L’idée de départ de cette grande murale qui grossit de jour en jour et devant laquelle on peut croire sans se tromper que des larmes se verseront dans les semaines à venir est venue de la conseillère en communications, développement et engagement communautaire, Laurence Paradis, qui a soumis le projet à trois écoles d’Ottawa, soit Louise-Arbour, Francojeunesse et Trille des Bois.
Enseignante de première année à l’école Louise-Arbour, Line Picard avoue avoir été immédiatement séduite par l’initiative, ne tardant pas à en parler à ses élèves, à qui elle parle quelques fois par semaine par l’entremise de la plateforme de vidéoconférence Meet.
« On a tout de suite été emballés par le projet, on a envoyé une invitation à toute la communauté. À notre école, en l’espace de quelques jours, on a reçu plus de 70 œuvres. Considérant le fait que nous sommes une école de 215 enfants, je trouvais ça très bien. L’idée est d’envoyer des messages positifs et d’encouragement à tout le personnel de l’hôpital, parce qu’on sait qu’ils traversent des moments plus difficiles. Comme notre école a une philosophie basée sur la pédagogie entrepreneuriale, quelque chose qui nous force à se questionner sur comment mieux servir notre communauté et tisser des liens avec elle, on trouvait que ça cadrait très bien avec notre philosophie », explique-t-elle.
Les élèves ont laissé libre cours à leur imagination pour exprimer leurs sentiments face à cette crise sans précédent qui nous secoue depuis deux mois. Les dessins d’arcs-en-ciel, de cœurs, de fleurs et d’employés au front portant le masque côtoient entre autres des mots tels que « respect », « gratitude » et « merci ».
« Je suis assez surprise à quel point les enfants semblent avoir un portrait assez exact de la situation. On sent que leur appréciation est sincère. Pour les plus grands, il y a des messages plus élaborés, on voit qu’il y a quand même une réflexion derrière tout cela. J’ai aussi l’impression que plusieurs parents ont sauté sur l’occasion pour avoir cette discussion-là avec leurs enfants, leur faire réaliser ce qui se passe hors des quatre murs de leur propre confinement. Ils sont très sensibilisés. Quand je les rencontre, même les plus petits me surprennent. Ils n’ont pas la tête dans le sable », affirme Mme Picard.
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Étant donné que les écoles sont fermées et qu’on veut limiter les contacts ainsi que la manipulation d’objets, les élèves photographient leurs dessins puis les acheminent par courriel. Ceux-ci sont ensuite imprimés puis installés sur le Mur de l’espoir.
L’enseignante souhaite qu’en apercevant cette mosaïque au quotidien, les travailleurs de l’hôpital sentent qu’ils sont appuyés dans leur combat. « J’espère qu’ils vont réaliser à quel point leur travail est apprécié, que tout le monde réalise tous les sacrifices qu’ils font en ce moment. Ce sont eux qui soutiennent la communauté. S’ils n’étaient pas là, ça irait vraiment mal. J’espère qu’en voyant les dessins et les messages, ça leur donnera envie de continuer, de ne pas lâcher, de traverser cette épreuve », dit-elle.
Conserver le lien avec les élèves
Alors que les écoles ontariennes sont fermées depuis le 13 mars et qu’on ignore toujours si elles rouvriront leurs portes avant la fin de l’année scolaire, Mme Picard ne cache pas que la situation n’est pas idéale et qu’elle s’ennuie de ses élèves, malgré l’enseignement à distance et tous les moyens technologiques mis en place.
« Avec les tout-petits, il y a une bonne part de notre relation qui est basée sur le lien affectif, alors c’est certain qu’à distance, c’est plus difficile à cultiver. J’essaie d’organiser des activités très ludiques, engageantes. Je les encourage à envoyer des photos de leurs activités. Il y a deux semaines, j’ai aussi initié aussi l’heure du conte (par le biais de Meet). On le faisait toujours avant le départ en autobus en fin de journée et ça me manquait énormément. On le fait maintenant à 19 h 30 du lundi au jeudi, on a conservé la tradition. Le taux de participation est très élevé, les frères et sœurs sont souvent là, c’est beau à avoir et ça aide les parents à conserver une routine, parce qu’après deux mois, c’est plus difficile d’avoir une structure », lance l’enseignante.