« Nous avons tellement de choses en commun »

L'ambassadeur de l'UE au Canada, Marie-Anne Coninsx, dans ses bureaux d'Ottawa.

Depuis maintenant 40 ans, l'Union européenne (UE) et le Canada tissent des relations diplomatiques privilégiées, basées sur des valeurs et des idées communes. Et la signature de l'Accord économique et commercial global (AECG) repoussera à un autre niveau cette relation unique entre les deux partenaires, estime l'ambassadeur de l'Union européenne au Canada, Marie-Anne Coninsx.


« Nous avons tellement de choses en commun. Au cours des dernières décennies, le Canada a été un partenaire avec lequel nous n'avons presque pas eu d'irritants et de difficultés. Sans doute parce que nous partageons la même communauté d'idées et de valeurs, notamment pour les droits de l'homme », a expliqué Mme Coninsx, lors d'une entrevue tenue dans ses bureaux de la rue Metcalfe à Ottawa. 

Quatre décennies plus tard 



Depuis 30 ans, cette avocate belge a été témoin de l'évolution des relations diplomatiques entre l'UE et le reste du monde. 

Après six mois de discussions, c'est en octobre 1976, alors que Pierre Elliott Trudeau était premier ministre canadien, que l'Union européenne ouvrait une délégation diplomatique au Canada, après l'avoir fait aux États-Unis et au Japon.

Or, exactement 40 ans plus tard, c'est en octobre prochain, après sept années de négociations, que Justin Trudeau, devrait signer cette entente historique, l'Accord économique et commercial global (AECG). L'accord contient 1600 pages et est traduit en 22 langues.

« Bien sûr, il y a du scepticisme quand on parle des avantages de la globalisation et de libre-échange. Mais il est important d'expliquer les choses. Cet accord prévoit les plus hautes garanties de protection et permettra des prix plus bas pour de nombreux biens et services, en plus de créer des milliers d'emplois supplémentaires » explique l'ambassadeur Coninsx.



« Décision courageuse »

Cette semaine, la commission de l'UE a décidé de soumettre l'entente au vote du Parlement européen et à celui des 28 pays membres. Environ 90 % des mesures de l'AECG pourraient toutefois être mises en place de façon provisoire, au début ou à la mi-2017 après un vote favorable au Parlement européen, sans attendre le vote des 28 États membres. L'ambassadeur Coninsx parle d'une décision « courageuse ».

« L'accord est légalement de compétence exclusive. Mais il a été proposé comme un accord de compétence 'mixte', ce qui permet aux États membres d'en discuter et de le ratifier. Si la commission n'avait pas fait cela, elle se serait lancée dans une grande bataille qui aurait mis à risque la signature de l'accord en octobre. » 

La question de la levée des visas imposés par le gouvernement canadien à la Roumanie et la Bulgarie fait partie des irritants que les deux partenaires pourraient résoudre prochainement. Ce dossier, avec ceux des sables bitumineux et de la fourrure de phoque, fait partie de la courte liste de « problèmes » qui ont marqué les relations entre l'UE et le Canada ces dernières années, estime Mme Coninsx. 

L'arrivée du gouvernement libéral de Justin Trudeau devrait maintenant accentuer les échanges entre les deux entités territoriales, notamment dans le domaine des énergies renouvelables et des changements climatiques, des dossiers prioritaires pour tant pour l'Union européenne que pour le Canada.

Plus de possibilités de travailler ensemble



En raison des relations déjà «excellentes» entre l'Union européenne (UE) et le Canada, l'ambassadeur Marie-Anne Coninsx voit dans ce nouvel accord de libre-échange une occasion «de multiplier les possibilités de coopération multilatérale» dans l'avenir.

En levant ainsi les barrières de ce marché de l'UE comptant 500 millions de personnes, les entreprises canadiennes devraient avoir des occasions d'affaires intéressantes. 

En contrepartie, le Canada devra aussi accepter d'ouvrir ses marchés, comme celui du fromage où les quotas sont un enjeu important. Le gouvernement canadien a indiqué mercredi que des discussions doivent débuter au Canada à ce sujet dans les prochaines semaines.

«Dans ce marché de 34 millions de personnes, il sera intéressant d'avoir accès à des produits laitiers européens à prix intéressants. De notre côté, il y a un marché intéressant à développer pour les fromages canadiens de production artisanale», explique l'ambassadeur de l'UE. Les producteurs de boeuf seraient avantagés par les exportations.

L'accord doit aussi permettre de réduire la paperasserie avec un nouveau système de reconnaissance des normes de certification pour de nombreux produits. 

«Une fois la certification obtenue dans un pays, il ne sera plus nécessaire de refaire le processus dans les autres pays où le produit sera exporté, ce qui réduira les coûts pour plusieurs entreprises» note l'ambassadeur Coninsx.

Par ailleurs, l'accord doit permettre d'améliorer la reconnaissance des compétences professionnelles, un élément qui pourrait même inspirer les provinces canadiennes qui se heurtent déjà elles-mêmes à des embûches interprovinciales pour plusieurs catégories d'emploi.