La Ville de Gatineau compte environ 1300 kilomètres de rues locales. Des kilomètres d’asphalte auxquels s’ajoutent ceux des rues principales et collectrices, dont plusieurs sont aussi dans un état lamentable.
Le plan triennal d’immobilisation (PTI) étudié par les élus lors de la préparation du budget 2017 prévoit pas plus de 4 ou 5 millions $ par année au cours des quatre prochaines années pour asphalter les rues de quartier, et un effort supplémentaire d’une vingtaine de millions en 2021. D’après la planification, les travaux d’asphaltage prioritaires sont ceux qui touchent les artères principales et collectrices, celles où le débit de véhicules est important.
M. Tassé choisit pour sa part d’accélérer la cadence dans les petites rues. « Les artères principales, ce n’est pas qu’elles ne sont pas inquiétantes, mais c’est déjà planifié de les faire, dit-il. On en fait. C’est dans le PTI. Mais il faut un équilibre [avec les rues locales]. Si on ne s’occupe pas des rues locales, ce sera catastrophique. » Le candidat à la mairie précise que son plan permet d’asphalter 108 des 137 kilomètres de rues locales identifiées comme « finies » et que cela permettra ensuite à la municipalité de stopper la dégradation du réseau.
Questionné sur le manque de main-d’oeuvre à la Ville pour réaliser les travaux, notamment au département de génie civil, M. Tassé y est allé d’une allégorie bien à lui. « Je n’ai jamais fermé un de mes magasins parce qu’il me manquait un boucher, raconte celui qui a passé une partie de sa vie à diriger des marchés d’alimentation. C’est important un boucher dans une épicerie et c’est rare. Bien, on partait et on allait voler celui du compétiteur. »
« Continuer ce qu’on fait »
Denis Tassé reconnaît que les quatre prochaines années à Gatineau ne peuvent pas se résumer à une centaine de kilomètres d’asphalte. Comme quatrième ville en importance au Québec, Gatineau a un rôle à jouer. À ce chapitre, M. Tassé n’a pas l’intention de mettre beaucoup d’efforts pour changer les façons de faire actuelles. « C’est de continuer ce qu’on fait actuellement, c’est de continuer ce qu’on fait, et l’amener à un autre niveau, dit-il. Il faut vendre notre ville. Peut-être faire de la publicité. »
Le maire de la quatrième ville doit aussi être celui qui va aller cogner aux portes des députés pour revendiquer, par exemple, de meilleurs soins de santé pour la population quand le besoin s’en fait sentir. En ce sens, M. Tassé entend poursuivre le travail avec le Front commun régional initié il y a quelques années par le maire sortant, Maxime Pedneaud-Jobin. « On va utiliser ce qui est en place, on va poursuivre les choses », a-t-il ajouté.
Avant de militer pour que les villes obtiennent un point de la TVQ comme le demande le maire sortant [ce qui donnerait 50 millions $ par année à Gatineau], M. Tassé entend s’assurer que Gatineau obtienne sa part des subventions gouvernementales. « Dans le dernier mandat, seulement 2,9 % de notre budget provenait de subventions, alors que c’était 6,8 % dans le mandat précédent, a-t-il rappelé. Le maire actuel n’a pas mis assez d’effort pour aller chercher des subventions. »
Denis Tassé soutient que s’il devient maire le 5 novembre prochain, Gatineau gagnera l’image d’une ville « dynamique et prospère ». Il ne s’est cependant pas étendu très longtemps sur son plan pour y arriver. « On a un potentiel incroyable, a-t-il indiqué. Nos terrains sont moins chers. La construction est moins chère. Il faut vendre nos avantages. Comme maire, je vais sortir de la Ville et pas juste pour aller dans le bureau de Jim Watson, mais pour aller voir des gens, des commerçants, des entreprises, pour les attirer. Je connais ça, les affaires, et les bonnes approches pour réussir. »
DENIS TASSÉ SUR...
Le « parti fantôme »
Denis Tassé admet qu’il s’y est pris un peu sur le tard pour confirmer sa candidature à la mairie. « Ce sont des élus indépendants qui m’ont approché pour que je me présente », dit-il, avant de nier l’existence d’un « parti fantôme » dans la présente campagne. « Il n’y en a pas, sincèrement, insiste-t-il. Il y a des gens qui veulent travailler ensemble. » M. Tassé reconnaît qu’il aurait aimé avoir une équipe déjà en place depuis quelques mois au moment de son lancement. « C’est sûr qu’au niveau de la préparation, la différence [avec Action Gatineau], c’est la question d’équipe, explique-t-il. On est peut-être plus serré dans le temps. On l’a vu avec notre présentation du cadre financier qui a été plus difficile. » Denis Tassé refuse d’envisager son élection à la mairie et une majorité de conseillers d’Action Gatineau autour de la table. « Ça n’aura pas lieu, ça n’existera pas cette situation-là, je suis convaincu, affirme-t-il. Je parle à environ 20 candidats indépendants et on me dit que les gens ne sont pas intéressés au parti politique. »
Ses coupures dans la fonction publique
Le président du comité du budget depuis huit ans à la Ville de Gatineau a de nouveau trébuché en tentant d’expliquer des éléments de son cadre financier, en rencontre éditoriale avec Le Droit. Questionné sur son plan d’attrition dans la fonction publique, M. Tassé a commencé par répondre qu’il n’était pas défini. « On n’a pas fait le calcul exactement de combien on veut aller chercher », a-t-il affirmé. Le cadre financier de M. Tassé prévoit pourtant des coupes équivalentes à 14,5 millions $ en quatre ans. Le document présenté par le candidat prévoit de faire passer le poids de la masse salariale dans le budget de la ville de 47,5 % à 45 % d’ici la fin du mandat. Son équipe a plus tard précisé que cela représentait environ 60 postes. Sylvie Goneau prévoit un plan d’attrition de 18,9 millions $ qui représenterait l’élimination d’environ 200 postes. Denis Tassé soutient que son plan n’aura pas d’effet sur la livraison des services. « Définitivement, nous n’allons pas couper dans les services qui rapportent des revenus, mais dans ceux qui représentent des dépenses », a-t-il précisé. Malgré cette dernière affirmation, il maintient que les coupes n’auront pas lieu dans les services directs aux citoyens.
Son engagement sur le remboursement de la dette
En début de campagne, Denis Tassé s’est engagé à ne pas utiliser annuellement plus de 13 % du budget pour rembourser la dette de la Ville. Alors que le service de la dette est actuellement de 11 % du budget, l’emprunt de 100 millions $ pour asphalter les rues locales proposé par M. Tassé lui retire presque toute marge de manoeuvre pour la suite des choses s’il respecte son engagement. « Je n’avais peut-être pas écouté la question comme il faut quand j’ai dit ça, je parlais d’asphaltage », a-t-il indiqué, en entrevue éditoriale. Il affirme plutôt aujourd’hui qu’il pense pouvoir maintenir cet engagement. Il a cependant été incapable de préciser comment il entendait dégager la marge de manoeuvre nécessaire pour payer la partie de la Ville si le gouvernement fédéral accepte d’octroyer une importante subvention pour un projet d’envergure comme le lien rapide de transport en commun vers l’ouest. « On ne sait pas quels sont les programmes du fédéral, quand ils viendront, à quoi ils vont servir, ni combien on va recevoir, dit-il. Il y aura moyen de regarder à ce moment-là. On va travailler avec notre budget. » Il ajoute qu’il n’a pas l’intention de couper dans les services à la population pour éventuellement dégager cette marge de manoeuvre.