Faire un pont francophone entre l’Afrique et Ottawa

Le professeur Sanni Yaya s’intéresse plus particulièrement aux maladies infantiles et aux problèmes de maternité sur le continent africain.

Le professeur Sanni Yaya dirigera la toute première Chaire Senghor de la Francophonie sur la santé et le développement en Afrique subsaharienne de l’Université d’Ottawa.


La Chaire Senghor a pour but « d’encourager des travaux de recherche indépendants et de faire progresser les connaissances sur la francophonie et à animer un débat d’idées sur le monde francophone et son évolution », indique l’Université, qui a inauguré la Chaire le 28 janvier dernier.

Désirant obtenir cette Chaire tant convoitée par de nombreuses autres institutions universitaires à travers le monde, l’établissement postsecondaire a misé sur Sanni Yaya en envoyant sa candidature au comité du Réseau international des Chaires Senghor de la Francophonie.



« J’ai par la suite été invité en novembre à Istanbul en Turquie devant le comité de la Chaire pour faire une présentation et répondre aux questions des membres du comité. Ils ont délibéré et ils sont par la suite revenus pour nous dire qu’on [lui et son collègue] avait gagné et que c’était la première fois que le gagnant faisait autant l’unanimité. J’étais très ému », a avoué ce dernier.

« Je commence à peine à réaliser ces derniers jours ce que ça signifie d’avoir remporté cet honneur. Ce n’est pas n’importe qui Senghor, c’est un grand homme, c’est un honneur d’être associé à ce nom-là » a lancé le chercheur au sujet de Léopold Sédar Senghor, un ancien homme d’État français et premier président de la République du Sénégal.

M. Yaya s’intéresse plus particulièrement aux maladies infantiles et aux problèmes de maternité sur le continent africain.

« Je reviens du Nigeria récemment et là bas, ils sont habitués de voir des enfants mourir. Un enfant sur 13 meurt avant l’âge de cinq ans. Parfois, les mères vont porter jusqu’à 20 enfants au cours de leur vie et pour eux, c’est normal » explique-t-il.



Ce dernier a immigré au Canada pour étudier vers l’âge de 17 ans après avoir passé sa jeunesse au Bénin. Pour lui, il était tout à fait naturel de redonner à son continent d’origine.

« Ce qui se passe en Afrique me touche beaucoup, car quand je rentre en Afrique, je me renseigne sur mes anciens amis et je me rends compte qu’ils sont presque tous morts. Ceux avec qui j’ai grandi sont décédés à cause d’ennuis de santé de base comme des infections tel le tétanos. Si j’ai réussi aujourd’hui, c’est en partie parce que je suis venu en Occident », juge celui qui est devenu professeur à Ottawa en 2006.

Sanni Yaya, qui est aussi chercheur à l’Hôpital Montfort, estime qu’il était essentiel d’obtenir cette Chaire en français. Il doit parfois travailler et publier des travaux en anglais, car le secteur de la recherche en santé mondiale « est dominé par les anglophones » et « ne reflète pas la réalité de l’Afrique qui contient plusieurs démographies et plusieurs langues ».

« Si on veut donner aux Africains un accès aux meilleurs outils possible, il faut que ça soit dans une langue qu’ils comprennent. »

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