L’Est ontarien est l’une des deux régions au Canada où la population LGBTQ entretient le plus de stéréotypes à l’égard d’autres groupes LGBTQ, selon un sondage de la Fondation Jasmin Roy.
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Cet organisme, qui s’intéresse à la cause LGBTQ, a comme mission de lutter contre l’intimidation, la violence et la discrimination faites aux enfants en milieu scolaire, a rendu publiques ces informations en 2017
Une affirmation qui ne surprend pas la directrice générale du centre Novas-CALACS francophone de Prescott-Russell, Anne Jutras. « Ces personnes vivent beaucoup de discrimination de la part de la population en général, qui leur dit ‘bien là, branche-toi’, et de la communauté LGBTQ, qui disent aussi ‘branche-toi’. Les personnes bisexuelles sont aussi beaucoup plus susceptibles d’être victimes de violence. C’est vraiment difficile pour ces personnes. »
Toujours selon ce sondage, l’autre région qui présente le plus de discrimination au sein même de la communauté LGBTQ est l’ouest du Canada. « Ce sont des valeurs plus conservatrices, des régions rurales souvent issues de l’agriculture, où il y a beaucoup d’isolement, et où il n’y a pas de gros lieux de discussion », poursuit Mme Jutras.
Transphobie
Un autre groupe qui se bute lui aussi à l’intolérance est celui des transgenres. Que ce soit relié à la discrimination ou non, les personnes transgenres suscitent beaucoup de curiosité de la part des différents membres de la communauté LGBTQ. C’est le constat de Mélanie Lepage, femme trans qui anime les rencontres du Groupe LGBTQ & Alliés de Prescott-Russell, à Hawkesbury. Celle-ci a remarqué que la plupart des questions posées par les membres du groupe gravitent autour des personnes transgenres. « Les gens disaient que les conversations, ce n’était pas assez à propos des gais, que c’était trop trans, ou pas assez axé sur les femmes. Des hommes gais sont venus me dire qu’il y avait trop de femmes. Ceux qui sont là pour l’orientation sexuelle trouvent qu’on parle trop des trans, que les trans prennent trop de place. Un moment donné, j’ai dit ‘on va parler des femmes lesbiennes, on va arrêter de parler de moi’. Qu’est-ce qui est arrivé ? Les gens sont revenus sur le sujet des trans. »
Même au sein des différents groupes transgenres, il peut aussi exister une certaine forme de discrimination. « Entre ceux et celles qui ont fait la transition tôt dans la vie, ou plus tard, ou pas encore. »
Cette discrimination entre les différents groupes est difficile à expliquer, remarque Mme Jutras. « Sauf que l’on constate que quand tu es une minorité, tu dois toujours défendre ta minorité, tu dois toujours être au brancard pour défendre qui tu es. Alors un moment donné, si tu es un homme gai, ou si tu es une femme trans, dans la mentalité ici, c’est que tu n’es pas pareil. LGBTQ, c’est trop large pour certains. (...) Ce n’est pas vrai que tous les membres de la communauté LGBTQ sont éduqués et connaissent toutes les réalités de tous les membres. »
Sentiments dépressifs
Par ailleurs, la même étude de la Fondation Jasmin Roy révélait aussi que les Ontariens sont les personnes qui affichent la plus forte présence de sentiments de nature dépressive en lien avec leur orientation sexuelle ou identité de genre au Canada.
« Souvent, c’est que les gens vont être ‘out’ dans leur famille, mais dans le milieu de travail, c’est plus difficile, remarque Mme Jutras. C’est pour ça qu’avec le groupe LGBTQ & Alliés de Prescott-Russell, par exemple, souvent les gens voudront faire des trucs ponctuels comme des dons, mais ils ne s’affichent pas. Les gens ont peur du prix à payer pour s’afficher. La discrimination et le rejet, ça n’arrive pas en pleine face, directement. Ce sont vraiment des choses subtiles, qui ont une grande importance et qui font que cette personne-là se sent rejetée dans sa communauté.