D'aventure et d'enjeux

CRITIQUE / Deux romans destinés aux adolescents mélangent aventure et... matière à réflexion sur des enjeux auxquels ils sont confrontés, de l'intimidation à l'esprit d'équipe pour la contrer ; de la violence liée aux gangs à la traite humaine.


Ils sont quatre

L'auteure et journaliste Sonia Sarfati s'allie à nouveau à son fils Lou Victor Karnas pour signer ce qui pourrait bien être le premier tome d'une nouvelle série. 



Les Quatre du titre, ce sont Felix, Léonie, Zack et Miguel. Les «Loups», eux, sont une meute de voyous semant la terreur à Eastwood. En voulant sauver le parc d'attractions où ses parents se sont embrassés pour la première fois, Felix et ses comparses ne sait pas pas dans quel guêpier lui et ses comparses se mettent les pieds. Car derrière le Wolfpack, divers intérêts sont en cause - dont les ambitions politiques du beau-père de Léonie qui ne sont pas les moindres, devine-t-on rapidement. Or, sous la gouverne de Ma'Sherlie, les Quatre vont apprendre à quel point l'union peut vraiment faire la force.

Si Léonie manie le fouet aussi habilement que Wonder Woman, ce n'est pas innocent : Sonia Sarfati connaît bien l'univers Marvel et des superhéros (Chloé est un clin d'oeil à Lois Lane). L'auteure a aussi l'âge d'avoir connu les 4 As. Ainsi, ses Quatre qui, une fois costumés, se font justiciers ne sont pas sans évoquer lesdits 4 As, les quatre mousquetaires, les Avengers, les tortues Ninja et consorts. Felix, Léonie, Zack et Miguel possèdent tous un talent particulier (et non un super-pouvoir)... et des défauts, puisqu'ils sont heureusement tout sauf parfaits. Là encore, on sent que Sonia Sarfati - qui a déjà reproché à plus d'un scénariste de proposer des héros unidimensionnels - a tenu à étoffer, de manière cependant un peu prévisible parfois, les passés de chacun afin de cerner leurs intentions.

Lou Victor Karnas transpose en planches de BD des pans de l'histoire. Plutôt que de seulement illustrer l'action, ses planches (on sent des influences d'anime nippon et de l'univers des jeux vidéo dans les incarnations des héros, qui semblent évoluer dans une dimension plus onirique) s'intègrent pour faire évoluer la trame narrative.

Kidnappée au Mexique



Après 24 heures de liberté et Ski, Blanche et avalanche (Prix littéraire Le Droit - Jeunesse en 2016), Pierre-Luc Bélanger récidive avec un troisième roman plus axé sur le suspense.

Lors d'un voyage scolaire au Mexique, Valérie disparaît. Les autorités locales pensent à une fugue. Sa famille (incluant sa dynamique, voire délurée, grand-mère Ginette) est pour sa part convaincue qu'elle a été enlevée. Par qui et pourquoi ? Telle sont les questions - auxquelles on trouvera les réponses entre les lignes, rendant la fin du roman moins surprenante.

Si Pierre-Luc Bélanger alourdit parfois certaines scènes par trop de détails, il connaît néanmoins bien les lieux où il entraîne ses personnages, et la culture maya dans laquelle il les plonge. L'auteur franco-ontarien profite plutôt habilement de ce nouveau titre pour aborder des thèmes plus durs.

Ici, Valérie est entre autres confrontée à un amoureux un peu trop entreprenant, et n'hésite pas à se faire respecter. Là, elle prend pleinement conscience du trafic humain (et de femmes, principalement) qui existe au Mexique.

Certes, l'adolescente s'en sortira somme toute indemne, mais Pierre-Luc Bélanger ose malgré tout lever le voile sur une réalité qui est loin de se terminer aussi heureusement pour d'autres jeunes femmes. Et c'est tout à son honneur de transcender les frontières pour ainsi toucher à des enjeux aussi délicats et sensibiliser ses lecteurs à des situations qui peuvent se vivre ici aussi.

Quatre contre les loups ***



par Sonia Sarfati et Lou Victor Karnas,

aux Éditions de l'Homme,

272 pages

Disparue chez les Mayas ***

par Pierre-Luc Bélanger,

aux Éditions David,

260 pages