La motion est pourtant passée à l’unanimité, signe d’une unité de la part des élus incluant la mairesse francophone Bernadette Clément. Mais que dit cette résolution ? En gros, la Ville « demande au ministre provincial de la Formation, des Collèges et Universités de considérer la ville de Cornwall comme un site possible pour la construction de la première université de langue française de l’Ontario ».
Aussi surprenante soit-elle, la démarche s’inscrit dans une logique… vue des francophones de Cornwall. Les ambitions sont nobles. Avec un peu plus de 10 000 Franco-Ontariens sur son territoire, Cornwall se classe en cinquième position des « villes francophones » de l’Ontario. Seuls Ottawa, Toronto, le Grand Sudbury, et Timmins font mieux.
Mais cet atout démographique comporte une ombre qui cible directement les plus jeunes. D’une, Cornwall ne possède pas de programmes postsecondaires en français, si ce n’est quelques salles de classe offertes par l’Université d’Ottawa. Et les 100 kilomètres de route qu’il faut pour se rendre jusqu’à Ottawa obligent à considérer à deux fois l’option d’étudier dans la langue de Molière. Par ailleurs, la proximité des États-Unis rend la municipalité vulnérable à l’assimilation.
De là à voir l’UOF venir à Toronto plutôt qu’à Cornwall ? Très improbable. La signature du protocole d’entente entre les paliers provincial et fédéral il y a trois semaines a gravé dans le marbre le lancement du projet dans la Ville Reine pour 2021.
Hypothèse donc : la municipalité se verrait tout de même bien devenir un campus « satellite » de la future UOF. Les élus envoient donc un signal fort, le tout à quelques semaines des élections fédérales. Comme l’a souligné le conseiller Syd Gardiner, celui qui a déposé la motion, « le fédéral n’a pas encore mis l’argent ». Sous-entendu : il est encore temps.
N’oublions pas qu’en cas d’arrivée des troupes d’Andrew Scheer au pouvoir – une possibilité – la circonscription de Stormont-Dundas-South Glengarry, dont fait partie Cornwall et qui semble promise aux conservateurs le 21 octobre, pourrait devenir l’un des rares coins à la fois francophone et « bleu » en Ontario. Les communications avec le bureau du premier ministre s’en trouveraient facilitées...
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