Le ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs, Pierre Dufour, et le ministre responsable de l’Outaouais et député de Papineau, Mathieu Lacombe, en ont fait l’annonce jeudi, à Thurso.
Cette « cellule d’intervention sur la vitalité de l’industrie forestière dans les régions de l’Outaouais et des Laurentides » regroupera des élus municipaux et régionaux, des représentants de l’industrie forestière et des intervenants provenant de différents ministères. Les préfets de la MRC de Papineau et de la MRC de la Vallée-de-la-Gatineau, Benoît Lauzon et Chantal Lamarche, avaient publiquement réclamé la mise en place de cette table de discussions, le 18 novembre, lors d’une réunion d’urgence tenue à l’Hôtel de Ville de Thurso.
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« C’est une cellule d’intervention qui est constituée de joueurs clés en pouvoir décisionnel. Ce ne sont pas des figurants qui sont ici aujourd’hui, ce sont des gens qui ont le pouvoir de changer les choses », a affirmé le ministre Mathieu Lacombe.
La nouvelle instance sera constituée d’un comité directeur, d’un comité de liaison et d’un groupe de travail. « Cette structure va permettre de travailler efficacement avec agilité, en assurant un bon transfert d’information à tout le monde », a-t-il ajouté. Dans son point de presse, le ministre Dufour a affirmé que « rien ne sera laissé au hasard » et que toutes les idées pouvant mener à la viabilité de l’industrie forestière régionale seront étudiées par les membres de la table de discussions.
« Mes collègues et moi avons une priorité dans ce dossier, c’est d’assurer la pérennité du secteur forestier de l’Outaouais et des Laurentides », a souligné M. Dufour, rappelant que le temps pressait.
Des mesures applicables dès juin
La cellule d’intervention devra notamment « établir un portrait de l’environnement d’affaires », « présenter une vision commune pour l’Outaouais et les Laurentides », « élaborer un plan de travail », « émettre des recommandations à mettre en œuvre pour 2020-2021 » et « développer un modèle d’affaires intégré ».
« Nous visons la première moitié de 2020 pour compléter tous les éléments du mandat », a précisé le ministre de la Forêt.
Plus précisément, l’échéancier mis de l’avant prévoit que des solutions devront être identifiées dès le printemps prochain. Entre-temps, M. Dufour ne ferme pas la porte à ce que d’autres mesures d’urgence puissent être déployées, comme ce fût le cas dans les dernières semaines. Fortress Global a notamment bénéficié de prêts gouvernementaux de 5 et 8 millions depuis septembre pour maintenir ses actifs en attendant de trouver un repreneur. Une aide de 5,3 millions de dollars a également été annoncée il y a deux semaines dans le but de permettre aux scieries de la région d’acheminer temporairement leurs bois vers l’usine de Domtar située à Windsor, en Estrie, faute de pouvoir vendre leurs volumes à l’entreprise Fortress.
« S’il y a d’autres actions qu’on peut prendre immédiatement, on va les faire, mais au-delà de tout ça, il faut quand même assurer la pérennité de cette industrie forestière de l’Outaouais et des Laurentides et voir comment on peut aller dans le temps pour ne plus être dans des situations d’urgence comme on le vit présentement », a indiqué le ministre Dufour.
Avenir incertain pour Fortress
Le ministre Mathieu Lacombe a par ailleurs réagi à la nouvelle publiée jeudi par Le Droit concernant le fait qu’aucun acheteur n’avait déposé d’offre pour procéder à l’acquisition de Fortress Global, dans les délais prévus, et que l’entreprise n’écartait pas la possibilité de se placer prochainement sous la protection de la Loi sur la faillite et l’insolvabilité.
« Je veux souligner le fait que nous avons agi rapidement et que nous avons aidé Fortress à coups de millions de dollars pour lui permettre de conserver un minimum d’activités pour qu’un acheteur puisse se présenter, mais en même temps, on ne peut pas tordre le bras de quelqu’un pour qu’il procède à l’achat. Notre job, c’est de faire tout ce qu’on peut pour qu’il y ait un acheteur qui se présente. Ça, on continue de le faire et on joue notre rôle », a déclaré M. Lacombe.
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La scierie Lauzon cessera ses activités la semaine prochaine
En raison d’un manque d’approvisionnement, la scierie Lauzon, située à Thurso, fermera ses portes pour une durée indéterminée à compter du 19 décembre, ce qui aura pour conséquence la mise à pied de 113 travailleurs.
Les employés concernés ont été rencontrés et informés de la décision jeudi après-midi, lors d’une réunion d’urgence tenue par la direction de l’entreprise.
« C’est le contrecoup direct à la fermeture de la papetière Fortress, en octobre dernier et à l’incapacité du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs à apporter des solutions acceptables à temps requis pour éviter cette fermeture », a fait savoir Lauzon Planchers de bois exclusifs dans un communiqué de presse officiel.
Invité à commenter la situation, le président David Lauzon a affirmé que son entreprise allait faire tout en son possible pour trouver un moyen de redémarrer les opérations de la scierie de Thurso rapidement. « Au cours des prochaines semaines, on va écouler les inventaires que nous avons parce que les approvisionnements externes ne sont pas suffisants pour continuer et ensuite on va procéder à un arrêt », a-t-il d’abord expliqué.
« On va mettre tout en œuvre pour trouver d’autres solutions d’approvisionnement dans d’autres sources forestières, soit en Ontario, aux États-Unis et dans nos propres terrains forestiers que nous détenons, afin de minimiser l’impact durant le ralentissement de notre scierie. L’objectif est de repartir aussitôt que nous aurons des volumes nécessaires », a ajouté le président de la compagnie.
Avec la fermeture de l’usine de Fortress, il y a deux mois, Lauzon Planchers de bois exclusifs a dû se résigner il y a déjà quelques semaines à cesser toutes ses coupes en forêt publique, ce qui a déjà occasionné une perte d’emploi pour 165 travailleurs forestiers. Entre 25 % et 30 % de l’alimentation en copeaux de bois et en bois de pâte de Fortress Global provenait de l’entreprise Lauzon.
Pour l’instant, les installations de Papineauville (de la compagnie) ne sont pas affectées par la situation, a confirmé le gestionnaire.
« Pour toutes nos opérations planchers, nous avons des inventaires très importants au niveau du bois d’œuvre pour fournir. On a aussi de l’approvisionnement externe donc on ne voit pas d’impact sur nos usines de planchers à moyen terme », a-t-il affirmé.