«Tu déposais ton dossier quand les feuilles tombaient et tu recevais les services quand les feuilles repoussaient. C’était vraiment beaucoup trop long», juge le ministre Proulx en entrevue au Soleil. C’est pourquoi, pour la première fois, les dossiers déposés cet automne seront automatiquement acceptés. Ainsi, un enfant qui a des difficultés de langage aura accès à une orthophoniste dès décembre, et un autre qui souffre de dyslexie pourra avoir un ordinateur pour l’aider plus rapidement.
«Dans les écoles, on va cesser d’attendre parce qu’au ministère, ça prenait du temps […] on laisse tomber de la bureaucratie», explique M. Proulx. Les fonctionnaires du ministère continueront de jeter un œil sur les dossiers des élèves handicapés, en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage (EHDAA) qu’ils recevront, mais en faisant seulement de l’échantillonnage.
Un enfant qui a des difficultés de langage aura accès à une orthophoniste dès décembre, et un autre qui souffre de dyslexie pourra avoir un ordinateur pour l’aider plus rapidement.
Le ministre dit faire confiance aux professionnels, comme les psychologues, qui évaluent les enfants dans les écoles. Il soutient d’ailleurs que le «taux de rejet de leurs demandes est très faible».
M. Proulx a procédé cette semaine à ce changement par un amendement aux règles budgétaires pour l’année scolaire en cours. Il y a environ 200 000 élèves en difficulté dans les écoles québécoises. Là-dessus, 42 000 sont directement touchés par cette nouvelle façon de faire, parce que le ministère de l’Éducation leur a accolé un code ou parce qu’ils sont en attente d’en avoir un. Par exemple, il y a un code pour l’autisme, un autre pour les troubles de comportement, etc. Ces codes donnent le droit à l’élève d’obtenir davantage de soutien.
«Une révolution»
Pour le ministre, cette décision est un premier pas vers une réforme complète des codes et de la façon dont les EHDAA sont financés. «Cette année en est une de transition. L’an prochain, ce n’est pas en décembre que l’argent sera dans les écoles, je veux que ce soit en septembre», insiste-t-il.
Ainsi, toute l’approche par catégories sera revue, et l’historique des enfants sera pris en compte. Pour M. Proulx, ce nouveau modèle, qui sera prêt bientôt, représentera «une révolution» dans le monde scolaire.
D’accord avec les récentes recommandations du Conseil supérieur de l’éducation et avec de nombreux experts qui demandent depuis plusieurs années de changer le système, le ministre croit qu’il faut «s’éloigner de l’approche médicale» pour aider les enfants en difficulté.
«On n’a pas besoin toujours de diagnostics, on n’a pas besoin de faire une course aux diagnostics», croit-il. Selon lui, les ressources qui sont déjà dans les écoles [professionnels, travailleurs sociaux, etc.] peuvent être mieux utilisées. Si cette «révolution» porte fruit, ils devraient remplir moins de paperasse et avoir plus de temps pour offrir un service direct à l’élève dans l’avenir.
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Des cours de RCR en 3e secondaire
Tous les jeunes de 3e secondaire devraient être initiés à des techniques de réanimation cardio-respiratoire (RCR) cette année. Le ministre de l’Éducation Sébastien Proulx profite de l’amendement des règles budgétaires pour débloquer 500 000 $ à cet effet. Les écoles pourront faire appel à des formateurs de la Croix-Rouge, d’Ambulance St-Jean ou d’un autre organisme pour donner ces formations au moment où elles le jugeront opportun.
Ayant lui-même suivi des cours de réanimation cardio-respiratoire au secondaire, qui lui ont été très utiles plus tard, le ministre Proulx estime que les initiatives régionales actuelles doivent être étendues. «Je veux m’assurer que tous les enfants du Québec puissent être exposés à l’importance de ces manœuvres.»