Jouer dans la rue, c’est sérieux à Gatineau

Le jeu dans la rue à Gatineau sera bientôt permis dans certaines rues dans le cadre d'un projet pilote.

Après trois ans d’analyses et de consultations, la Ville de Gatineau s’apprête à lancer son fameux projet pilote visant à permettre aux enfants de jouer dans certaines rues en toute légalité. Les jeunes Gatinois deviendront, cet été, les premiers résidents d’une grande ville au Québec à obtenir ce droit.


Parce que jouer dans la rue c’est sérieux, le chemin réglementaire pour s’y rendre a été beaucoup plus sinueux que prévu, admet la présidente de la commission Gatineau, ville en santé, Renée Amyot. Le Code de la sécurité routière l’interdit formellement. Depuis l’adoption de la Loi sur l’autonomie municipale, une ville peut cependant demander une dérogation à ce règlement sur son territoire si elle met en place les mesures pour que la pratique soit sécuritaire.

La commission Gatineau, ville en santé planche sur ce projet depuis février 2017. Un sondage mené à l’hiver 2018 avait révélé que 88 % des répondants étaient en faveur de permettre le jeu libre dans la rue. Des craintes liées à des enjeux de sécurité, de respect et de tolérance et à la capacité de sensibiliser les automobilistes avaient toutefois été soulevées. Le projet pilote devait à l’origine être mis en place à l’été 2019, mais les inondations printanières ont forcé l’administration à revoir ses priorités.  

Jouer selon les règles

Un appel de candidatures sera lancé, à la fin février, pour identifier 50 rues et quatre blocs de rues qui auront l’occasion de se qualifier pour le projet pilote. Le conseiller Mike Duggan a rappelé que les demandes que devront faire les citoyens pour qualifier leur rue devront être simples afin de ne pas décourager les gens. L’administration a dit qu’elle prenait « bonne note » de son commentaire. 

Les rues choisies auront été triées sur le volet. Il devra s’agir de rues locales, exemptes de circuit d’autobus de la Société de transport de l’Outaouais, en dehors des zones scolaires, éloignées d’un commerce et où la vitesse maximale sera de 40 km/h. 

La zone de jeu devra être située à au moins 30 m d’une courbe. Le jeu dans ces rues sera permis de 9 h à 21 h où il y a des lampadaires, et jusqu’à 30 minutes avant le coucher du soleil où il n’y en a pas. Une amende de 30 $ pourrait être donnée à ceux qui ne respectent pas le règlement. 

Plus sévère

Mme Amyot a ajouté que dans la mesure où le jeu sera permis dans certaines rues, le niveau de tolérance des services policiers devra être réduit aux endroits où il ne sera pas autorisé. 

« Le Code de la sécurité routière devra s’appliquer là où il n’y a pas de projet pilote, a-t-elle précisé. Si on veut faire une bonne évaluation du projet pilote, il faudra l’appliquer au pied de la lettre, donc être plus sévère aux endroits où le projet pilote n’aura pas cours. »

L’ancien policier et conseiller Pierre Lanthier estime que l’encadrement du jeu dans la rue permettra aux services policiers d’intervenir plus facilement auprès des jeunes qui ne respecteraient pas le règlement ou d’un voisin qui se plaint contre des enfants qui jouent devant chez lui. 

La Ville de Gatineau prévoit investir 68 540 $ pour ce projet pilote, notamment pour une campagne de sensibilisation et l’installation de signalisation.