Traduction automatique: un débat «animé» à l'Ud'O

Dre Lyne Bowker, professeure  de l'École de  traduction et d'interprétation (ETI) de l'Université d'Ottawa, Dr Michel Simard, agent de recherche au CNRC, Dr Charles Le Blanc,  professeur de l'ETI, et Donald Berubé de l'Association de l'industrie de la langue ont participé à la table ronde.

Pendant plus de deux heures, des universitaires et des experts ont échangé sur les mérites et limites de la traduction automatique, lundi, dans le cadre d'une table ronde organisée par l'École de traduction et d'interprétation de l'Université d'Ottawa.


D'entrée de jeu, l'animateur et professeur Jean Quirion a expliqué que plusieurs invités avaient décliné l'invitation pour diverses raisons, dont le Bureau de la traduction et celui du commissaire aux langues officielles. 

«En cinq secondes, Google Translate fait la traduction d'autant de mots que le Bureau de la traduction en une année», a mentionné Donald Barabé, président du Centre de recherche en technologies langagières. Instigateur de l'outil Portage du temps où il était un des dirigeants au Bureau de la traduction, il a rappelé que son utilisation devait respecter quatre conditions, notamment qu'il serve pour de l'«information personnelle» seulement. 



«Le véritable problème pour moi, c'est le déséquilibre du flux de traduction au Canada qui se fait à 91,8% de l'anglais vers le français, a souligné le professeur Charles Le Blanc. C'est sans doute utopique, mais il faudrait qu'il y ait plus de textes écrits en français d'abord. 

Être francophone au Canada, a-t-il poursuivi, c'est grandir chaque matin avec l'idée que notre langue est moins concise, moins expressive, moins propre que l'anglais à exprimer avec esprit et humour le monde et ce qu'il contient. Le côté givré est sans contredit toujours en anglais».

Il aurait été utile, selon le professeur Le Blanc, de préparer un «Guide du bon usage» pour mieux expliquer les intentions derrière l'outil Portage, qui sera étendu à la fonction publique. Il a insisté sur les dangers que les fonctionnaires s'improvisent alors «comme des traducteurs».

La professeure Lynne Bowker, de l'École de traduction et d'interprétation, ne voit pas de problème avec l'outil de traduction automatique pour des courriels entre fonctionnaires, comme doit le permettre Portage. «Après tout, nous ne sommes pas en train de traduire de la poésie, simplement des courriels», a-t-elle souligné. 

La chute des prix de la traduction, aussi bas que 12 cents le mot pour des traductions juridiques, ou même à 2,5 cents le mot pour de la postédition, rend la vie des traducteurs professionnels de plus en plus difficile, au point où certains décident d'abandonner la profession, a-t-on raconté lors des échanges.