Il s’agit d’une hausse notable comparativement à l’an dernier, alors qu’on avait estimé à 17 % la proportion de conducteurs aptes à s’exprimer dans les deux langues officielles du pays avec la clientèle.
C’est qu’OC Transpo affirme avoir effectué pour la toute première fois un sondage auprès de l’ensemble de ses 1700 chauffeurs, chacun d’entre eux ayant été interrogé au fil des derniers mois sur leurs compétences linguistiques lors d’une rencontre individuelle où leurs capacités de comprendre et de parler l’anglais et le français étaient évaluées. L’exercice a été complété il y a quelques semaines à peine.
Au final, le transporteur public conclut que 25 % de ses chauffeurs ont des qualifications de niveau intermédiaire ou avancé dans la langue de Molière, précise le gestionnaire aux opérations du transport en commun pour la Ville d’Ottawa, Troy Charter.
« On avait décidé de faire un tel examen, car on savait que le 17 % ne représentait pas entièrement notre réalité. Il y a des fluctuations selon les retraites et les promotions, mais on sait maintenant que c’est juste un peu au-dessus de 25 %. La francophonie est très importante pour nous, on veut que nos employés reflètent la communauté que nous desservons », dit-il.
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Une autre statistique prouve, selon OC Transpo, que la tendance se renverse lentement mais sûrement : 34 % des chauffeurs embauchés ces trois dernières années sont bilingues.
« On fait beaucoup d’efforts afin que nos services soient bilingues, par exemple avec le système d’annonce du prochain arrêt ou nos salons de l’emploi. On travaille aussi de près avec la Direction des services en français. [...] Et dans un cas où un usager n’est pas en mesure de se faire comprendre par un chauffeur, ce dernier est toujours en contact direct avec le centre de contrôle pour obtenir de l’aide », mentionne M. Charter.
Le maire Jim Watson ne cache pas sa satisfaction face à ces récentes données.
« Ce sont de bonnes nouvelles pour les passagers, on a fait de beaux progrès. Je dis merci à OC Transpo pour leurs efforts », soutient-il.
Même son de cloche pour le président de la Commission du transport en commun d’Ottawa, Stephen Blais.
« C’était notre objectif depuis 2010. Les chauffeurs n’ont aucun avantage au niveau salarial à déclarer qu’ils sont bilingues, alors je pense que ce sondage est un vrai portrait de la situation qui prévaut actuellement. Il faut qu’on puisse communiquer avec notre clientèle qui désire parler leur langue maternelle. Si la hausse de la population francophone se poursuit, ça va se répercuter encore sur notre main d’oeuvre », de dire l’élu.
Quant au conseiller de Rideau-Vanier, Mathieu Fleury, il croit que la réflexion au sujet du bilinguisme chez OC Transpo doit être poussée à un autre niveau.
« 25 %, c’est-ce assez ? Est-ce trop ? C’est une bonne question. Il y a plusieurs éléments à considérer. Il faut même aller plus loin en se demandant si on représente bien toutes les différentes communautés linguistiques, sachant que les nouveaux arrivants, par exemple les étudiants, sont davantage portés à utiliser le transport en commun. [...] Tout ça soulève aussi un point générationnel. Les milléniaux sont statistiquement davantage bilingues », indique-t-il.
Du côté de la Société de transport de l’Outaouais, impossible de connaître avec précision la proportion de chauffeurs bilingues au sein de l’organisation.
« Le bilinguisme n’est pas une exigence pour le poste de chauffeur. Ainsi, nous ne colligeons pas de données à cet égard. Mais sans en connaître le nombre, nous savons que de nombreux chauffeurs sont en mesure d’offrir un service en anglais », affirme la porte-parole Céline Gauthier.