Le procès fort attendu du policier, Daniel Montsion, s’ouvre cette semaine au palais de justice d’Ottawa. Les audiences doivent durer jusqu’au mois d’avril, alors que des témoins, civils et experts, seront appelés à la barre.
L’agent Montsion doit répondre à trois chefs d’accusation déposés par l’Unité des enquêtes spéciales de l’Ontario (UES), l’organisme appelé à faire la lumière sur la mort d’Abdirahman Abdi, survenue le 24 juillet 2016.
Outre le chef d’homicide involontaire, l’agent Montsion est aussi accusé de voies de fait graves et d’agression armée.
« Le tribunal devra se prononcer sur deux questions, a dit, d’emblée, le procureur de la Couronne, Me Philip Perlmutter. La force employée par le policier était-elle excessive ? Et, deuxièmement, est-ce que le comportement du policier a causé la mort de M. Abdi ? Dans les deux cas, nous répondons oui. »
Selon la Couronne, l’une des blessures mortelles provient d’un violent coup de poing au visage.
Ces graves accusations surviennent à la suite d’une altercation qui a eu lieu entre Abdirahman Abdi et les agents Daniel Montsion et Dave Weir, devant le 55, rue Hilda, le 24 juillet 2016.
Selon la Couronne, M. Abdi, 37, ans, souffrait de troubles mentaux, et était possiblement en détresse.
Avec son coéquipier, Daniel Montsion aurait voulu arrêter Abdirahman Abdi, qui aurait posé des gestes inappropriés dans un café situé à environ 300 mètres de la scène finale.
Entre le café et le 55, rue Hilda, il y aurait eu certains échanges verbaux, puis l’altercation mortelle.
Des gants d’assaut
Le ministère public a fait entendre, dès l’ouverture du procès, le spécialiste en reconstitution de scènes de crimes, David Robinson. Parmi les photos de souliers et de pantalons ensanglantés, une photo a attiré l’attention de l’audience.
Il s’agit de la photo des gants que portait Daniel Montsion lors de son intervention tragique.
Ces gants noirs sont renforcés d’un matériel dur, aux jointures. Il s’agit de gants d’assaut Oakley, de modèle Standard Issue.
L’affaire est suivie de près par les proches de la victime, issue de la communauté somalienne, qui milite depuis son décès pour changer les règles d’intervention policières auprès de la clientèle fragilisée ou marginale.
La trop petite salle du palais de justice d’Ottawa était pleine à craquer d’une vingtaine de proches de la victime, de plusieurs collègues de l’accusé, et de nombreux journalistes de la région, lundi matin.
Le juge Robert Kelly et le procureur de la Couronne affectés à cette affaire sont de l’extérieur de la région – soit Toronto – par souci d’équité.
Pour sa part, l’agent est représenté par Me Michael Edelson, bien connu à Ottawa.
L’agent Weir n’a pas été accusé. Il est maintenant considéré comme un témoin important.