En collaboration avec le quotidien Toronto Star et munis de caméras cachées, des journalistes de l'émission Marketplace se sont rendus dans des maisons funéraires détenues par Arbor Memorial, la plus grande entreprise de ce domaine au pays. À plusieurs reprises, ils ont fait face à des conseillers en planification funéraire qui effectuaient de la vente sous pression au moment où leurs clients sont vulnérables, confrontés à la perte d'un être cher.
Administrateur de la Coopérative funéraire d'Ottawa, Marc Ryan est scandalisé par cette façon de faire, qu'il qualifie d'abominable et surtout, de malhonnête.
« Les conseillers sont formés un peu comme s'ils étaient des vendeurs d'automobiles ou de maisons. Ils reçoivent une commission en plus de leur salaire, alors celle-ci devient ni plus ni moins que le motif caché pour vendre plus. C'est un piège. Nous, si un client demande un service à 15 000 $ on va lui offrir, sauf que s'il demande le moins dispendieux, on va aussi lui offrir » s'indigne-t-il.
Par communiqué, la Fédération des coopératives funéraires du Québec (FCFQ) s'est dite peu surprise par ce reportage, soulignant connaître « depuis trop longtemps ces stratégies d'exploitation du chagrin que pratiquent bon nombre d'entreprises funéraires ».
La deuxième pratique à condamner est la modification de contrats de préarrangements funéraires, mentionne M. Ryan.
« Un contrat, c'est un contrat. Tant que tu ne le modifie pas, il doit être respecté de part et d'autre, même si le décès survient plusieurs années plus tard », dit-il, précisant qu'il ne veut pas pointer du doigt les petites entreprises familiales.
Marc Ryan affirme qu'au contraire des compagnies privées, les coopératives sont détenues par leurs membres et n'ont ainsi pas à subir des pressions d'actionnaires pour engranger des profits. La présence de coopératives provoquerait une régulation du marché, faisant chuter les prix dans les régions où elles sont implantées.
Selon des statistiques de 2010, les Canadiens déboursaient en moyenne 6900 $ pour des funérailles, alors qu'au Québec, la facture se chiffrait à 5700 $. À l'inverse, il en coûtait 3400 $ pour les utilisateurs des coopératives funéraires.
« Le meilleur conseil que je peux donner aux gens, c'est de visiter les maisons funéraires et de comparer les prix, comme pour tout autre achat. Et il faut être détaché émotivement, ne pas se présenter là-bas au lendemain d'un décès », a dit M. Ryan.
Si le facture est comparable autant à Gatineau qu'à Ottawa pour les coopératives funéraires, c'est loin d'être le cas pour les entreprises privées, ce qui fait dire à Marc Ryan que les stratégies de vente malhonnêtes constatées par CBC existent aussi dans la région.
« Le coût des funérailles est deux fois moins élevé en Outaouais que de l'autre côté de la rivière, alors tirez-en vos propres conclusions. Il y a une énorme différence » soutient-il.
Contacté par Le Droit afin de connaître les façons de faire qui prévalent dans son entreprise, le directeur général de la maison funéraire Jardins du Souvenir, Roger Gagnon, a lui aussi dénoncé de telles pratiques.
« Les conseillers ne reçoivent aucune commission. Nous, on laisse toujours le temps aux gens de réfléchir et de retourner à la maison avant de prendre une décision. On ne met aucune pression, le deuil est déjà assez difficile », explique-t-il.