Une trentaine de professeurs de l'UdO dénoncent le traitement reçu par une collègue

Un peu plus d'une trentaine de professeurs de l'Université d'Ottawa (Ud'O) ont apposé leur signature à la fin d'une lettre visant à dénoncer le traitement qu'a reçu l'une de leurs collègue depuis les deux dernières semaines. 

Un peu plus d'une trentaine de professeurs de l'Université d'Ottawa (Ud'O) ont apposé leur signature à la fin d'une lettre visant à dénoncer le traitement reçu par une de leurs collègues depuis les deux dernières semaines. 


Comme l'écrivait la chroniqueuse Isabelle Hachey dans La Presse un peu plus tôt cette semaine, la professeure de l'Ud'O Verushka Lieutenant-Duval n'a pas donné de cours depuis deux semaines. On lui reproche d'avoir prononcé une insulte raciste en classe. 

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Alors qu'elle donnait une leçon virtuelle sur la théorie queer à ses étudiants, la professeure québécoise a comparé la réappropriation du mot queer par la communauté gaie à celle du mot «n**ger» par la communauté noire, aux États-Unis. 

S'excusant auprès de ses étudiants par courriel, le soir même, et les invitant du même coup à ouvrir le débat sur «ce qui convient pour traiter ce mot», Mme Lieutenant-Duval a par la suite subi son procès en direct sur les réseaux sociaux et a été suspendue par l'Ud'O. 

Il est temps que les institutions universitaires, culturelles, scientifiques et médiatiques, pour ne nommer que celles-là, se redressent et contribuent à former les nouvelles générations à la culture du débat civique plutôt qu'à encourager leurs réflexes de censure et d'exclusion.

Selon la lettre collective signée par 34 professeurs de l'Ud'O, deux éléments semblent confondus dans cette affaire, soit le racisme sur le campus, les microagressions et la discrimination parfois inconsciente, ainsi que le rôle de l'enseignement universitaire, des professeur(es) et des salles de classe «qui est de nourrir la réflexion, développer l'esprit critique et permettre à tous et à toutes, peu importe leur position, d'avoir le droit de parole.» 

«Je signe très rarement pétitions et lettres collectives. Mais j'ai signé celle-là sans aucune réticence, a commenté le professeur titulaire en journalisme, Marc-François Bernier. J'y aurais même ajouté une critique du manque d'équité procédurale ayant conduit à la sanction contre la professeure. » 

«Si tout professeur doit dans son enseignement se montrer sensible aux réalités des différents étudiants de sa classe, l'université demeure néanmoins un lieu de débats, écrivent notamment les professeurs dans leur lettre. […] La salle de classe (physique ou virtuelle) ne peut devenir un lieu libéré du poids de l'histoire, des idées et de leurs représentations. Il est donc inévitable que certaines lectures, certains concepts, voire certains mots, heurtent des susceptibilités. L'université est justement le lieu pour réfléchir à cette réalité.» 

«N'est-ce pas le rôle de l'université de mettre ces réalités en perspective ?, se questionnent-ils. […] Cette mission fondamentale deviendrait pour le moins difficile dans un contexte de libertés universitaires surveillées. […] Il importe que les administrations universitaires, tout en participant à la mise au jour et à l'abolition de toute forme de racisme systémique, veillent à protéger la transmission des connaissances, le développement de l'esprit critique et la liberté universitaire.» 

«Il est temps que les institutions universitaires, culturelles, scientifiques et médiatiques, pour ne nommer que celles-là, se redressent et contribuent à former les nouvelles générations à la culture du débat civique plutôt qu'à encourager leurs réflexes de censure et d'exclusion», conclut M. Bernier.