’on sentait dès le départ, en plus du fait que tout le monde n’a pas les outils qu’il faut pour se mettre à cuisiner à la maison du jour au lendemain, les gens auraient pu se mettre à acheter du prêt-à-manger de mauvaise qualité. Et il y avait des données sur l’insécurité alimentaire qui suggéraient que ça pouvait être le cas. Mais d’un autre côté, on savait aussi que le fait de manger moins souvent à l’extérieur de la maison était associé à une meilleure alimentation. Donc le confinement pouvait avoir un effet positif à cet égard, et c’est ce qui est arrivé.»
M. Lamarche et son équipe avaient lancé leur étude — baptisée NutriQuébec — bien avant l’arrivée de la COVID-19, évidemment sans savoir qu’elle leur permettrait éventuellement de mesurer l’impact d’une pandémie sur l’alimentation. De juin 2019 à février 2020, près de 2500 adultes vivant au Québec ont répondu à un questionnaire sur ce qu’ils avaient mangé au cours des 24 dernières heures. Puis en avril et en mai derniers, environ 850 d’entre elles ont répété l’exercice — ce qui est d’ailleurs une force de l’étude puisque, contrairement à d’autres articles du même genre, celle-ci ne compare pas deux échantillons différents, mais bien les mêmes gens sondés à quelques mois d’intervalle.
Résultat : sur une échelle qui note la qualité générale de l’alimentation de 0 à 100 (le «Healthy Eating Index – 2015), le confinement n’a pas détérioré la diète des Québécois, mais l’a plutôt améliorée (modestement mais quand même) de 1,1 point en moyenne. Il semble que le confinement a poussé la population à cuisiner davantage, ce qui a accru la consommation de grains entiers, de légumes, de verdures et de légumineuses, ainsi que de fruits de mer, en même temps qu’ils ont mangé moins de sucres raffinés et de sucres ajoutés. Notons que l’amélioration aurait pu dépasser ce 1,1 point si ce n’était de la consommation de fruit qui a diminué pendant le confinement, de même que celle de sel, qui a augmenté.
Fait intéressant, ce sont surtout chez des clientèles connues pour s’alimenter moins bien que la moyenne que les améliorations furent les plus importantes. Chez les hommes, le score a cru de 1,6 point, alors que la progression fut de 3,6 points chez les «jeunes» (18-29 ans) et de 3,8 points chez les personnes obèses.
Alcool
Enfin, notons que contrairement à certains sondages qui ont fait état d’une consommation d’alcool à la hausse au cours des derniers mois, les données de NutriQuébec ne montrent «aucun changement» à cet égard pendant le confinement, lit-on dans l’article.