L'heure était à la fête, dimanche, dans un Centre communautaire portugais plein à craquer, à Gatineau. Dans le bar et la salle de projection, des centaines de personnes sirotaient une bière en regardant le match. Dans la cuisine, une douzaine de femmes s'affairaient sans répit à préparer des malasadas, des pâtisseries moelleuses de pâte frite recouverte de sucre, et des bifanas, des sandwichs traditionnels au porc, qui trouvaient preneur dans le temps de le dire.
Une vraie fête portugaise, célébrée bien sûr par des Portugais. Mais des Canadiens francophones, anglophones et allophones s'étaient aussi joints aux célébrations. Le centre a même accueilli un invité d'honneur : l'ambassadeur du Portugal au Canada, José Fernando Moreira da Cunha. « C'est lui qui s'est invité ! lance en riant le président du Centre communautaire portugais, Fernando Henriques. Il y a deux semaines, il est venu nous rencontrer. Il a dit que s'il y avait la finale ici, il viendrait la voir avec nous. Alors on l'a rappelé pour lui demander s'il se souvenait de ce qu'il avait dit. C'est pour ça qu'il est venu ! »
L'ambassadeur est donc arrivé dans une salle bondée au point où il n'y avait plus de chaise pour lui. Mais la mésaventure a basculé dans l'oubli vers la 110e minute du match. Les spectateurs ont bondi de leur chaise lorsque Éder a compté le premier et seul but du match. La danse, les coups de tambour, les cris et les accolades dans les pleurs et la sueur se sont prolongés une fois les dernières secondes de la partie égrenées et le Portugal déclaré victorieux pour la toute première fois. « C'est fantastique ! s'exclame Ruben Melo. Mes parents sont Portugais. Moi je suis né ici, mais mes parents sont arrivés ici à la fin des années 1960. Alors je prends pour le Portugal depuis toujours. C'est le fun, c'est malade, c'est... wow ! »
Les attentes n'étaient pas moins élevées du côté des supporters français. Des gens de l'Ambassade de France au Canada avaient invité leurs collègues à s'asseoir autour d'une table pour du pub-grill Real Sports, au centre-ville d'Ottawa, pour assister à la partie. Ce sont finalement une trentaine de membres de la diaspora qui ont occupé plusieurs tables pour visionner le tout sur le mur du bar dans une ambiance aussi électrique que celle chez les Portugais.
« On gagne l'Euro tous les 16 ans. On l'a gagné en 1984, puis la dernière victoire était en 2000. Là, on est en 2016. Ce serait logique qu'on gagne aussi » a lancé le conseiller Presse et Communication de l'ambassade, Stéphane Schorderet, au début du match.
Au final, les fans étaient certes déçus, mais pas amers de la défaite des Bleus. « Sans Ronaldo, les Portugais ont encore plus de mérite, lance Coraline Schorderet. Ils ont marqué et pas nous. Alors ils le méritaient. »