Au lendemain de la mise en ligne tard lundi soir d’une vidéo où le propriétaire des Sénateurs d’Ottawa a réitéré que lui et l’équipe « ne s’en vont nulle part », Erik Karlsson ne parlait toujours pas, lui.
« Vous connaissez la rengaine. On se parlera jeudi (à l’ouverture du camp d’entraînement), préparez de vos questions », a lancé le capitaine et joueur de concession à une poignée de journalistes présents, en quittant le Sensplex après avoir patiné avec une quinzaine de coéquipiers mardi matin.
Le double récipiendaire du trophée Norris avait l’air bien serein alors que les commentaires de Melnyk pouvaient être interprétés comme un signe qu’il sera échangé bientôt, son nom n’ayant jamais été mentionné pendant la conversation de 6 minutes avec Borowiecki. Le grand patron des Sénateurs devait pourtant le viser, lui, quand il a déclaré : « Ce n’est plus une question d’individus, parce que vous n’allez pas gagner. Un joueur, deux joueurs, trois joueurs dans le vestiaire ne peuvent le faire à eux seuls. »
Comme Melnyk ne répond que rarement aux questions de journalistes depuis sa sortie maladroite de décembre dernier en marge du match en plein air où il avait évoqué la possibilité de déménager la franchise, on peut aussi lire entre les lignes qu’il pense à la manne qu’apporterait un échange impliquant son meilleur joueur quand il parle d’une « banque de choix de repêchage pour les quatre, cinq, six prochaines années », alors que les Sénateurs n’ont pas leur choix de première ronde de 2019, refilé à l’Avalanche du Colorado dans la transaction qui a amené Matt Duchene. L’avenir de ce dernier et de l’attaquant Mark Stone est aussi incertain, alors qu’ils écoulent eux aussi la dernière année de leur contrat avant de pouvoir accéder à l’autonomie complète l’été prochain.
Il reste à voir s’ils seront intéressés à embarquer dans le plan de « reconstruction » des Sénateurs, tel que qualifié à plusieurs reprises par Melnyk dans sa vidéo.
Mardi en tout cas, Stone s’est refusé à tout commentaire en quittant la patinoire, tout comme tous les autres joueurs approchés par les journalistes, dont le gardien Craig Anderson. Ce dernier avait fait jaser il y a 10 jours quand il avait déclaré qu’il était « trop vieux pour les mélodrames ».
Borowiecki n’était pas sur place non plus et il n’a pas donné suite à une demande d’entrevue téléphonique du Droit. Sa décision de participer à cette vidéo promotionnelle, du jamais vu à Ottawa comme ailleurs dans la LNH, risque de faire jaser dans le vestiaire de l’équipe, qui était déjà « divisé » l’an dernier, avait dit le DG Pierre Dorion en justifiant l’échange de Mike Hoffman en juin dernier, dans la foulée des accusations de cyberintimidation de l’épouse de Karlsson à l’endroit de la fiancée de Hoffman.
Dorion, lors de ses dernières rencontres avec les médias, avait toujours refusé de parler d’une reconstruction complète, pour éviter que les autres équipes connaissent exactement son plan. Melnyk a pourtant levé le voile sur ce plan en disant : « Je pense que nous devons avoir 10 nouveaux joueurs, que ce soit des recrues ou ceux qui ont disputé peut-être moins de 10 matches l’année dernière. L’année prochaine, ce sera 15, peut-être 16. C’est un chiffre qui devrait correspondre à une reconstruction », a-t-il dit.
Melnyk, dont la lettre a été publiée accompagnée du slogan #OttawaDebout, semble paradoxalement avoir des attentes élevées pour la prochaine campagne. « En ce moment, nous sommes dans la benne à ordures et les gens disent que nous ne ferons rien de bon, mais je ne le crois pas. Nous pouvons accomplir plus que beaucoup de gens croient », a-t-il déclaré d’entrée de jeu à Borowiecki.
Mardi, les preneurs au livre du site Bodog.com ont établi les chances des Sénateurs de gagner la coupe Stanley à 200 contre 1, 31e dans le circuit Bettman.
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Admettre la reconstruction, une bonne décision
Les Sénateurs vont dans la bonne direction avec leur campagne de mise en marché en admettant qu’ils sont bel et bien en reconstruction, pense l’expert en marketing de l’Université d’Ottawa Luc Dupont.
Un mouvement jeunesse tel que promis par le propriétaire Eugene Melnyk, «ça implique de l’énergie, de la passion, du coeur au ventre et c’est peut-être ce qui manquait aux Sénateurs, certainement l’an dernier. De repartir avec de nouveaux joueurs qui vont vouloir faire leurs preuves dès le départ... Dans les circonstances, d’accepter qu’on est dans un processus de reconstruction, avec les avantages que ça sous-entend, pas juste les désavantages, c’est probablement une bonne décision», a-t-il confié en entrevue. «Si on est partisan d’une autre équipe, le Canadien de Montréal pour ne pas la nommer, il faudrait peut-être tôt ou tard que l’équipe reconnaisse ça de la même manière que les Sénateurs», ajoute-t-il.
Le professeur en communications de l’U. d’O. pense qu’avec sa sortie et sa lettre, Melnyk cherche à vendre aux partisans de l’équipe l’espoir de jours meilleurs, après une saison désastreuse en 2017-2018 survenue alors que les attentes aient été élevées à l’endroit d’un club qui avait passé à un but près d’atteindre la finale de la Coupe Stanley la saison précédente.
«C’est la deuxième fois qu’il utilise ce genre de manoeuvre-là. La première fois, en mars 2018, il avait envoyé une lettre à l’ensemble des détenteurs de billets de saison. Ce qui est différent pour moi aujourd’hui, c’est qu’on utilise des médias comme Le Droit et d’autres. Ça, c’est un signal de quelque chose qui est important. Si vous envoyez une lettre aux détenteurs d’abonnements, vous vous adressez spécifiquement aux amateurs qui sont plutôt motivés... En utilisant les médias, c’est qu’on veut rejoindre le maximum de personnes dans la région. Ça donne à penser qu’on estime que des amateurs ont peut-être lâché prise à travers les années et la meilleure façon de les rejoindre, c’est d’utiliser les médias comme ça», pense-t-il.
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Une entrevue avec les Sénateurs pour Simpson
On peut rayer un nom de la liste de candidats potentiels au poste d’adjoint au directeur général laissé vacant quand Randy Lee a démissionné le mois dernier, celui de Shawn Simpson.
L’animateur de radio à TSN 1200 a révélé par l’entremise de son compte Twitter que les Sénateurs l’ont sollicité pour qu’il se présente en entrevue pour le poste.
«Je veux remercier le D.G. des Sénateurs Pierre Dorion de m’avoir contacté, et de m’avoir interviewé pour le travail d’A.D.G. Nous avons eu une excellente rencontre de cinq heures. Ils ont décidé d’aller dans une autre direction, et je respecte totalement cette décision», a écrit Simpson.
Ancien gardien de but originaire du secteur Gloucester d’Ottawa, Simpson a de l’expérience dans le monde du hockey alors qu’il a été dépisteur puis directeur des opérations hockey des Capitals de Washington entre 1993 et 2004, puis dépisteur professionnel avec les Maple Leafs de Toronto (2004 à 2008) et directeur des opérations hockey du Dynamo de Minsk en 2009-2010.
Jim Clark, le dépisteur professionnel en chef de l’équipe, pourrait bien être le favori pour le poste.