Lundi matin, une douzaine d'heures après la tragédie ayant coûté la vie à six personnes à l'intérieur de la mosquée de Sainte-Foy, le président du conseil d'administration de la Mosquée d'Aylmer, Anas Tiane, n'arrivait pas à comprendre comment des individus peuvent en venir à commettre de tels gestes.
« Comme pour tous les attentats terroristes, c'est inexplicable, a-t-il réagi. Il n'y a pas de mots qui peuvent expliquer cette barbarie. »
Au Centre islamique de l'Outaouais (CIO), situé sur la rue Lois, dans le secteur Hull, « tout le monde est sous le choc », a raconté le président du conseil d'administration, Abder Rahman El Fatihi.
« Il y a beaucoup de questions de la part de la communauté, qui se demande quelle sera la suite des choses, pour comprendre jusqu'à quel point leur vie va être affectée par ce qui s'est passé à Québec », a-t-il ajouté.
Le constat était le même à la Mosquée d'Ottawa, où choc et tristesse s'entremêlaient lundi, a indiqué son porte-parole, Ahmed Ibrahim. « On n'a jamais imaginé que ça arriverait au Canada, a-t-il réagi. [...] C'est incroyable. »
Malgré la tragédie de Québec, les responsables de la mosquée de l'avenue Northwestern n'ont pas l'intention de changer les mesures de sécurité en place, de sorte que les portes y resteront déverrouillées en quasi permanence, a fait savoir M. Ibrahim. « La mosquée appartient à la communauté et est ouverte à tous », insiste-t-il. Une soirée portes ouvertes est d'ailleurs prévue mardi soir, de 19h à 22h, afin que tous ceux qui le désirent puissent montrer leur soutien envers la communauté musulmane de la capitale.
Dans le secteur Aylmer, Anas Tiane a fait savoir que les activités ont été annulées pour toute la semaine à la mosquée de la rue Park, le temps que le conseil d'administration se penche sur les mesures à prendre pour renforcer la sécurité des lieux.
« On a un système de caméras extérieures, et évidemment un système d'alarme, a indiqué M. Tiane. Nos portes sont verrouillées et les membres de la communauté connaissent le code d'accès, mais comme il se passe de bouche à oreille, nous avons désactivé le code [dimanche] soir. [...] Il y a définitivement quelque chose à réviser pour le système d'accès à la mosquée et pour renforcer la sécurité à l'intérieur. On voulait que la mosquée soit un lieu de recueil pour les gens, mais dans des circonstances pareilles, je trouverais ça difficile de ne pas avoir de caméras à l'intérieur. »
À la mosquée de la rue Lois, un système de surveillance est déjà en place, tant à l'extérieur qu'à l'intérieur. Les mesures d'accès à l'édifice risquent toutefois d'être revues, affirme Abder Rahman El Fatihi. À l'heure actuelle, un système de verrouillage automatique est en place et fonctionne selon un horaire prédéterminé.
Le Centre islamique de l'Outaouais a choisi de ne pas annuler ses activités cette semaine, mais prendra cependant « les mesures qui s'imposent, de concertation avec la police », a indiqué M. El Fatihi, lundi avant-midi, quelques minutes avant de rencontrer des responsables du Service de police de la Ville de Gatineau (SPVG).
L'agente Andrée East, porte-parole du SPVG, a fait savoir que les policiers continuent d'être « plus présents » près des mosquées depuis dimanche soir. « Il y a pas un véhicule attitré là en permanence, mais il y a des patrouilles régulières », a-t-elle précisé.
Le SPVG rappelle aussi aux citoyens qu'il importe de signaler aux autorités toute situation « louche, autour des mosquées ou ailleurs », et toute personne chez qui un changement d'attitude ou indice de radicalisation est observé.
Anas Tiane s'est montré rassuré par le renforcement de la présence policière, immédiatement après l'attentat de Québec. « Le maire nous a rapidement contactés en soirée aussi, nous avons son soutien », a-t-il mentionné.
Malgré le choc causé par le drame de Québec, M. Tiane estime qu'il faut éviter de tomber dans la peur. « Si on dit qu'on a peur, je pense qu'on donne raison aux gens qui font ces attentats-là, dit-il. C'est certain qu'il y a un peu d'angoisse, mais il ne faut pas montrer de peur, il faut montrer solidarité et force. »