Près de 200 spécimens et artefacts ornent cette aire de 750 m2, incitant le visiteur à porter un regard différent sur l'importance de la zone arctique pour le Canada - elle constitue 40 % des terres immergées du pays, bien que seules 100 000 personnes y résident - et pour le reste de la planète.
« L'Arctique est comme le frigo du globe : c'est lui qui conserve la planète au frais. S'il se réchauffe, ce n'est pas sans conséquences globales », constate le directeur du Centre de connaissance et d'exploration de l'Arctique, Jeff Saarela. Or, le scientifique note justement que « le manteau arctique se réchauffe deux fois plus vite que le climat du reste de la planète ».
L'exposition permanente - qui « constitue la contribution du Musée au 150e anniversaire de la Confédération » - est sagement découpée en quatre sections explorant tour à tour les écosystèmes, le climat, la géographie et la pérennité de la région polaire.
Au-delà des glaces
Y trône en bonne place l'installation multimédia Au-delà des glaces, qui propose une « expérience interactive » complètement 'givrée', qui convoque trois des cinq sens : la vue, l'ouïe et... le toucher.
Réalisée en collaboration avec l'Office national du film (ONF), l'installation repose sur de véritables panneaux de glace (en réalité, de grandes plaques métalliques où vient se condenser l'humidité naturelle de l'air, grâce à un système de capteurs, ce qui forme une pellicule de glace capable de se régénérer en permanence), qui accueillent des projections vidéo liées à la thématique.
Tandis qu'un environnement sonore reproduit les échos d'une nature nordique, un « cycle vidéo » fait défiler de courtes séquences (animation, dessins et films de type documentaire) nous permettant de toucher du doigt la faune, la flore et les « six saisons polaires ».
Les enfants peuvent librement s'amuser à se faufiler entre les blocs de glace de cet atelier. Pour peu qu'on omette de les surveiller, ils seront sûrement tentés d'utiliser ses parois comme un Mr. Freeze géant, histoire de tester un quatrième sens.
La Galerie de l'Arctique héberge une seconde aire, la petite Galerie des perspectives nordiques, où seront présentées des expositions temporaires réalisées par des communautés du Nord, et qui épouseront donc des points de vue indigènes. Pour l'instant, l'espace accueille Inuinnauyugut, qui met en lumière le mode de vie des Inuinnaits - les « Inuits du cuivre », sous leur regard contemporain.
Les deux aires sont interconnectées par une grande murale conçue en trompe-l'oeil (une anamorphose). Intitulée Ilurqusivut (Nos coutumes), cette oeuvre qui rend hommage à la culture inuite est signée Nancy Saunders, une artiste de Kuujjuaq, dans le Nord québécois.
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En ce 150e anniversaire de la nation, le musée a estimé de son « devoir » de rapprocher de la population canadienne ce territoire immense, à la fois loin et proche, et « souvent méconnu », explique le chef du design du musée, Daniel Boivin.
« Pour la plupart des gens du Sud, c'est un territoire vide, nu, blanc et terne, alors qu'il est plein de vie, de chaleur et de couleurs. » En jouant avec les symboles, l'art, et « la glace vivante » de l'installation de l'ONF, « on a voulu piquer leur curiosité, pour qu'ils tombent, comme nous, en amour avec l'arctique ».
Le dosage est adéquat, l'exposition proposant un habile compromis entre le contenu scientifique présenté de façon classique (vulnérabilité des 87 langues recensées, exploitation des ressources naturelles, mutations climatiques, historique des explorations, etc.), les artefacts spectaculaires (carte du cercle polaire en 3D, fragment de crâne de baleine, etc.) et les écrans vidéo et autres bébelles interactives tactiles destinées à accrocher et ralentir son jeune public.
Les vacances scolaires approchant, le musée propose une longue liste d'activités pédagogiques autour du thème. On peut la consulter sur le site nature.ca.