Une formation médicale en français de A à Z en Outaouais

Le ministre responsable de l'Outaouais, Mathieu Lacombe, a fait l'annonce lundi matin devant un parterre d'invités dont le Dr Samuel Benaroya, vice-principal adjoint à la faculté de médecine de l'Université McGill, Dr Gilles Brousseau, doyen associé à la faculté de médecine de l'Université McGill et directeur du Campus Outaouais et le Dr David Eidelman, vice-principal aux affaires médicales et doyen de la faculté de médecine de McGill.

« En français. » Ces deux mots étaient sur toutes les lèvres, lundi à l’Université du Québec en Outaouais (UQO), alors que le gouvernement du Québec a confirmé que l’année préparatoire à la formation en médecine de la faculté satellite de Gatineau sera offerte dans la langue de Molière dans la région dès l’automne prochain.


C’est devant des dizaines de personnes que le ministre responsable de la région, Mathieu Lacombe, a confirmé ce qui avait été dévoilé par Le Droit lundi matin. L’année préparatoire par laquelle doivent passer les finissants du cégep avant d’entamer leurs études en médecine à la future faculté satellite de l’université McGill en Outaouais a pu être francisée.

Dès l’automne prochain, 20 étudiants pourront suivre, dans les locaux de l’UQO, les cours nécessaires à leur entrée dans le programme de médecine. Avec quatre autres étudiants ayant un autre parcours académique, ils feront ensuite leur entrée en 2021 à la faculté satellite qui recevra sa première cohorte en septembre prochain.

Le gouvernement assumera la facture récurrente de 140 000 $ par année pour éviter que les étudiants provenant d’un cégep doivent suivre cette formation préparatoire en anglais, sur le campus montréalais de l’université McGill.

Sur les dix cours de l’année préparatoire, il y en aura cinq en « sciences de la vie » offerts par deux professeurs de McGill qui se déplaceront à Gatineau, a indiqué le Dr Gilles Brousseau, doyen associé et directeur du Campus Outaouais.

Pour nous, ça n’avait aucun bon sens. Il fallait absolument que tout ça puisse se donner en Outaouais en français.

Les cinq autres cours – en sciences humaines et sociales – seront sous la responsabilité de professeurs de l’UQO.

Tout en rappelant que ce sont les libéraux qui ont mis en branle le projet de faculté satellite, M. Lacombe a affirmé que la Coalition avenir Québec venait de corriger « une erreur » commise par l’ancien gouvernement dans le dossier de l’année préparatoire.

« C’était un casse-tête », a-t-il mentionné en soulignant que par « conviction politique », il avait fallu « défoncer des portes » pour en arriver à l’annonce de lundi.

En offrant le programme préparatoire à l’UQO, la formation sera donc offerte en entier en français dans la région, dès la sortie du cégep jusqu’à la résidence en médecine familiale.

« C’est clair que ça va faire une différence, parce qu’ironiquement, des gens de Gatineau qui auraient été admis à la faculté de médecine ici en Outaouais auraient dû déménager une année à Montréal, suivre la formation en anglais et puis revenir ensuite à Gatineau, a illustré le ministre Lacombe. Pour nous, ça n’avait aucun bon sens. Il fallait absolument que tout ça puisse se donner en Outaouais en français. »

Le Dr David Eidelman, vice-principal aux affaires médicales et doyen de la faculté de médecine de McGill, a de son côté mentionné que l’établissement montréalais tenait à « écouter les besoins de la population ». « Ça nous a été clairement expliqué que c’était essentiel que toute la formation se fasse ici dans la région en français », a-t-il rappelé.

Le recteur de l’UQO, Denis Harrisson, a aussi salué l’annonce gouvernementale qui « apportera une nouvelle dynamique », tout en représentant « une étape importante pour le développement » de futurs programmes en santé au sein de l’établissement régional.

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IMPÉRATIF FRANÇAIS VEUT QUE L'UQO GÈRE TOUTE LA FORMATION MÉDICALE

Tout en saluant la francisation de l’année préparatoire aux études au sein de la faculté satellite de médecine de Gatineau, le président d’Impératif français, Jean-Paul Perreault, demeure convaincu que la gestion du programme en entier ne devrait pas relever d’une université anglophone comme McGill.

Jean-Paul Perreault

Présent lundi à l’Université du Québec en Outaouais (UQO) alors que le ministre Mathieu Lacombe y annonçait que l’année préparatoire aux études médicales serait offerte en français dans la région dès l’automne prochain, M. Perreault a rappelé qu’Impératif français avait réclamé une intervention gouvernementale dans ce dossier.

« C’est quand même incroyable de voir que l’on ait eu à se battre pour réclamer que l’on offre, ici en Outaouais, au Québec, dans une région à plus de 90 % francophone, un programme de formation en médecine en français », a-t-il mentionné.

Même s’il s’agit d’une « bonne nouvelle », le président d’Impératif français estime qu’« elle est loin d’être complète ». « La gestion du programme de formation en médecine devrait relever de l’UQO, et non relever d’une université de langue anglaise », insiste-t-il.

La création d’une faculté de médecine à part entière à l’UQO est donc une avenue qui « s’impose » aux yeux de M. Perreault, entre autres en raison « du déficit des services de santé » dans la région.