Je ne sais trop pourquoi ce terrain est resté vide toutes ces années. Il est pourtant bien situé pour tout commerçant qui voudrait y faire des affaires. Il se trouve sur le chemin de Montréal, à l’angle de la rue Dupuis, voisin de la pharmacie Jean-Coutu, d’une succursale de la LCBO et de l’ancien hôtel de ville de Vanier converti depuis en de luxueux condominiums. Une place de choix, quoi.
L’Association des enseignantes et enseignants franco-ontariens (AEFO) a songé s’y établir et d’y faire construire un tout nouvel édifice, il y a plusieurs années. Mais ce projet est tombé à l’eau. Et ce terrain carré est toujours vacant.
Mais pas pour longtemps puisqu’on apprenait la semaine dernière que ce terrain orphelin deviendra un lieu de rassemblement public destiné aux Franco-Ontariens. Un emplacement qui portera le nom de « Carré de la francophonie » et qui sera inauguré le 25 septembre prochain, Journée des Franco-Ontariens. On devrait inviter la productrice de cinéma, Denise Robert, à cette inauguration.
Pardon, chers lecteurs. Je crois que je viens de vous perdre. Pourquoi inviterait-on la conjointe du réalisateur oscarisé Denys Arcand et productrice des films Les Invasions barbares, Ma vie en Cinémascope, Maurice Richard, De père en flic et tant d’autres succès du cinéma québécois à cet événement, demandez-vous ? Je vous explique en vous ramenant plus d’une cinquantaine d’années en arrière.
Il y avait à l’époque cette magnifique maison sur ce terrain devenu vacant. Une maison avec une grande fenêtre qui donnait sur le chemin de Montréal et à travers laquelle on pouvait apercevoir une immense piscine intérieure. Une piscine qui faisait l’envie des p’tits culs de Vanier comme moi qui devaient se contenter du boyau d’arrosage ou de la pataugeoire du parc Nault pour se rafraîchir en période de canicule.
Cette maison était celle du Docteur Robert, le père de Denise Robert. C’est dans ce petit château de Vanier que la célèbre productrice a grandi.
Son père a vendu sa maison vers le début des années 1970, je crois. Elle a ensuite été convertie en Maison d’amitié, me dit-on. Puis elle a été démolie, je ne sais trop pourquoi, quelques années plus tard. Je devine que la piscine avait coulé causant des dommages irréparables, mais je peux me tromper. Et si vous vous rendez sur ce terrain vacant aujourd’hui, vous apercevrez des vestiges de la fondation de la maison du Docteur Robert.
Voilà pourquoi Denise Robert devrait être invitée à l’inauguration de ce « Carré de la francophonie ». Afin qu’elle revive un peu son enfance.
Mais je doute fortement que Mme Robert accepte une invitation à cette inauguration, elle qui s’est toujours dite originaire du quartier Côte-de-Sable. Ça fait plus riche, la Côte-de-Sable. Ça fait plus chic.
Mais qu’elle le veuille ou non, elle est Vaniéroise. « Fin ».
PAS UN QUARTIER FRANCOPHONE
Cela dit, c’est une bonne idée ce « Carré de la francophonie », un lieu de rassemblement facile d’accès et situé en plein cœur de Vanier, bastion de la francophonie ontarienne, comme on se plaît à nommer cette ancienne ville.
Mais j’espère qu’on s’arrêtera à ce « carré » et qu’on ne reviendra pas encore une fois avec l’idée saugrenue de créer un « quartier francophone » à Vanier.
Ottawa est une ville bilingue. Les francophones y vivent partout, de Cumberland à Barrhaven, en passant par Orléans, Kanata et Vanier.
Notre quartier, c’est notre ville.
INAUGURATION
La cérémonie de désignation officielle du « Carré de la francophonie » se déroulera le 25 septembre, à 18 h, avec un lever de drapeau. Quelque 250 personnes sont attendues à l’événement.
Mais pas Denise Robert.