À la place, des commentateurs et des gens du public étaient tombés à bras raccourcis sur l’AFO pour décrier cette alliance ponctuelle avec une organisation qui défend des Anglo-Québécois « riches et avantagés ». Alors que l’AFO milite pour la reconnaissance des droits des Franco-Ontariens, une tâche ardue.
Le président de QCGN, Geoffrey Chambers, avait beau soutenir que les Anglo-Québécois ne demeurent pas tous à Westmount, son message ne passait pas. Leurs adversaires ne voulaient rien entendre des doléances de QCGN, et des difficultés des anglophones du Pontiac, des Cantons-de-l’Est et de la Basse-Côte-Nord, par exemple, à obtenir des services de santé, par exemple.
Nous voici six semaines plus tard. La fureur populaire s’est assagie. Personne ne parle des écoles anglophones transférées « de force » à des commissions scolaires francophones, la question s’est dissipée. Mais il ne faudrait que quelques étincelles pour que tout s’embrase.
L’AFO revient donc à la charge et veut se concentrer sur son message, sur la refonte nécessaire de la Loi sur les langues officielles. Après 50 ans, c’est nécessaire. L’environnement social et politique est complètement différent aujourd’hui de 1969, lorsque la loi a été promulguée. Nous réalisons aisément que le Canada des années 1960 a bien changé depuis les travaux de la Commission Laurendeau-Dunton sur le bilinguisme et le biculturalisme. Rapidement, le fédéral a adopté plutôt le multiculturalisme sous le premier ministre Pierre Elliott Trudeau. En santé, en éducation, en immigration, en culture, dans la plupart des provinces, la situation des langues minoritaires a beaucoup évolué. L’Ontario s’est muni d’un commissaire aux services en français, avant que le gouvernement Ford n’y mette fin. En fait, chaque province a adopté des lois ou des politiques la régissant.
Il reste encore beaucoup à faire. Le Commissaire aux langues officielles fait enquête sur des plaintes qui demeurent lettre morte, même après de longues enquêtes démontrant des ratés de ministères, d’agences ou de partenaires privés comme Air Canada, cela irrite toujours. Il n’y a aucune solution qui en émerge.
L’AFO, Quebec Community Groups Network et la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick ont des solutions. Cela commence par la modernisation de la Loi sur les langues officielles. Ils proposent d’appliquer le bilinguisme jusqu’à la Cour suprême, d’enchâsser le Programme de contestation judiciaire régulièrement défait par les conservateurs, une immigration favorisant la dualité linguistique, une révision de la loi tous les 10 ans, etc. Le Conseil du Trésor serait chargé de la réforme. Un tribunal administratif serait créé pour imposer des ordonnances exécutoires, notamment.
Bref, ils souhaitent une loi qui a plus de dents.
Chaque parti les endosse, mais chacun avec ses partis pris.
Les trois partenaires disent que ces correctifs jouissent d’un large consensus au sein des communautés minoritaires. Ils veilleront à ce que les candidats avancent les réponses que le trio leur souffle depuis un an dans l’oreille. Il s’agit d’une grosse commande. La future campagne électorale nous donnera-t-elle ce son de cloche, ou des promesses vides de sens ?