Rencontrée sur un piquet de grève à Ottawa, l’enseignante de français à l’école secondaire publique De La Salle, Cassia Larocque, a témoigné à quel point la fatigue est palpable pour ses collègues et elle en raison de la difficile réalité qui prévaut dans une salle de classe en 2020.
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«Je dirais que le niveau de violence est dans le tapis. […] Aussi, les enseignants sont aussi un peu devenus tannés de remplir des rapports parce qu’il n’y a rien qui se passe ou on leur donne des solutions qui sont non-fonctionnelles. Les classes continuent de grandir. On parle de moyenne, mais ce que les gens ne savent pas, c’est que c’est une moyenne systémique. Tous les profs sont inclus, alors un enseignant ressource qui n’a pas nécessairement de classe est quand même compris dans la division pour le ratio prof-élève. Les plans d’enseignement individualisé, les élèves qui ont des besoins particuliers, il y en a de plus en plus. La charge de travail augmente, mais les ressources ne suivent pas», s’attriste-t-elle.
Qu’à cela ne tienne, l’enseignante de 8e année affirme que c’est sa passion et qu’elle «ne ferait rien d’autre dans la vie».
«J’adore ce que je fais. J’ai dû prendre six mois de congé pour une remise en question, pour réfléchir, après avoir vécu des situations conflictuelles dans une autre école. Mais après ce temps d’arrêt, je suis revenue», confie-t-elle.
Tenant à dire que le salaire n’est pas l’enjeu principal des négociations, Mme Larocque dit qu’à choisir entre les deux, même si le coût de la vie augmente année après année, elle opterait «à 100 milles à l’heure» pour de meilleures conditions de travail.
Elle se dit déterminée à aller jusqu’au bout, advenant que le conflit dégénère jusqu’en grève générale illimitée.
«À un moment donné, l’éducation est un investissement et non pas une vache à lait. Il faut investir si on veut que ça donne des résultats. Le contraire donne des conséquences très négatives», s’exclame-t-elle.