Après 29 ans de service, il y est retourné une dernière fois comme agent, cette fois avec un coéquipier spécial. Son beau-fils Mathieu, qu'il considère comme son propre garçon, «a pris le flambeau» et s'est assis à côté du futur retraité dans la voiture de patrouille, l'instant d'une soirée.
Pierre Lanthier est l'un des visages les plus connus du Service de police de la Ville de Gatineau (SPVG). Il s'adresse aux médias lors d'événements majeurs. Il est l'un des deux policiers de Gatineau à narrer des drames humains devant les caméras et à répondre aux questions des journalistes.
La semaine prochaine sera sa dernière en tant que policier. À 51 ans, il remet son badge et prépare son mariage. Le «futur ex-agent» Lanthier épousera Lise, la mère de Mathieu Dault, une recrue du SPVG de 25 ans.
«C'est un moment spécial, dit l'agent Dault. Je n'ai pas ma permanence, mais c'est comme si Pierre me passait le flambeau.»
À ses côtés, Pierre Lanthier écoute avec émotion. «On va travailler ensemble, dit l'agent, l'oeil humide. On est fiers de nos trois garçons, Lise et moi.»
D'ailleurs, «sa» Lise devait aller voir ses deux hommes, quelque part au centre-ville, mercredi soir. «Et ma mère aussi y sera», complète l'agent-relationniste.
«Ce soir (mercredi), c'est un peu émotif de faire mon quart de travail avec Mathieu, dit l'agent Lanthier. Il ne faut pas que je me laisse aller par l'émotion. Il faut répondre aux appels...»
Les soirées du Vieux-Hull sont moins éprouvantes en 2016 que dans les années 1990. Pierre Lanthier se souvient particulièrement des soirées musclées sur la promenade du Portage. «La confrontation, les pertes de contrôle, 35 bars sur un demi-kilomètre, l'alcool, la violence extrême... Les gens payaient 10$ pour des "tout ce que vous pouvez boire". Ce n'est plus la même chose.»
Avant de partir, mercredi, Pierre Lanthier a fait rire ses collègues plus jeunes, lors du «fall in», la réunion d'équipe précédant le départ des patrouilleurs sur la route. «Tu vois que tu es le plus vieux quand il faut que tu mettes tes lunettes pour lire tes affaires!»
De son côté, Mathieu Dault dit pour l'instant «manger de la patrouille». Il ne prévoit pas aller vers les relations publiques. Dans quelques années, il aimerait bien intégrer le groupe d'intervention, la force de frappe de la police lors d'interventions corsées et musclées. «Mais j'ai encore le temps de changer d'idée et de penser à ce que je veux faire.»
Le jeune agent parle de son beau-père, qui a influencé en partie son choix de carrière. «En voyant Pierre, je pense au mot respect. Je vais essayer de faire la même chose.»