C’est ce que dévoilent les résultats préliminaires de l’étude COCON-Accueil d’un nouveau-né, un projet international mené à travers 17 pays.
Il y a deux ans, une étude similaire avait été conduite dans laquelle on mentionnait que 16 % des répondants avaient un score préclinique de dépression durant la grossesse et 20 % après la naissance d’un enfant. Aujourd’hui, ces chiffres ont bondi à 29 % et 39 % respectivement.
« Durant la grossesse, ce que les parents déplorent et identifient comme source de stress, c’est beaucoup les changements dans les soins et les services », souligne Francine de Montigny, professeure au Département des sciences infirmières de l’Université du Québec en Outaouais (UQO) et membre du comité de direction de l’International Stillbirth Alliance.
Avoir des suivis de grossesse moins fréquents, qui se font au téléphone ou en ligne et qui changent d’endroits; le fait que les pères soient exclus de l’échographie; l’incertitude de la présence du père au moment de la naissance à cause des mesures de santé publique par rapport à la COVID et l’impossibilité d’être accompagnée lors des suivis de grossesse ou même après la naissance sont les principales sources d’anxiété chez les futurs et nouveaux parents sondés pendant la grossesse.
« On a des anecdotes de femmes par exemple qui ont dû se débrouiller seule après une césarienne pour porter leur bébé pour aller voir le médecin alors qu’elles n’ont pas le droit de lever des poids, raconte Mme de Montigny. Ce sont tous des éléments qui contribuent au stress des parents pendant la grossesse. »
Après la naissance du bébé, ce qui préoccupe davantage les répondants c’est le manque de soutien.
« Ils se sentent abandonnés et laissés à eux-mêmes à cause des mesures de santé publique qui disent qu’on ne peut pas avoir de visiteurs. Ça occasionne beaucoup d’inquiétudes par rapport au bien-être de l’enfant, par rapport à la relation qu’ils sont en train de tisser avec leur enfant et à leur sentiment de compétence en tant que parents », indique la professeure.
« Ça mène aussi à plus de fatigue, car personne ne peut prendre la relève », ajoute-t-elle.
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Des solutions ?
La prochaine étape consistera maintenant à identifier ce qui pourrait être fait dans le respect des mesures de santé publique pour mieux accompagner les futurs et nouveaux parents pendant les prochains mois de la pandémie et alléger leur stress.
« Une des propositions notamment, c’est l’inclusion des pères au moment des ultra-sons, avance Francine de Montigny. Il n’y a pas de raison scientifique basée sur des données probantes, à moins que le père soit infecté à la COVID-19, qui amène son exclusion. Ça contribue énormément à l’isolement au sein du couple et s’il y a des mauvaises nouvelles, la mère doit encaisser le coup seule. »
Une attention particulière sera aussi portée aux suivis de grossesse.
Au total, 400 futurs ou nouveaux parents québécois ont répondu au questionnaire de l’étude, soit 200 durant la période de grossesse et 200 autres après la naissance de l’enfant. Mme de Montigny aimerait toutefois recueillir un millier de répondants.
« C’est important d’avoir ces données-là parce qu’on est encore à un moment clé où on peut influencer les choses. L’année 2021 ne sera pas un long fleuve tranquille et ce n’est pas la dernière pandémie. Pour être mieux préparés à l’avenir et savoir les impacts que certaines mesures ont sur les parents, on a besoin de ces études-là », conclut la professeure Francine de Montigny.
Ceux et celles qui voudraient participer à l’étude peuvent le faire en cliquant ici. Le questionnaire sera en ligne, au minimum, jusqu’au mois de juin prochain.