En ce mercredi 21 juin, Journée nationale des Autochtones, Me Michelle O'Bonsawin, 43 ans, sera assermentée juge à la Cour supérieure de justice de l'Ontario. Elle devient par le fait même la première femme autochtone à accéder à la magistrature à Ottawa. Et la première personne issue de la nation Abénakis à devenir juge.
« D'être nommée juge à Ottawa est spécial pour moi, dit-elle, parce que c'est une terre algonquine jamais cédée. Et que je sois assermentée lors de la Journée nationale des Autochtones est doublement important pour moi. C'est une drôle de coïncidence, et c'est spécial. Et que je sois la première femme autochtone nommée juge à Ottawa est pour moi une très grande fierté. J'espère que ça inspirera les gens qui, comme moi, viennent des petites communautés et des réserves. Si t'as un rêve, vas-y, poursuis-le. Il s'agit simplement de croire en son rêve, de croire en soi et d'avoir de la volonté. »
Michelle O'Bonsawin est originaire de Hanmer, un petit village francophone situé en banlieue de Sudbury, dans le nord de l'Ontario. Et dès son jeune âge, elle rêvait de devenir avocate.
« Ne me demandez pas pourquoi j'avais décidé ça, dit-elle en riant. Il n'y a pas d'avocat dans ma famille. Ma mère était enseignante et mon père était machiniste. Mais j'avais neuf ans quand j'ai dit à mes parents : «je vais être avocate un jour». Ils ont trouvé ça comique venant d'un enfant de neuf ans. Mais ils m'ont toujours dit : «sois travaillante, sois persévérante et sois toi-même, et tu finiras par y arriver». Leurs mots me sont toujours restés. Et si je suis ici aujourd'hui, c'est beaucoup grâce à eux.
«Mais j'ignore pourquoi j'avais choisi cette profession alors que j'étais si jeune, poursuit-elle. Donc je dis toujours que je n'ai pas choisi le droit, c'est le droit qui m'a choisie. Et quand j'étudiais en droit à l'Université d'Ottawa, un conférencier était venu nous parler du rôle d'un juge dans la société canadienne. Ça m'avait tellement inspirée que je suis sortie de là en me disant que mon prochain but était de devenir juge», ajoute-t-elle en souriant.
Avant sa nomination, Me Michelle O'Bonsawin était avocate générale au Groupe des services de santé Royal Ottawa où elle s'est spécialisée en droit de la santé mentale. Elle a également enseigné le cours de Droit des autochtones au programme de common law à l'Université d'Ottawa, et elle est régulièrement invitée comme conférencière sur des questions liées à la santé mentale, au droit du travail, à la psychiatrie légale et à la protection de la vie privée.
Ancienne membre du Bureau des gouverneurs de l'Université d'Ottawa, cette mère de famille a été sélectionnée par le magazine L'expert, en 2013, parmi les étoiles montantes des avocats moins de 40 ans au Canada.
Fière de ses racines autochtones, Michelle O'Bonsawin est également fière Franco-Ontarienne. «Quand je vais quelque part, je m'adresse d'abord en français, dit-elle. Et c'est la même chose pour mes enfants. Mon mari est Acadien du Nouveau-Brunswick, on parle français à la maison et nous sommes de fiers francophones. Et étant juge francophone et bilingue, je vais entendre beaucoup de dossiers en français. Et pour moi, l'accès au droit en français est essentiel. Il existe deux langues officielles et les francophones (de l'Ontario) ont droit à des services en français.»
Michelle O'Bonsawin travaillait au ministère des Affaires autochtones et du Nord lorsque la Journée nationale des Autochtones a été créée en 1996. Et elle se réjouit de voir que cette journée consacrée aux Premières Nations, aux Inuits et aux Métis est de plus en plus célébrée au pays.
«Cette journée est une célébration de la culture, explique-t-elle. Auparavant, avec les écoles résidentielles, la culture (autochtone) était cachée. Mais aujourd'hui, les Autochtones célèbrent leur culture en public et la partagent avec le public. Nous sommes un groupe ouvert et nous voulons partager nos connaissances et notre culture. Et plus les gens en sauront sur nous, plus ils comprendront et plus ils seront sensibilisés aux questions autochtones. Car comprendre la culture aide à comprendre la personne.»