«Pour le début du mois d’avril», suggère même la présidente du comité, Monique F. Leroux, au cours d’une entrevue accordée au Soleil. «Nous espérons que certaines propositions seront retenues dans le prochain cadre budgétaire du gouvernement.»
Le Conseil consultatif sur l’économie et l’innovation (CCEI) a remis au gouvernement du Québec, plus tôt cette semaine, son rapport portant sur la mise en œuvre de ses 12 recommandations pour stimuler l’investissement privé, pour accroître l’innovation, pour renforcer la compétitivité du Québec et pour intensifier l’internationalisation des entreprises.
Des propositions qui nécessiteront des investissements publics variant entre 1,2 et 1,4 milliard $ à l’intérieur d’un échéancier s’échelonnant entre une année et une décennie selon l’état d’avancement de chacune d’entre elles.
Le comité formé d’une vingtaine de dirigeants de grandes entreprises, de PME, de sociétés d’État, de coopératives et d’organismes institutionnels propose, notamment, d’investir 155 millions $ pour l’ajout de plus de 2000 bornes de recharge rapide pour les véhicules électriques d’ici 2030 et 650 millions $ dans la «décarbonisation» des transports, soit 335 millions $ pour la construction d’une vingtaine de stations-service pour carburants alternatifs et 315 millions $ pour les incitatifs à la conversion des camions.
Véhicules électriques
«L’adoption de véhicules électriques permet d’utiliser de l’énergie propre disponible et produite localement et de réduire nos importations de pétrole. Ce double gain n’existe pas ailleurs en Amérique du Nord», fait valoir le CCEI dans le document de suivi de son rapport rendu public en septembre dernier.
Ce comité sur lequel siégeaient entre autres Alain Bouchard (Couche-Tard), Sophie Brochu (Énergir), Guy Cormier (Mouvement Desjardins), Marc Dutil (Groupe Canam), Éric Martel (Hydro Québec) et Louis Vachon (Banque Nationale) propose également des investissements de 300 à 500 millions $ sur une période de 10 ans pour créer dans la Belle Province «le plus important écosystème d’intelligence artificielle en Amérique du Nord.»
Le CCEI se défend de pelleter tous les coûts de ses recommandations dans la cour du gouvernement du Québec.
«La contribution principale pourra venir du gouvernement, des entreprises ou elle pourra être partagée lorsqu’elle impliquera une participation des acteurs privés et publics», clarifie le comité. Ancienne présidente du Mouvement Desjardins et présidente actuelle du conseil d’administration d’Investissement Québec, Monique Leroux signale que des membres du CCEI vont «s’engager personnellement» dans la réalisation de certaines recommandations.
Les 12 recommandations du CCEI sont regroupées selon quatre grands thèmes : développer le talent et les compétences des Québécois, stimuler la naissance et la croissance des entreprises, miser sur les forces du Québec et bâtir sur des fondations modernes et solides.
Le comité identifie également des «accélérateurs de succès» : doter le Québec d’un centre nerveux décisionnel en matière de formation de la main-d’œuvre, simplifier l’écosystème de soutien à l’entrepreneuriat, trouver des preneurs pour notre énergie propre disponible et offrir l’Internet haute vitesse dans toutes les zones industrielles.
La modernisation de l’État est aussi une nécessité. Une révision des processus et de l’organisation de l’État s’impose pour assurer «la soutenabilité de son action structurante et solidaire alors que des phénomènes comme le vieillissement de la population et la croissance des coûts du système de santé créent une pression croissante.»
Si les 12 recommandations du Conseil consultatif sur l’économie et l’innovation vont assurément alimenter le débat électoral au cours des prochains mois, Monique Leroux affirme que celui sur la modernisation de l’État ne doit pas se faire dans l’arène partisane.
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ALORS, ON COMMENCE PAR QUOI, MME LEROUX?
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Pour la présidente du Conseil consultatif sur l’économie et l’innovation, il y a cinq priorités parmi les 12 recommandations présentées au gouvernement de Philippe Couillard.
Trois d’entre elles sont liées directement au développement du talent et des compétences des Québécois. Une autre vise l’internationalisation des PME. Une dernière, finalement, favorise l’adoption des technologies numériques par les entreprises.
1. «Il y a encore trop de personnes qui ont de la difficulté à lire et à faire des calculs. Dans un monde de plus en plus technologique et numérique, il faut être capable de comprendre une machine, de lire les instructions. L’Université Concordia, en collaboration avec l’UQAM, a développé ABRACADABRA, la meilleure application d’alphabétisation au monde. Adaptons-la pour une clientèle adulte.»
2. «Avec les cégeps, accélérons les programmes pour former des travailleurs spécialisés. Ça se fait déjà, me diriez-vous. Donnons juste un petit coup d’accélérateur.»
3. «Multiplions le nombre de stages en entreprise pour les étudiants, particulièrement pour les étudiants étrangers afin qu’ils restent avec nous.»
4. «Nous proposons la création du Réseau 200. Une équipe étoile de PME dont les revenus sont supérieurs à 5 millions $ et qui frappent à la porte des marchés internationaux. Les dirigeants de ces PME seraient encadrés par d’autres entrepreneurs qui sont passés par là.»
5. «Il y a eu la Tournée du secteur manufacturier innovant. Nous proposons maintenant la Tournée numérique. Il faut aller montrer aux entrepreneurs dans leur usine les dernières applications des technologies numériques adaptées aux entreprises.»
Cinq recommandations qui, selon Monique F. Leroux, peuvent être mises en oeuvre rapidement, et ce, à des coûts raisonnables.