En réponse aux questions de l’opposition néo-démocrate, vendredi aux Communes, Ralph Goodale a assuré qu’il mesurait parfaitement le sérieux des accusations de racisme et d’intimidation qui pèsent contre des membres du bureau torontois des services canadiens d’espionnage.
Le porte-parole du Nouveau Parti démocratique pour les questions de sécurité publique, Matthew Dubé, a réclamé à nouveau vendredi une enquête en profondeur au sein du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS).
Une enquête menée au printemps dernier par une firme indépendante au sein de l’agence à Toronto a conclu à un climat généralisé de favoritisme et de discrimination – mais aussi de découragement au sein des troupes. Un résumé du rapport d’enquête a été rendu public mercredi.
M. Dubé a aussi rappelé que dans leur poursuite en Cour fédérale, cinq employés du SCRS soutiennent qu’ils ont été victimes d’intimidation parce qu’ils sont gais ou musulmans. Le député de Beloeil-Chambly souhaite que le ministre exige maintenant une enquête en profondeur sur ces allégations d’homophobie et d’islamophobie, et sur cette « culture » ambiante au SCRS à Toronto.
Dans leur poursuite, déposée en juillet, les cinq employés qu’on ne peut identifier, soutiennent que des officiers ont alimenté les préjugés à l’égard de collègues musulmans.
Ces agents musulmans, qui sont pourtant jugés essentiels à la mission d’espionnage du service, soutiennent qu’on leur manque de respect et qu’on ne leur fait pas confiance. Ils réclament des millions de dollars en dommages pour « des années d’intimidation exercée par des supérieurs ». Ils soutiennent tous qu’ils ne peuvent plus travailler à cause de problèmes de dépression ou d’anxiété liés à cette intimidation.
Une employée musulmane soutient que lorsqu’elle a commencé à porter le hijab, elle a dû demander la permission à ses supérieurs pour participer à des activités religieuses, même si elle avait passé toutes les vérifications de sécurité.
Par ailleurs, un homme gai qui partage sa vie avec un musulman soutient qu’un collègue lui a écrit dans un courriel 2015 : « Prends garde que ta belle-famille ne te décapite pas dans ton sommeil parce que tu es homo. »
Le ministre Goodale a rappelé que les procédures judiciaires viennent d’être entamées, et qu’elles « seront suivies avec beaucoup d’intérêt », afin de déterminer les mesures appropriées.