Le fleurdelisé maltraité

Des ministères du gouvernement québécois, des tribunaux de compétence provinciale, de même que les établissements d'enseignement et de santé sont des établissements qui sont tenus d'afficher un fleurdelisé.

Des fleurdelisés se retrouvent en lambeaux ou sont carrément absents de certains établissements publics où une loi impose pourtant leur présence et leur entretien.


Un résident de la Petite-Nation, Jean Déry, a contacté LeDroit après s'être aperçu que l'entretien de bien des drapeaux du Québec laissait à désirer dans l'Outaouais. «Ce n'est pas une question d'allégeance politique, précise ce citoyen. Je trouve juste ça bien triste, ce n'est pas beau des drapeaux déchirés ou des mâts vacants.»

Le Règlement sur le drapeau du Québec prévoit pourtant qu'«à titre d'emblème national, le drapeau du Québec doit être déployé de façon officielle par une institution publique ou un établissement relevant de l'Administration gouvernementale». «Il doit aussi être exempt de déchirure ou de lacération», précise le règlement.

Dans le cas où un organisme visé par le règlement n'occupe qu'une partie d'un édifice, le drapeau «peut être arboré dans l'entrée publique intérieure».

Les édifices devant afficher un fleurdelisé sont entre autres ceux abritant des ministères du gouvernement québécois, des tribunaux de compétence provinciale, de même que les établissements d'enseignement et de santé.

Les municipalités sont également concernées, puisque les immeubles où siègent les conseils municipaux et les sociétés de transport en commun doivent aussi déployer un drapeau du Québec. Le règlement s'applique aussi aux bibliothèques municipales, «et en tout lieu où une municipalité déploie sa bannière».

<p>Secteur Gatineau, les drapeaux affichés devant les deux immeubles composant l'école des Trois-Saisons sont endommagés.</p>

Secteur Gatineau, les drapeaux affichés devant les deux immeubles composant l'école des Trois-Saisons sont endommagés.

(Patrick Woodbury, LeDroit/Patrick Woodbury, LeDroit)

<p>À l'école La Source, l'extrémité du drapeau flottant au vent est effilochée.</p>

À l'école La Source, l'extrémité du drapeau flottant au vent est effilochée.

(Patrick Woodbury, LeDroit/Patrick Woodbury, LeDroit)

À divers endroits dans la région, LeDroit a pu constater que des fleurdelisés ont eu la vie dure sous les intempéries et le souffle du vent. Devant l'école des Deux-Ruisseaux, dans le secteur Hull, la fleur de lys du coin supérieur droit est carrément scindée en deux par une déchirure. Secteur Gatineau, les drapeaux affichés devant les deux immeubles composant l'école des Trois-Saisons sont endommagés. Même constat devant l'école La Source, où l'extrémité du drapeau flottant au vent est effilochée.

À d'autres endroits, le drapeau est carrément absent. C'est notamment le cas de la succursale Lucien-Lalonde de la bibliothèque municipale de Gatineau, sur la rue Berri, dans le secteur Hull, où aucun fleurdelisé n'a été aperçu ni devant ni sur l'édifice.

Jean Déry déplore aussi que divers établissements de santé du territoire de Papineau n'affichent aucun drapeau du Québec. «Ce serait peut-être une bonne idée qu'on soit un peu plus fier de notre drapeau, lance M. Déry. [...] Moi, je voyage un peu, et on dirait que les gens sont tous fiers de leur drapeau.»

Pas de sanction

La Loi sur le drapeau et les emblèmes du Québec stipule que c'est la ministre de la Justice - en l'occurrence la ministre responsable de l'Outaouais, Stéphanie Vallée - qui est chargée de son application. Au ministère de la Justice, la porte-parole, Sylvie Leclerc, souligne qu'«il n'y a pas d'inspection des édifices provinciaux ou municipaux pour s'assurer que le drapeau est déployé» et qu'une approche de collaboration est plutôt privilégiée.

Les interventions se font donc lorsque le ministère reçoit une plainte d'un citoyen. Une demande est alors faite auprès de l'organisme concerné pour qu'il se conforme à la loi, mais «aucune sanction» n'est imposée par le ministère, précise Mme Leclerc. «Il y a quand même un certain nombre de citoyens qui téléphonent pour signaler des drapeaux déchirés ou endommagés», affirme la porte-parole du ministère.

«Je suis certain qu'il y a plein d'endroits où la loi n'est pas respectée, lance pour sa part Jean Déry. Je sais que ça ne change rien à la politique et que l'économie n'ira pas mieux, mais il me semble qu'au moins, ça donnerait un peu de fierté.»

Le drapeau de Gatineau est aussi écorché

<p>Il n'y a pas que les drapeaux du Québec qui subissent les affres de dame Nature, les drapeaux arborant le logo de Gatineau aussi.</p>

Il n'y a pas que les drapeaux du Québec qui subissent les affres de dame Nature, les drapeaux arborant le logo de Gatineau aussi.

(Patrick Woodbury, LeDroit/Patrick Woodbury, LeDroit)

Il n'y a pas que les drapeaux du Québec qui subissent les affres de dame Nature. Un drapeau arborant le logo de la Ville de Gatineau installé sur un mat trônant au centre d'un carrefour giratoire du secteur Hull a notamment été durement écorché par le vent et les intempéries.

Le drapeau en question, qui surplombe l'aménagement paysager au centre du carrefour giratoire à la jonction du boulevard du Plateau et de la rue du Prado, est littéralement en lambeaux, laissant les nombreuses franges ainsi créées se ballotter dans tous les sens sous le souffle d'Éole.