Lever le pied et être à l'affut sur les chantiers routiers

Le chef des opérations en monitoring et mesures d'urgence du MTQ en Outaouais, Denis Thibodeau.

Les innombrables cônes et panneaux oranges, la machinerie lourde, les murets de béton et surtout la présence de travailleurs. Tous ces éléments devraient amplement suffire pour que les automobilistes adoptent une conduite plus sécuritaire dans les zones de chantiers routiers. Or, il semble que plusieurs n'ont pas encore compris le message.


À l'emploi du ministère des Transports du Québec (MTQ) depuis 20 ans, le chef des opérations en monitoring et mesures d'urgence en Outaouais, Denis Thibaudeau, a raconté aux médias jeudi qu'il en voit des vertes et des pas mûres sur le réseau routier de la région. Sur une base très régulière, des incidents impliquant les signaleurs lui sont rapportés.

Posté dans la salle de surveillance de la circulation du MTQ, où les images des caméras surveillant le réseau sont retransmises, il a cité en exemple des situations qui auraient pu avoir des conséquences tragiques.



« Moi-même, je me suis fait heurter avec un collègue dans le secteur du pont des Draveurs, il y a quelques années, alors que nous étions dans la camionnette, stationnée dans l'accotement, avec les gyrophares et la barre d'éclairage allumés. Nous nous sommes fait heurter par l'arrière à plus de 80 km/h. Mon confrère a eu des côtes cassées, tandis que je m'en suis bien tiré », a-t-il raconté.

M. Thibaudeau explique que même les camions atténuateurs d'impacts, installés en bordure de la chaussée expressément pour à la fois protéger les automobilistes et les ouvriers du danger, ne suffisent pas à convaincre certains automobilistes à lever le pied et être plus vigilants. Récemment, un conducteur a happé un camion à benne non loin de la sortie du boulevard de l'Aéroport, sur le chantier de l'autoroute 50.

Un autre incident, qui n'a heureusement causé que de la tôle froissée, est survenu pas plus tard que mercredi, à La Pêche, lorsqu'un conducteur inattentif a embouti avec son véhicule un camion du MTQ garé sur l'accotement d'une bretelle de sortie. Sous la force de l'impact, ce dernier a heurté un lampadaire. 

« Nos employés se sont ramassés à genoux dans le gravier. Ça aurait pu avoir des conséquences graves, par exemple si un travailleur se serait retrouvé entre le camion et le lampadaire », a-t-il lancé, rappelant aux automobilistes qu'ils peuvent être momentanément surpris par une brusque réduction de la vitesse aux abords d'un chantier. 



Inattention

Près d'un accident sur deux causant des blessures dans des zones de travaux routiers (44 %) est causé par l'inattention et la distraction des conducteurs, selon les statistiques du MTQ. La vitesse excessive (20 %) et le fait de suivre le véhicule qui nous précède de trop près (20 %) sont les deux autres principales causes de collisions. Les amendes pour excès de vitesse sont doublées sur les chantiers routiers, atteignant par exemple 210 $ si l'on excède de 20 km/h la limite permise. 

« Avec la rentrée, on entre dans le plus gros temps de congestion de l'année. Si on y ajoute des perturbations en raison d'accrochages, on vient alors de doubler et même tripler le problème », de dire M. Thibaudeau, qui ne s'est pas avancé à savoir si les policiers sont suffisamment présents pour sévir en bordure de la vingtaine de chantiers en cours dans la région.

Fait encourageant, le nombre de victimes d'accidents sur les chantiers a baissé de 46 % depuis cinq ans au Québec, passant de 1367 en 2011 à 735 en 2016.