Créée par le Muséum national d’Histoire naturelle - Musée de l’Homme, à Paris, et adaptée à des publics canadiens, Néandertal gardera l’affiche jusqu’au 26 janvier 2020. Plus de 150 os et artéfacts issus de fouilles archéologiques y sont exposés, certains pour la première fois en Amérique du Nord.
Ayant vécu en Europe et en Asie pendant 300 000 ans, Homo neanderthalensis a traversé des ères glaciaires et des réchauffements extrêmes jusqu’à sa disparition, il y a 30 000 ans. Des forêts de feuillus aux déserts de glace, sa capacité d’adaptation et sa dextérité en matière de confection d’objets lui ont permis de survivre à des environnements rigoureux et à la présence d’animaux dangereux.
Contrairement à ce que suggère le « cavernes » d’« homme des cavernes », ce nomade se logeait surtout dans des abris à ciel ouvert. En témoigne La Folie, en France, site habité il y a 60 000 ans dont les dimensions et les espaces réservés à la fabrication d’outils et aux feux sont recréés. Il chassait, faisait de l’artisanat, et signe qu’il aurait pu y avoir chez lui une métaphysique, une certaine spiritualité, il enterrait ses morts avec des objets funéraires, cachant parfois les corps sous des pierres ou lui coupant la tête.
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Racisme scientifique
Contrairement à la croyance populaire, jamais on n’a trouvé de gourdin sur les sites archéologiques néandertaliens.
Le mythe tenace du rustre à massue vient plutôt de ses premières représentations artistiques faites dans la seconde moitié du 19e siècle, dont certaines sont affichées au Musée. C’est le résultat d’un racisme scientifique : les premiers chercheurs, des Européens blancs, se sont intéressés à lui après la découverte d’ossements dans la vallée allemande de Néander en 1856, à une époque où l’on croyait en une hiérarchie biologique qui justifiait le colonialisme.
Pas de menton, une tête plus ronde et un bourrelet sus-orbitaire développé distinguent son crâne du nôtre. Rapidement, ce curieux être — le premier Homo non sapiens découvert — a été consigné au bas de la hiérarchie. On a cru qu’il s’agissait soit d’un humain atteint de crétinisme, soit, plus saugrenu encore, d’un Cosaque ayant déserté les armées russes. Même lorsqu’on a vu pour la première fois les peintures rupestres dans la grotte d’Altamira, en Espagne, en 1879, on était si convaincu de son manque d’intelligence qu’on refusait de considérer qu’il aurait pu créer quelque chose d’aussi beau, explique le commissaire scientifique Pascal Depaepe.
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Ce n’est qu’en 1904 qu’un grand archéologue de l’époque a admis son erreur sur la grotte d’Altamira. « Il a fallu attendre les années 1900 pour que même nous, Homo sapiens, dans notre préhistoire, on soit considérés comme relativement identiques à ce qu’on est maintenant, ajoute M. Depaepe. Les Homo sapiens étaient des chasseurs-cueilleurs, un peu comme ces “sauvages” africains » que l’on colonisait. « Et donc ça tombait bien. Eux, ils étaient préhistoriques, et donc par effet-miroir, il fallait que tout le monde soit inférieur ! »
Les fouilles et les techniques de recherche se sont développées graduellement après la Seconde Guerre mondiale. Depuis, les connaissances sur le Néandertalien continuent de s’approfondir. On a appris, notamment, qu’il avait vécu sur Terre en même temps que cinq autres espèces du genre Homo, et qu’il a eu des échanges avec les sapiens.
Quant à la raison de sa disparition, et à la survie de la nôtre, aucune réponse ne fait l’unanimité à ce jour. Mais il n’a pas complètement été éradiqué : résultat de croisements avec les sapiens, des recherches récentes ont révélé que les non Africains contemporains portent en eux jusqu’à 4 % d’ADN néandertalien.
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POUR Y ALLER
Quand ? Jusqu’au 26 janvier 2020
Où ? Musée canadien de l’histoire
Renseignements : museedelhistoire.ca