D’abord, il a quitté le restaurant Atelier de Joël Robuchon après trois ans. Il s’y plaisait bien et il y était apprécié. Pourquoi quitter ?
« J’y pensais déjà, mais je me cherchais encore un peu, témoigne-t-il. Atelier m’a permis ça, de trouver ma voie. J’y ai apprécié la rigueur, j’ai trouvé ça bon. »
Mais après trois années, il a ressenti le besoin de changer d’air, comme bien des chefs avant lui. Il faut savoir qu’il existe un urticaire chez les gens en cuisine qui les font sautiller d’employeur en employeur, question d’en apprendre davantage, ou simplement parce qu’ils en ont assez de toujours voir les mêmes visages derrière les chaudrons. Ils profitent aussi grandement du fait qu’il y a une telle pénurie de personnel qu’ils peuvent quitter un endroit de travail le vendredi et recommencer chez un nouveau le lundi, et personne ne sourcillera.
Donc, première décision étonnante, Benjamin Oddo a quitté Atelier cet hiver. Il est revenu travailler au Casino du Lac-Leamy, mais ce n’était qu’un court intermède.
Ce qui mène à sa deuxième décision : il ouvre ces jours-ci la Maison Oddo, une chic pâtisserie-boulangerie au 260, boulevard Saint-Raymond, dans le secteur Hull de Gatineau. Ce qui ne sera pas pour faire trop plaisir à Fidélice. La pâtisserie qu’ont fondé Rasmey You et son épouse Anne Chabot domine le marché de la pâtisserie depuis 25 ans.
L'Outaouais, un terroir incroyable
Le chef Oddo entend y faire du haut de gamme.
« Je veux que mon commerce demeure à taille humaine. Je ne crois pas au volume, mais à la qualité. »
Bref, cela ne lui sera pas trop difficile. Il faut savoir qu’après une demi-douzaine d’années au Casino du Lac-Leamy, son talent a émergé facilement. Puis s’est concrétisé chez Robuchon. Ce dernier est l’un des plus grands chefs au monde, ou plutôt… «était». Il est décédé récemment d’un cancer, mais son équipe veille au grain sur ses 31 établissements.
Je veux que mon commerce demeure à taille humaine. Je ne crois pas au volume, mais à la qualité.
Talentueux Benjamin Oddo, mais un peu à court d’argent. Il s’est donc associé avec l’avocat Pierre Landry, bien connu en Outaouais et un fidèle client du restaurant Le Baccara du Casino, où ils se sont rencontrés, sous l’égide du chef exécutif Denis Girard. Ensemble, ils exploreront de nouveaux marchés. Car en plus de la pâtisserie traditionnelle, ils prévoient faire de la boulangerie : pains, croissants, etc. Ça, c’est si les choses vont bien. Optimiste, Benjamin Oddo n’a pas encore trouvé de boulanger à un mois de l’ouverture officielle, ce qui est un grand risque, compte tenu de la rareté de la main-d’oeuvre. Il anticipe démarrer à cinq jours par semaine, cela ira, mais il devra avoir son boulanger en place en janvier ou février. Et il y a toujours la menace que son boulanger lui fasse faux bond après quelques mois.
Il revient en Outaouais même s’il a « aimé vivre à Montréal ». Mais son épouse est de la région et il a pris l’accent.
Benjamin Oddo y a aussi développé une affection incroyable pour les produits de l’Outaouais. Oui, oui.
« L’Outaouais peut compter sur un terroir incroyable, et c’est ce que je me propose de faire découvrir. »
On a hâte!